Archives de catégorie : Articles

Articles principalement au format texte avec quelques images et éventuellement l’inclusion de vidéos

Le Savoy Ballroom

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Il n’est pas fréquent que l’on puisse précisément identifier un lieu précis comme l’origine d’une danse en particulier. Qui peut dire où la java s’est développée ? Il y a cependant des exceptions. On peut, par exemple, remonter au Palladium pour le style de salsa portoricaine du même nom. Il s’agit d’une salle de bal à deux étages ouverte à New York en 1946 où de nombreux orchestres de musique latine se sont produits, favorisant ainsi le développement du style de mambo/salsa dit « Palladium » (on 2). Alors que je viens de finir la traduction de l’autobiographie de Frankie Manning, j’ai pensé vous parler d’un autre lieu, le lieu fétiche de Frankie : le Savoy Ballroom.

Le Savoy Ballroom est une salle de danse ouverte de 1926 à 1958 située dans le quartier de Harlem à New York. Le Savoy était tout en longueur : il s’étendait sur un pâté d’immeubles tout entier, de 140th Street à 141st Street sur Lenox Avenue. Il était large d’environ 23 mètres : 1122 mètres carrés au total ! Le Savoy avait deux estrades d’orchestre côte à côte, ce qui permettait l’organisation de batailles d’orchestres mémorables entre des big bands de renom (Chick Webb, Benny Goodman, Count Basie, etc.). La piste de danse en bois d’érable occupait la moitié de l’espace. Il y avait une balustrade le long du bord. Des tables et des chaises confortables séparées par des cloisons amovibles en bois se trouvaient derrière la rambarde. L’autre moitié de la pièce était constituée d’un espace-bar décoré d’or et de bleu. J’espère obtenir les droits de reproduction d’une photo de l’intérieur, vide, du Savoy pour illustrer l’édition française de l’autobiographie de Frankie Manning (parmi une trentaine d’autres photos rares).

C’est dans cet environnement motivant que s’est développé le lindy hop en évoluant selon les personnalités des danseurs fréquentant le Savoy à partir du breakaway, du charleston et des autres danses pratiquées dans les années 1930. Les danseurs du Savoy se firent remarquer à l’extérieur de la salle lors de compétitions organisées régulièrement comme le Harvest Moon Ball. Se structurant petit à petit sous l’égide d’Herbert « Whitey » White, les Savoy Dancers devinrent les fameux Whitey’s Lindy Hoppers que l’on rencontra dans des spectacles ou des films comme « Hellzapoppin' » en 1941. Ce groupe de danseurs est à l’origine du lindy hop (que l’on qualifie parfois de « Savoy style ») et de nombreuses innovations ont été faites par eux dans ce domaine (acrobaties, danse en formation, position vers l’avant et dans le sol, twist de la danseuse, etc.). Cette ambiance propice à l’inventivité et l’expression qu’apporta le Savoy fut pour une bonne partie derrière tout cela.

Il faut bien avouer que, de nos jours, des lieux comme cela n’existent plus. Ils ont été en partie remplacés par les écoles de danse, pour une autre partie par les soirées dansantes organisées ça et là (y compris dans des dancings) et pour une autre partie par les festivals, stages ponctuels ou compétitions. Mais je ne suis pas sûr qu’il y ait un lieu en particulier qui puisse prétendre rivaliser avec ce type d’établissement proposant à la fois un espace, de la musique live et une ambiance provoquant une réelle émulation. Mais les temps changent. À l’époque du Savoy, l’essentiel des distractions après une bonne journée de travail était centré autour des salles de danse et des salles de spectacle. Aujourd’hui, il y a la télé avec ses innombrables chaînes, la Wii avec sa manette à tout faire et l’ordinateur avec ses sites Internet de tout acabit (dont ce merveilleux blog ). À chacun de choisir… Pour en savoir plus sur le Savoy, ne manquez pas la sortie de l’édition française de l’autobiographie de Frankie Manning chez Ch. Rolland Éditions à la fin du mois d’avril 2009 !

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Le jumpstyle

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Il est vrai que j’essaye de concentrer les articles de ce blog vers les danses en couple ou des thèmes qui en sont très proches. Mais j’aime bien aussi m’intéresser à ce qui se passe ailleurs. J’ai déjà eu l’occasion de citer la tektonik (ou electro-dance), une danse phénomène apprécié chez les ados depuis quelques mois, mais dont on ne sait pas si la mode durera encore longtemps. En réalité, on n’en entend déjà plus beaucoup parler dans les médias… Cette fois, je vais juste vous dire deux mots d’un autre phénomène (un peu) dans le même genre : le jump style. Pour tous les parents qui voient leurs ados sauter sur place en permanence ou les jeunes amateurs de danse en couple qui ont du mal à comprendre ce que font leurs amis du même âge, lisez donc ce qui suit…

Là où la tektonik/electro-dance comporte essentiellement des mouvements de bras et de rares jeux de jambes, le jump style est tout à l’opposé : on n’y bouge que les pieds. Cette mode a commencé de se diffuser un peu comme la tektonik, via des vidéos Internet. Un jumper (ce serait un certain Patrick Jumpen…) s’est filmé devant son garage à bondir dans tous les sens (le gars de la tektonik s’était filmé dans son garage…) et la vidéo a été vue et les mouvements copiés. On constate que la musique utilisée est plus « dure », plus « techno » que celle de la tektonik (plus « dance music »). On pratique beaucoup le jump style dans le Nord de la France (et de l’Europe) dans des boîtes de nuit sur une techno qui pilonne : chaque temps est bien marqué par des basses énergiques (et on n’entend presque que cela à mon goût). Les soirées jump peuvent rassembler jusqu’à 25000 personnes qui sautent comme des kangourous à qui mieux mieux. D’ailleurs, le nom vient de l’anglais « jump » (sauter) et « style » (euh… style !). Je mets ci-dessous une vidéo issue de Youtube où l’on voit le (fameux ?) Patrick Jumpen danser sur une musique qui n’est encore pas trop violente par rapport à ce qu’on entend dans certaines raves (où l’on danse aussi le jump style).

