Derrière la dénomination de « Zazou » se cache un mouvement mené par une certaine jeunesse française des années 1940 adepte de musique jazz. Ils doivent l’origine de leur nom à Cab Calloway (le célèbre chef d’orchestre américain à la mèche rebelle) qui, en 1934, chanta le premier les onomatopées « zah zuh zaz » reprises en 1939 par Johnny Hess dans sa chanson « Je suis swing » que tout le monde connaît (enfin au moins le refrain !). Mais au-delà de l’anecdote sur cette dénomination, c’est un vrai mouvement de jeunesse que nous évoquons ici. À titre d’information, je vous mets ci-dessous le début des paroles de la chanson « Je suis swing » de l’époque.
La musique nègre et le jazz hot
Sont déjà de vieilles machines.
Maintenant pour être dans la note
Il faut du swing.
Le swing n’est pas une mélodie
Le swing n’est pas une maladie
Mais aussitôt qu’il vous a plu
Il vous prend et n’vous lâche plus.
Je suis swing, je suis swing
Da dou da dou da dou da dou dé yeah
Je suis swing, oh je suis swing.
C’est fou, c’est fou c’que ça peut griser.
Quand je chante un chant d’amour
J’le pimente d’un tas de petits trucs autour
Je suis swing, je suis swing
Za zou za zou, c’est gentil comme tout.
Johnny Hess
Et un petit clip pour écouter…
Les Zazous, aussi appelés « Petits Swings », se reconnaissaient par une tenue vestimentaire spéciale : chemise au grand col, cravate relâchée, veston trop long et pantalon trop court pour les garçons et chandail à col roulé détendu, robe plissée courte et bas noirs tombant vers des sandales de curé pour les filles. Leurs cheveux longs et frisés achevaient le tableau et leur donnaient un air rebelle.
L’ambiance des soirées Zazou tournait autour du swing et des vedettes française de l’époque : Johnny Hess, Charles Trénet, Irène de Trébert, Alix Combelle mais aussi Yves Montand et Charles Aznavour. Malgré les restrictions dues à la guerre et l’après-guerre et les erzatz remplaçant la bière ou de café, rien ne pouvait les empêcher de s’amuser en se retrouvant pour danser sur du swing. Tout cela se passait entre 1939 et 1950.
Pour aller plus loin sur le sujet, je vous conseille le coffret BD+CD de chez Nocturne Les Zazous qui m’a inspiré pour ce billet. Faisant partie d’une collection mêlant BD et CD audio, ce coffret est très instructif sur la période méconnue des Zazous (1938-1952). C’est l’époque où la musique swing rencontre la danse be-bop en France et où les Zazous se retrouvaient dans des caves pour danser. La BD explique tout cela d’une manière concise et agréable alors que les 48 morceaux de swing regroupés sur les 2 CD nous replongent dans l’ambiance musicale de l’époque. On y trouve les artistes clés dont Johnny Hess « Je suis swing », Irène Trébert « Mademoiselle swing » ou encore Charles Trénet « La poule zazou ». Des morceaux au son d’origine qui donnent envie de danser !
Vous pouvez aussi vous procurer le livre Les Zazous de J.-C. Loiseau, un peu plus ancien mais aussi très informatif ou encore le très récent L’histoire des zazous: Paris – Bruxelles – Prague – Berlin de Gérard Régnier. Côté musique les compilations regroupant des morceaux de jazz produits sous l’occupation sauront probablement vous mettre dans l’ambiance si les titres du coffret BD+CD cité plus haut ne vous suffit pas.