Comme la musique, l’allure de la danse est moins bon enfant que la tektonik. L’idée est de sauter en rythme sur les basses. Mais la difficulté arrive quand le danseur commence à tourner sur lui-même. Il faut de l’endurance : après quelques minutes le danseur est déjà bien essoufflé… On y fait des kicks sur place et on y retrouve parfois quelques similitudes avec les claquettes (quelques « figures » en portent le nom). Quand les amateurs de jump style se mettent à danser sur un même enchaînement sur une même rangée, cela fait un peu penser aux claquettes irlandaises. À part ces petits aspects un peu techniques, on danse toujours en solo…

Malheureusement, le jump style est aussi pratiqué par des groupes de jeunes extrémistes, attirés par un aspect défouloir violent. Cela ne signifie pas que tous les danseurs de jump style aient cette manière de voir les choses, mais il faut quand même le savoir. Ceux qui ont vu les saisons passées de l’émission So You Think You Can Dance ont pu voir un hurluberlu cagoulé se présenter aux castings initiaux et danser le jump style : il a été rapidement recalé… Pour conclure, je dirais juste que, personnellement, je trouve que les qualités esthétiques cette danse qui fait un peu penser au pogo des punks (mais sans la bousculade) ne se voient que lorsque c’est bien fait (comme pour la tektonik). En tout état de cause, je ne suis pas sûr de tous ces danseurs (principalement des garçons) soient de jolis jumpers (je vous laisse méditer là-dessus en regardant l’image ci-contre).

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La danse à deux à l’école

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Cette semaine de nombreux établissements scolaires se sont retrouvés dépourvus d’enseignants du fait d’une grève nationale interprofessionnelle. La loi impose un service minimum assuré par les municipalités afin de permettre l’accueil des enfants (ou adolescents) malgré l’absence de leurs professeurs. On le sait cela ne s’est pas fait sans heurts et certains élèves ont du rester chez eux quand cela était possible. Les autres se sont éventuellement retrouvés dans leur établissement scolaire (école, collège ou lycée) à s’occuper car pas possible d’assurer des cours normaux dans ces conditions. Certains ont fait du dessin, d’autres des activités sportives, d’autres ont pu prendre de l’avance dans leurs devoirs de maison, etc. Il fallait bien les occuper ces pauvres chérubins. Et si c’était l’occasion de les initier à la danse à deux ?

Contrairement à ce qui se passe dans certains pays (dont l’Italie ou certains états des USA), en France, les activités scolaires ne prévoient pas d’une manière standard l’apprentissage de la danse en couple. En maternelle ou en primaire, il y a des dispositions pour des activités corporelles où l’on peut inclure la danse en solo (beaucoup d’entre nous se souviennent avoir un jour fait une chorégraphie collective pour la kermesse de fin d’année de l’école…). Cela développe les capacités psychomotrices des enfants. C’est très bien, mais la danse en couple apporte aussi un aspect relationnel intéressant pour leur développement. Cet aspect se situe au niveau des enfants entre eux (rapports garçon-fille et éventuellement entre plusieurs classes), mais aussi au niveau des relations entre les élèves et les adultes.

Je me souviens qu’à une époque j’enseignais le rock dans le contexte d’un collège. Ce n’est pas l’établissement qui m’avait engagé (la danse en couple n’était évidemment pas au programme…), mais c’était le foyer qui avait fait appel à mes services. Le cours se déroulait dans la salle polyvalente du collège et c’est là que se regroupaient les élèves de 4e ou 3e volontaires à l’heure de midi. Quelques profs s’étaient aussi joints à nous. La manière d’enseigner à des ados de cet âge est différente par rapport aux adultes ou aux enfants. Tous d’abord, les relations entre les garçons et les filles se rapprochent de celles des adultes, mais pas tout à fait (ils ont encore du mal à gérer leurs émotions) et en plus ils sont tellement pleins d’énergie et rodés à la mémorisation qu’ils apprennent très vite. Il faut donc s’assurer que les élèves comprennent bien que ce n’est que de la danse et qu’ils peuvent se toucher sans rougir, qu’ils ne s’ennuient pas durant le cours, qu’ils soient bien encadrés dans leur progression (peu d’improvisation pour eux pour démarrer) et qu’ils aient un objectif en vue (un petit spectacle ou une fête par exemple). Je me rappelle que le premier cours a été l’occasion d’une certaine gêne de la part des élèves quand arrivait leur tour de danser avec l’un de leur professeur. En effet, la situation était inhabituelle car faire ami ami avec un enseignant n’est pas forcément courant. Surtout quand il vient de lui mettre un 3/20 en mathématiques… Cela dit, au bout de quelques semaines, en arrivant pour donner le cours, je voyais avec plaisir certains qui répétaient leur enchaînement chorégraphique dans la cour et de grandes discussions se lancer entre les élèves et leurs professeurs sur la technique de danse et les profs n’avaient pas toujours raison cette fois. Devant la danse, tout le monde était sur le même pied (si je puis dire…). Ce cours de danse n’était pas resté dans une bulle hors du temps et de l’espace, il débordait vers le reste du collège.

Le récit de cette expérience aura, je l’espère, donné des idées à certains responsables d’établissement. Ce n’est pas une solution aux jours de grève (car il faut quand même quelqu’un pour montrer les pas de la danse) mais c’est une bonne idée à étudier. Je ne peux m’empêcher de penser que si j’avais commencé la danse en couple à l’école j’aurais eu moins de travail et de peine pour atteindre mon niveau actuel. Et je sais ne pas être le seul dans ce cas.

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Flashmob : tout le monde danse !

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Imaginez que vous vous soyez trouvé le 15 janvier 2009 à 11 heures du matin à attendre votre train dans la gare de Liverpool Street à Londres. Tout à coup, après une annonce tout à fait banale, voici qu’une musique entraînante sort des haut-parleurs de la gare. À côté de vous, deux personnes se mettent à danser à droite, puis trois à gauche, puis cinq derrière vous, puis… presque toute la gare se met à faire les mêmes mouvements de danse ! Hip-hop, twist, jerk, valse, tout y passe ! Vous n’en croyez pas vos yeux. La musique s’arrête et toute la foule des danseurs se disperse. Une hallucination créée par votre passion de la danse ? Non, pas du tout, cela s’est bel et bien passé. Regardez donc ce que cela donne…

Vous l’avez deviné aux dernières secondes, cette vidéo est un spot pour l’opérateur de téléphonie T-Mobile. Mais il n’en est pas moins vrai que les usagers de la gare qui n’étaient pas dans le coup ont été bien surpris puisque le tournage a réellement été fait dans la gare en question en matinée. Pour la petite histoire, ce spot a nécessité 8 mois de travail et l’implication de 350 danseurs. Les danseurs (les 350 et, on le voit, les quelques amateurs qui s’y sont joints tant bien que mal) ont ainsi dansé en pleine gare pendant plus de deux minutes, face à des vrais voyageurs à la fois surpris et enchantés. Des caméras cachées dans la gare filmaient les réactions des usagers. Cette pub vient s’inscrire dans la nouvelle campagne « Life’s for sharing » (la vie est faite pour partager) de T-Mobile. Elle a été diffusée pour la première fois lors du Celebrity Big Brother sur Channel 4 le samedi soir suivant, moins de 48 heures après le tournage.

Personnellement, j’adorerais qu’un événement dansé dans ce genre arrive en vrai et pas que pour les besoins d’une publicité. De nos jours, on appelle cela un « happening » (terme à l’origine utilisé seulement par des artistes pour prendre une photo unique par exemple). Des organisations comme Improv’ Everywhere s’en sont fait une spécialité. Ils organisent des happenings un peu dans le même genre (ils doivent être la source de l’idée de la pub de T-Mobile) comme des immobilisations collectives (plus faciles à faire) ou le fait que tout le monde ouvre son parapluie simultanément. Certaines organisations regroupent leurs participants par des SMS (on appelle cela des « Flash Mobs »). Admettez que si des événements de danse collective similaires arrivaient un peu partout de temps en temps, la danse illuminerait sûrement les jours de tout un tas de personnes qui n’en voient jamais.

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Fats Waller et Honeysuckle Rose

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Lorsqu’on danse librement en soirée, il s’établit un contact naturel entre les danseurs et la musique qui passe dans les haut-parleurs. Pour le danseur (et la danseuse évidemment), tout est bon pour trouver l’inspiration à l’improvisation de ses mouvements. Dans ce qu’il entend, il peut s’inspirer d’un instrument, d’un rythme ou d’une parole. Pour bien danser en soirée, on doit être en communion avec son environnement. C’est pour cela qu’une certaine sensibilité se développe par rapport aux mélodies ou aux paroles des chansons qu’on entend. Comme dans le moment je suis dans un état d’esprit très swing (je vous en ai parlé il y a peu de temps), je vais vous parler d’une certaine chanson, sur laquelle on peut danser préférablement le lindy hop, le shag ou le balboa, ainsi de ce qui l’entoure.

Cette chanson se nomme « Honeysuckle Rose ». Elle a été composée en 1929 par Thomas « Fats » Waller avec des paroles d’Andy Razaf. Elle a été reprise par pas moins d’une soixantaine de chanteurs et orchestres parmi les plus célèbres, dont Louis Armstrong, Count Basie, Nat King Cole, Ella Fitzgerald, Glenn Miller, Djamgo Reinhardt ou Dinah Washington. Je vous propose d’en écouter la version originale, chantée en personne par Fats Waller, le roi du piano stride.

Au-delà du plaisir d’écouter Fats Waller la chanter, essayons-donc de comprendre ce qu’il raconte. Je vous transcris les paroles ci-dessous et je vous mets ma traduction en face de chaque ligne.

Honeysuckle Rose Every honey bee fills with jealousy When they see you out with me I don’t blame them Goodness knows Honeysuckle rose When you’re passin’ by, Flowers droop and sigh I know the reason why You’re much sweeter Goodness knows Honeysuckle rose Well, don’t buy sugar You just have to touch my cup You’re my sugar And it’s oh so sweet When you stir it up When I’m takin’ sips From your tasty lips Seems the honey fairly drips You’re confection Goodness knows Honeysuckle rose Well, don’t buy sugar You just have to touch my cup You’re my sugar And it’s oh so sweet When you stir it up When I’m takin’ sips From your tasty lips Seems the honey fairly drips You’re confection Goodness knows Honeysuckle roseFleur de chèvrefeuille Chaque abeille se gonfle de jalousie Quand elle te voit sortir avec moi Je ne les blâme pas Dieu en est témoin Fleur de chèvrefeuille Quand tu passes, Les fleurs s’abaissent et soupirent Je connais la raison pour laquelle Tu es beaucoup plus sucrée Dieu en est témoin Fleur de chèvrefeuille Eh bien, n’achète pas de sucre Il te suffit de toucher ma tasse Tu es mon sucre Et c’est oh si suave Quand tu l’attises Quand je bois à petites gorgées À tes lèvres délicieuses C’est comme si le miel perlait bien Tu es une friandise Dieu en est témoin Fleur de chèvrefeuille Eh bien, n’achète pas de sucre Il te suffit de toucher ma tasse Tu es mon sucre Et c’est oh si suave Quand tu l’attises Quand je bois à petites gorgées À tes lèvres délicieuses C’est comme si le miel perlait bien Tu es une friandise Dieu en est témoin Fleur de chèvrefeuille

Je l’admets, une traduction unique comme celle que je vous ai faite rend difficilement le sens du texte… d’autant plus qu’il y a beaucoup de sous-entendus basés sur des jeux de mots. Si, effectivement, le sens premier fait référence à un jeune homme qui flatte une demoiselle (c’est elle la fleur de chèvrefeuille) et qu’il lui dit qu’elle n’a qu’à lui demander (« touche ma tasse [de sucre] ») pour avoir tout ce qu’elle souhaite dans la vie, il y a beaucoup de sous-entendus. Des allusions osées sont manifestement faites dans cette chanson… La « tasse » du garçon peut être autre chose, le miel qui coule peut aussi prêter à interprétation. Et encore, je vous passe les subtilités de vocabulaire utilisées dans cette chanson. D’ailleurs, si vous en avez l’occasion, je vous conseille de chercher les multiples significations des mots utilisés dans un dictionnaire Anglais-Français. De plus, si vous recherchez « honeysuckle », vous trouverez que ce mot est une altération de honisouke, du viel Anglais hunisuce (qui a donné honey, « miel ») et sucan (qui a donné to suck, « sucer »). Là aussi, la traduction française « chèvrefeuille » ne rend pas toute la subtilité du double sens…

Cette chanson fait partie des nombreuses oeuvres de swing dans lesquelles les jazzmen ont clairement introduit des allusions sexuelles entre les lignes… Ils n’étaient pas forcément obsédés, mais ils avaient sûrement un esprit facécieux. Regardez donc dans la vidéo de Fats Waller présenté plus haut ses petites mimiques lorsqu’il dit : « You just have to touch my cup » et vous en aurez la confirmation. D’ailleurs, le mot « jazz » ne vient-il pas étymologiquement du mot jass qui faisait référence à la fois l’acte sexuel et à l’énergie que l’on donne dans l’exécution d’une action (la musique en l’occurrence) ?

Pour en revenir à la danse (c’est quand même le point de départ…), le danseur peut interpréter les paroles de la chanson dans sa danse tout comme Fats Waller les interprète par des mimiques amusantes devant la chaste jeune fille qui l’écoute. Je ne dis pas qu’il faut danser explicite, comme dans la chanson, tout doit être dans la retenue et en tout bien tout honneur : des petits regards, de rapprochements de partenaires au bon moment de la chanson, etc. Bref, mon message du jour est : « Écoutez les paroles des chansons sur lesquelles vous dansez, vous pourrez ainsi trouver encore plus de manières de vous exprimer en dansant et de vous amuser avec votre partenaire. »

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Positions de mains diverses

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En regardant quelques extraits de la vidéothèque consacrée à la danse que j’ai constituée année après année, l’idée m’est venue de vous parler un peu des positions de mains. Peut-être certains d’entre vous utilisent toujours la même position de mains avec votre partenaire pour toutes les danses. D’autres choisissent les positions selon la danse, ce qui se comprend dans la mesure où les techniques varient d’une danse à l’autre. Aujourd’hui, je vais vous parler de la main gauche du danseur quand il est en position fermée (rapprochée) avec sa danseuse. C’est cette position que je vous représente ci-contre avec deux des personnages que j’utilise pour montrer les figures dans mes livres techniques. La constitution de la position classique consiste pour le danseur à faire comme s’il tenait un gobelet dans sa main gauche puis à proposer l’espace ainsi constitué entre son pouce et la pointe de son index à sa partenaire. Cette dernière place sa main droite en crochet à l’endroit proposé, le pouce séparé des autres doigts de sa main par le pouce du danseur. Une fois le contact pris, les partenaires raffermissent la position de mains ainsi faite.

Cette position est une position classique et que la grande majorité des danseurs utilisent en couple. Mais saviez-vous que selon la culture et l’époque on peut trouver diverses positions ? Par exemple, prenons la position qui servait pour danser le foxtrot dans les années 1930. Dans cette position, la main du danseur enveloppe littéralement la main de la danseuse. Il est donc amené à plier son poignet pour bien tenir la main de sa danseuse. Pour appuyer mon propos, j’ai extrait deux images du film « Taxi » de 1932 réalisé par Roy Del Ruth (avec James Cagney et Loretta Young) où l’on voit une scène de compétition de foxtrot et où la position de main est bien visible.

Si l’on veut voir la position classique, on peut la trouver dans un film comme « Ballroom Dancing » de 1992 réalisé par Baz Luhrmann (avec Paul Mercurio et Tara Morice). Nous sommes là dans le monde de la compétition dont les règles n’ont pas bougé au niveau des positions de main par rapport à aujourd’hui. Voici également deux images arrêtées du film.

Enfin, une autre position de mains existe dans le milieu de la salsa cubaine. Dans cette position, le danseur fait une sorte de pince entre son pouce et les autres doigts de sa main. Le pouce se retrouve donc au creux de la main de sa partenaire. Dans certaines figures comme le « dile que no », cette position de main est utile pour maintenir une tension entre le danseur et sa partenaire (la main du danseur se tourne généralement vers l’extérieur pour amplifier l’effet). Pour illustrer cette position de mains, je vous ai fait deux images arrêtées de « Dance with Me » de 1998 réalisé par Randa Haines (avec Chayanne et Vanessa Williams).

On le voit, selon les époques et les cultures, les positions de mains peuvent différer pour une même position globale du couple. Tout ensuite n’est qu’une histoire de technique (lorsque la danse est standardisée) ou de préférence (tant que la partenaire n’est pas gênée dans sa danse et pour ce recevoir le guidage…).

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La valse mexicaine

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Il existe différents types de valse. Tout le monde connaît la valse viennoise que les nouveaux mariés aiment danser pour ouvrir leur bal. On connaît aussi la valse musette que l’on danse dans les bals populaires. On connaît moins la valse lente de compétition et encore moins le boston, une valse ayant fait l’aller-retour entre l’Europe et les États-Unis et y a pris son nom au passage. Et puis, il y a aussi la valse à deux temps, la java (qui se rapproche de la valse musette), etc. Enfin, citons des valses que nous qualifierons de folkloriques comme la valse écossaise, péruvienne, irlandaise ou encore la valse mexicaine dont je voulais vous dire quelques mots dans ce premier « vrai » article de l’année.

La valse mexicaine (la danse) est née dans la première moitié du XXe siècle (alors que les valses d’origine mexicaine ont commencé à être jouées dans la seconde moitié du XIXe siècle) et se danse sur un type de musique bien précis. Les couples y alternent les sections dansées en valse classique (plutôt musette) et les sections chorégraphiées comportant des claquements de mains. Dans ces dernières, les partenaires démarrent en position ouverte, légèrement décalés l’un par rapport à l’autre et se tiennent les deux mains. Ils font une série de mouvements, puis claquent deux fois des mains. C’est à cela que vous reconnaîtrez visuellement la valse mexicaine. Avec le temps (et probablement quelques malentendus…) différentes variantes sont apparues dans les pas, mais on peut cependant distinguer la variante de couple (où l’on effectue des pas chassés face à face) de celle de groupe (où tous les couples sont en cercle et où l’on alterne l’orientation face au cercle puis face à son/sa partenaire).

Fortement marquées par une influence espagnole, les musiques (de tempo modéré) utilisées ne sont pas très nombreuses et doivent avoir une structure particulière. Dans les versions originales, on entend beaucoup les cuivres, dont les trompettes et la guitare, mais la plupart des versions utilisées dans les bals en France sont jouées à l’accordéon. Les bals populaires n’ont pas la possibilité de se payer les Mariachis juste pour un titre… À propos, saviez-vous que le mot mariachi est une déformation du mot mariage qui a été faite à l’époque où l’empereur Maximilien a pu régner sur le Mexique aidé par Napoléon III (dans les années 1860) ? Ainsi, il désigne les orchestres jouant pour les mariages et autres cérémonies dans ce pays. Un peu de culture ne fait pas de mal.

Ce qui est amusant, c’est qu’on ne rencontre pas beaucoup la valse mexicaine dans les écoles de danse. C’est là où certaines associations trouvent le terrain complémentaire en proposant la valse mexicaine aussi bien dans leurs cours que dans leurs soirées. Il est vrai que la valse mexicaine fait un peu plus « vielliot » et moins classe que la valse viennoise, mais c’est néanmoins une variante aisée à apprendre (musique lente, majorité des pas semblables à la valse musette) et obligeant les danseuses et danseurs à écouter la musique. On la qualifie parfois de danse d’animation, mais du fait de la présence des pas de la valse, elle demande un peu plus de temps d’apprentissage. Restons-en donc à la dénomination de danse folklorique (ou traditionnelle).

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LA photo des jazzmen

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Cela fait quelques billets que je poste dans ce blog où je parle de swing. C’est en effet un de mes sujets de prédilection et, vous le savez, la relation entre la musique et la danse est très étroite ; c’est bien pour cela que l’on trouve généralement en librairie les livres sur ces deux thèmes au même rayon. Aujourd’hui, j’ai juste envie de vous parler d’une photo. Une simple photo ? Non, LA photo.

Cette photo, nommée « Harlem 1958 » ou encore « A Great Day in Harlem », a été prise en 1958 par Art Kane. Il s’agit d’une photo majeure dans le monde du jazz. En effet, cette photo représente, en une seule fois, 57 des plus grands musiciens de jazz (54 hommes et 3 femmes) regroupés à New York. Elle a été publiée pour la première fois en janvier 1959 dans l’édition jazz du magazine Esquire.

Alors pourquoi cette photo est-elle si extraordinaire ? La réponse est simple, vous pouvez y voir les visages de grands noms connus comme Dizzy Gillespie, Thelonius Monk, Charles Mingus, Benny Golson, Gene Krupa, Count Basie, Gerry Mulligan, Sonny Rollins ainsi que Lester Young et bien d’autres. Bien que tous les musiciens de jazz de l’époque fussent invités, Art Kane n’avait aucune idée de combien d’entre-eux seraient présents. Il se demandait même s’il en aurait un seul pour faire la photo tout comme ceux à qui il en avait parlé. Il devait être environ 10 heures du matin ; pas vraiment l’heure à laquelle les musiciens de jazz sortent habituellement du lit… L’un d’eux s’étonna d’ailleurs de découvrir qu’il y avait un « 10 heures » chaque matin. C’était en plein été et, pour cette occasion, les jazzmen arrivèrent l’un après l’autre par le bus, en taxi ou via le métro. Dans une interview, Dizzie Gillespie a dit un jour : « Quand j’ai découvert que cette photo allait donner l’occasion de cette grande réunion, je me suis dit que c’était une chance de voir tous ces musiciens sans avoir à aller à un enterrement. » La petite histoire associée à cette photo est qu’il y manque un musicien qui, pourtant était présent ; il s’agit de Willie « The Lion » Smith. En effet, fatigué du temps que mettait la photo à se faire, ce dernier s’était assis sur les marches au moment où le photographe appuya sur le bouton… Quoi qu’il en soit, ces 57 musiciens ont plus ou moins joué les uns avec les autres durant des années sous des combinaisons les plus variées et ont marqué leur temps et l’histoire du jazz. Pour ce qui concerne la danse, c’est leur musique qui a servi à un moment ou à un autre de support à tous les danseurs de lindy hop, de balboa, de shag, de charleston, etc.

Ci-dessus, voici la photo originale à gauche et le même immeuble de nos jours à droite. Sur la photo originale, je vous ai entouré les 3 femmes du groupe et je vous ai ajouté la photo de Willie « The Lion » Smith qui est assis. Il va de soi que cette incrustation est issue d’une autre photo prise le même jour. En avant-plan, on voit que les gamins du quartier ont été autorisés à figurer sur la photo. Peut-être des futurs musiciens (ou danseurs) ?

Au fil des années, cette photo unique a fait le tour du monde. Une très forte allusion à cette photo a d’ailleurs été faite dans le film Acheter sur Amazon de Steven Spielberg où Tom Hanks joue le rôle d’un ressortissant de Krakozie, un pays (fictif) en pleine révolution. Cet étranger au fort accent des pays de l’Europe de l’Est se retrouve coincé dans le no man’s land de l’aéroport de New York (JFK). Il faut attendre la fin du long métrage pour comprendre, mais je vous rassure, j’ai adoré ce film très touchant. Vous pouvez donc le voir ou le revoir si ce n’est pas déjà fait. Je précise quand même qu’il n’y a (quasiment) pas de danse dans ce film, c’est donc un coup de cœur dans l’absolu.

Si l’on a parfois tendance à consommer la musique en tant que danseur, il n’en reste pas moins que, à l’âge d’or du swing, les musiciens et les danseurs étaient très liés. Les danseurs portaient une attention toute particulière aux musiciens de chaque orchestre, car c’est leur musique live qui leur permettait de danser et de passer du bon temps. De leur côté, les musiciens connaissaient aussi certains danseurs et faisaient attention à ce qui se passait sur la piste de danse, et ils n’hésitant pas à même agrémenter leurs improvisations de quelques passages permettant aux danseurs de faire certains mouvements spécifiques. Avec l’expérience et cette cohabitation des musiciens et des danseurs dans un même lieu chaque soir, un lien fort s’est tissé entre eux. L’arrivée progressive des enregistrements, puis des fichiers mp3 et du streaming a ôté une partie de cette communication et a malheureusement souvent transformé la musique en un « consommable » sans âme utilisé pour danser dans l’esprit de certains. Il me semble donc qu’avoir un minimum de culture musicale lorsqu’on danse est particulièrement justifié (toutes musiques confondues) et je ne peux que vous encourager à vous précipiter pour danser devant un orchestre « en direct live » lorsque c’est possible, sans ignorer les musiciens, et de leur accorder vos applaudissements après chaque danse.

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La position du renversé avec ou sans technique

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Bonjour monsieur Phelps. Cette position, si vous l’acceptez, vous mènera jusqu’aux confins du ridicule. Elle vous sera tellement difficile à tenir et elle vous compliquera tellement la danse que vous la considérerez bien vite comme une position impossible. Attention, ce message s’autodétruira dans 5 secondes. Pschiittt !

Si le principe « la technique ne doit pas se voir » est bien connu des danseurs de bon niveau (ce sont ceux qui parviennent à faire en sorte que l’on ait cette impression de facilité lorsqu’ils dansent), il en est une constatation que je ne peux m’empêcher de faire : « le manque de technique ne peut que se voir ». Avez-vous déjà essayé de vous poser lors d’une soirée dansante et d’en profiter pour observer la faune du coin ? On peut brosser le portrait du couple assorti dont les gestes complémentaires agrémentent une danse qui semble naturelle, autant que le portrait du couple un peu étrange où le danseur aux airs hautains de celui qui a un balai là où on pense ne regarde jamais sa danseuse qui, de son côté, gesticule dans tous les sens et donne des coups de pieds dans les chevilles de ceux de ses voisins qui n’ont pas encore compris qu’elle a deux pieds gauches. Bref, je vous conseille de regarder un peu autour de vous de temps en temps, il y a souvent du beau spectacle. Notez tout de même que si ces oiseaux-là s’amusent et vivent bien leur manière de danser sur la piste, ce n’est pas si mal que ça (sauf pour les chevilles pleines de bleus des voisins lents à la détente…).

En dehors de cela, l’image fixe raconte elle aussi beaucoup de choses. Pour les besoins de mon activité d’édition, j’ai ces jours-ci l’occasion de parcourir les catalogues d’agences de photo montrant des danseurs. Chaque situation prise sur le vif est particulièrement loquace. Si l’impression générale et immédiate est importante, le second regard l’est également si l’on souhaite comprendre ce qui se passe. Il est intéressant aussi de jouer à « Où est Charlie ? » avec des photos de soirées dansantes. Prenez par exemple, la photo qui suit.

On regarde plus facilement le couple central qui salue, mais en y regardant de plus près, on peut voir, juste derrière, une main qui est plutôt confortablement installée. Amusant, non ? Si vous avez d’autres photos comme cela, n’hésitez pas à me les faire parvenir.

Un autre point à noter est qu’une position arrêtée dénote aussi souvent très facilement la danse associée. Ira-t-on penser qu’une danseuse en robe longue à plumes et qu’un danseur en queue-de-pie sont en train de danser une valse ? Ira-t-on déduire qu’une danseuse en combinaison brillante rose fluo la tête en bas à trois mètres du sol au-dessus de son partenaire (lui aussi en combinaison moulante) sont en train de danser un paso doble ? D’accord, je caricature. Mais comme chaque danse a ses codes et sa technique, certaines positions sont tout à fait caractéristiques de certaines danses. La photo ci-contre, par exemple, montre une position tout à fait caractéristique de la rumba (ou à défaut, du cha-cha) de danse sportive. Et alors, que se passe-t-il si la bonne technique n’est pas appliquée par les danseurs ? Eh bien, c’est simple : une danse peut passer pour une autre ou alors on peut réellement mettre en doute que les partenaires soient en train de danser…

Je pends juste l’exemple des deux images ci-dessus. La première provient d’un catalogue d’une agence de photo alimentant généralement les magazines de tous vents. Si l’on examine un peu ces positions, on se rend compte que la première est réellement inconfortable pour la danseuse, alors que la seconde est tout aussi spectaculaire (et même beaucoup plus jolie à mon avis) mais plus logique : la danseuse est équilibrée, le danseur se tient droit, prêt à revenir dans la position fermée de base du tango. Bref un joli renversé. On en déduit donc que les deux personnes de la première photo ne sont que des mannequins et probablement pas de vrais danseurs. On retrouve ainsi de nombreuses photos qui illustrent des articles de presse faisant allusion à la danse en couple et qui feraient hérisser les cheveux sur la tête d’un professeur de danse atteint de calvitie avancée. Ces images ont au moins l’avantage de suggérer deux personnes en train de danser. J’aurais personnellement préféré que cela aille au-delà de la suggestion… Avis aux photographes !

Allez, pour finir, je vous donne en bonus encore une de ces photos à se tordre de rire où l’on montre une « position impossible ». Essayez donc de danser le tango comme cela. Encore heureux que ces deux personnes n’aient pas adopté la position des doigts entrelacés si souvent rencontrée chez les non-danseurs qui s’essayent au tango. Si vous vous y retrouvez, n’en faites pas des cauchemars ; il est toujours possible de se défaire des mauvaises habitudes avec de la bonne volonté…

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Le breakaway et les minstrels

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Le site UltraDanse.com présente le lindy hop dans sa section Danses en couple. Quand on lit la page correspondante, on découvre que le lindy hop est l’ancêtre du rock’n’roll (la danse, pas la musique). Mais chacun le sait bien, peu de danses naissent spontanément du jour au lendemain. Le lindy hop, lui-même, est né d’une évolution.

Avant les années 30, à Harlem, on ne dansait pas le lindy comme aujourd’hui. D’ailleurs, il semble établi qu’avant 1927 on n’appelait pas encore « lindy hop » la manière de danser sur du swing. On dansait, entre autres danses, le charleston et le breakaway. C’est le mélange de ces deux danses qui donna le lindy. Tout le monde connaît le charleston, au moins de nom et peut-être aussi le nom de Josephine Baker vient-il à l’esprit en même temps. Car c’est en effet elle qui, dans sa Revue Nègre, diffusa les mouvements du charleston en France. On revoit aisément à cette époque (les « années folles »), les jeunes filles vêtues court avec un chapeau cloche et des robes à paillettes qui gesticulent dans tous les sens et jetant leurs pieds en avant, en arrière et sur les côtés.

Le breakaway est différent. C’est une danse ou la position du couple reste fermée. On retrouve plus ou moins le lindy turn qui servira de base au lindy hop plus tard ainsi que quelques variantes sur des jeux de jambes de charleston. La différence avec le lindy « Savoy style » est que les danseurs se tiennent très droits et suivent une orientation du corps verticale. Le lindy concrétisa une évolution de cette danse où les partenaires pouvaient ouvrir la position et se séparer pour faire des mouvements beaucoup plus libres. La photo ci-dessous fut prise en décembre 1941 où l’on voit un couple encore danser le breakaway, en tout cas c’est ce qu’un oeil exercé pourra vous dire. Et je vous le dis . Comme quoi la manière « moderne » (à l’époque) de danser le lindy cohabita un temps avec la manière « ancienne » de danser le breakaway. Et cela à tel point que le lindy de 1927 devait être dansé tout aussi redressé que le breakaway. Qui peut réellement dire le jour où l’on est réellement passé de l’un à l’autre ? Même les contemporains de cette période ne savent pas le dire.

Au passage, vous noterez peut-être à l’arrière-plan de la photo un personnage au canotier qui consulte ses notes. Il s’agit en réalité d’un « minstrel », un présentateur grimé en noir à outrance : peau noircie au cirage et lèvres marquées de blanc. Les minstrels étaient à l’origine des blancs qui se grimaient en noirs, mais après la Guerre de Sécession, ce sont les noirs eux-mêmes qui adoptaient le déguisement. Le nom « minstrel » vient du français « ménestrel  » et était adopté par des artistes au 19e siècle qui se produisaient dans un spectacle appelé le Minstrel Show, une forme de divertissement typiquement américaine comportant des sketches comiques, de la musique et de la danse. Le maquillage des minstrels a ensuite été adopté maintes fois dans le domaine des spectacles ou lors de films. Voici un exemple de film des années 30 qui adopte encore cette optique (il y a là à la fois des blancs et des noirs sous le maquillage). Le film s’appelle « Mammy » et on y voit chanter Al Johnson. Cela dit, au-delà de l’apparente joie de vivre, n’oublions pas qu’il y a un arrière-goût de racisme dans cette représentation stéréotypée…

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De l’évolution des danses

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Il y a quelques années, je faisais alors des démonstrations lors de soirées dansantes, j’avais eu l’idée de regrouper les danses du début du XXe siècle avec celles de la fin. Ainsi, ma partenaire de l’époque dansait en solo le charleston, le tango, la valse, etc., et j’arrivais en alternance pour danser le disco, les mouvements déstructurés des années 80, la macarena, etc. Il y avait là de quoi étonner les spectateurs. À la fin de notre passage, nous dansions en couple un rock sur une version swing de Y.M.C.A… L’idée était de suggérer aux gens que toutes les danses se rencontrent dans un dancing et que, de ce fait, les danses s’influencent les unes les autres.

L’évolution des danses est particulièrement complexe quand on s’y intéresse de près. Par exemple, le rock’n’roll n’est pas né subitement de rien du tout, pour aboutir au rock, il a fallu passer par le lindy hop qui lui-même vient en partie du charleston. Puis il y a eu aussi l’appropriation par les blancs de cette danse développée par les noirs américains et encore l’influence des chanteurs vedette et leurs mouvements (comme Elvis Presley). Et enfin, de nos jours, on voit bien que la cohabitation avec la salsa influence et amène les nouvelles figures du rock avec ses mouvements de bras un peu compliqués. D’un autre côté, si l’on regarde les danses en solo que l’on voit de nos jours, il y a aussi des influences. On retrouve ainsi, les origines de la tektonik (ou danse electro) dans le hip-hop d’un côté, mais on y trouve quelques petits pas qui sont aussi pratiqués dans les danses en ligne depuis des années. Et je ne parle pas du ragga qui est aussi influencé par la salsa ou des disciplines du fitness comme le step ou l’aérobic où l’on retrouve des « pas de mambo » ou des « cha-cha-cha ».

Ce qui est amusant dans tout cela, c’est qu’à n’importe quelle époque, on essaye de reproduire ce qui a été fait dans les époques précédentes. Aujourd’hui, on danse encore le charleston des années 20, le madison des années 60 et même le disco des années 70-80. Tant mieux, car cela permet de pérenniser ces trouvailles représentatives d’une certaine époque. L’essentiel est de bien avoir conscience que toutes ces danses ont été créées pour s’amuser et se divertir dans une bonne ambiance. Bref, gardez l’esprit ouvert : ce qui est aujourd’hui démodé peut revenir à la mode sous une autre forme dans quelques années. Autant s’y intéresser dès maintenant !

Pour finir la thématique de ce billet, je vous propose de découvrir une petite vidéo qui circule sur Internet. Il s’agit du comique américain Judson Laipply qui retranscrit dans son sketch quelques courants de la danse en solo dans la seconde moitié du XXe siècle. Il a été plusieurs fois imité, mais jamais égalé.

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Une partenaire articifielle

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Depuis que l’homme a acquis quelques compétences en technique, il a toujours essayé de remplacer un manque dans le vivant par un objet de sa conception. Le meilleur exemple est la création de la lame (originellement en silex) pour trancher ce qu’il ne parvenait pas à découper avec ses propres mains. Beaucoup plus proche de nous, citons aussi la conception de diverses prothèses (éventuellement motorisées) pour remplacer un membre ou un organe non fonctionnel ou tout simplement disparu. Naturellement, notre monde de la danse n’échappe pas à cette manifestation inéluctable de la nature humaine à utiliser les progrès technologiques…

Dans la « vraie vie », il est très courant qu’il y ait un manque de danseurs par rapport au nombre de danseuses disponibles. Les filles ont alors trouvé la parade : elles dansent entre elles. Qui n’a jamais vu deux femmes danser la valse ensemble dans les bals populaires pour compenser le manque de partenaires masculins ? Quand il s’agit de la situation inverse, la réaction est toute différente… Pas question de danser entre hommes ! Pourtant à la belle époque du swing, les soldats américains dansaient ensemble tout comme, à une autre époque, les tangueros argentins s’entraînaient ensemble pour progresser et gagner plus tard les faveurs des rares femmes présentes dans les bals tango. Cependant, la solution que le mâle technophile a trouvée pour s’entraîner à danser sans partenaire féminine est toute autre. Il a simplement imaginé remplacer sa partenaire par un mécanisme technologique plus ou moins évolué, autrement dit par une machine. J’ai retrouvé dans des archives un brevet américain, déposé par un certain S. E. Feist le 17 mai 1921 décrivant un tel système. Voyez donc ci-dessous.

Il est à noter qu’un système similaire avait été mis en scène dans le spectacle Burn The Floor de 1999 : les danseurs dansaient avec des mannequins de couture sur roulettes. Cela me rappelle que je dois plus ou moins figurer dans cette catégorie des danseurs technophiles car j’ai moi-même conçu ce genre de chose pour m’exercer à une époque ou aucune de mes partenaires de danse n’avait la disponibilité pour s’entraîner avec moi. C’est assez simple, je vous explique… Un fin mât en bois d’1m70 de haut auquel on fixe de simples roulettes réparties sur 3 pieds lestés. On y ajoute une barre horizontale pour matérialiser les épaules. À cette barre, on fixe des manches remplies de tissus pour matérialiser les bras. Ensuite, si on le souhaite, il suffit d’y adjoindre une structure en fil métallique fin sur laquelle on peut mettre un vêtement pour donner une vague impression féminine. Cela m’a permis de travailler quelques figures de rock ou de salsa pendant un temps, quoi qu’on en dise…

Encore plus récemment, nos amis japonais ont poussé le bouchon encore plus loin. Tout le monde connaît leur passion pour remplacer l’homme par des robots. Ce sont eux qui ont créé le premier robot marcheur à forme humaine (Asimo de Honda), ainsi qu’il y a quelques mois le premier exosquelette motorisé qui permet de se rapprocher des performances de l’homme qui valait trois milliards (série télévisée fétiche des années 80). Ils ont aussi créé il y a quelques mois la partenaire de danse robotisée. Apparemment elle danse la valse. D’un point de vue technique c’est intéressant. Du point de vue du danseur, l’utilité semble assez limitée car cette danseuse motorisée ne semble être ni très maniable, ni très véloce…

N’hésitez pas à réagir et donner vos commentaires à cet article. Je serais curieux de voir ce que vous en pensez…

 

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