Archives de catégorie : Articles

Articles principalement au format texte avec quelques images et éventuellement l’inclusion de vidéos

Martha Graham

Partagez cet article :

Ceux qui ont effectué des recherches sur Google le mercredi 11 mai 2011 dernier ont sûrement remarqué que le logo Google (aussi appelé « Doodle ») avait changé. C’est ainsi depuis plusieurs mois où le moteur de recherche met à l’honneur un thème relatif à tel ou tel jour de l’année. On aurait pu voir un logo évoquant divers événements comme la bataille de Fontenoy en 1945, le lancement du paquebot France en 1960, l’anniversaire de la mort de Bob Marley, l’anniversaire de la naissance de Salvador Dali en 1904 ou encore celui de la naissance du vulcanologue Haroun Tazieff en 1914. Vous pensez bien que si j’en parle ici, c’est que cela a un rapport avec la danse : il s’agit de l’anniversaire de la naissance de Martha Graham en 1894. Voici quelques éléments à propos de cette danseuse et chorégraphe décédée il y a tout juste 20 ans et qui a marqué la danse moderne.

Comme je viens de l’indiquer, Martha Graham est née le 11 mai 1894 à Pittsburgh aux USA. Son père était médecin spécialisé dans les problèmes nerveux. Partant du fait que le corps exprime les maux de l’âme de manière physique, il utilisait l’apparence physique du mouvement comme élément de diagnostic. « La mouvement ne ment pas », disait-il. C’est ce point de vue qui a, plus tard, partiellement inspiré sa fille Martha dans sa manière d’appréhender la danse. La passion pour la danse de celle-ci ne vint qu’en 1911, après avoir vu une représentation du danseur de ballet Ruth Saint-Denis à la Mason Opera House de Los Angeles. La prestation lui plut à tel point qu’elle s’inscrivit quelque temps plus tard à l’école que ce dernier venait de créer avec Ted Shawn, l’école Denishawn. Elle y passa une dizaine d’années, en tant qu’élève au départ, puis en tant qu’enseignante. Elle a toujours considéré que la nouvelle forme de danse qu’elle avait créée était due à ses professeurs Saint-Denis et Shawn.

Plus tard, elle fait ses débuts de danseuse indépendante à New York en 1926, encouragé par le musicien Louis Horst, en se produisant seule sur scène avec sa propre approche de la danse. Celle-ci était basée sur la respiration et l’alternance entre la contraction et le relâchement. On a parfois comparé l’impact de Martha Graham sur la danse à celui de Picasso sur la peinture et sa contribution à l’évolution de la danse moderne est incontestée. Dans sa recherche d’expression personnelle, elle a privilégié la liberté et l’honnêteté, selon ses mots. Elle a créé la Martha Graham Dance Company à New York, l’une des plus anciennes troupes de danse aux États-Unis qui correspond aussi à une école de danse (qui a fêté ses 80 ans cette année). Ses capacités d’enseigner la danse lui ont permis de former et inspirer des générations de danseurs et chorégraphes. La compagnie de Martha Graham commence uniquement avec des femmes. Ce n’est qu’en 1938 qu’un homme viendra les rejoindre (celui-ci, Eric Hawkins, devint d’ailleurs le mari de Martha Graham…). La liste de ses élèves comporte de grands noms comme Merce Cunningham, Alvin Ailey, Twyla Tharp ou Paul Taylor et elle a collaboré avec certains parmi les plus grands artistes de son époque comme le compositeur Aaron Copland et le sculpteur Isamu Noguchi. Même Bette Davis, Gregory Peck, Eli Wallach, Woody Allen ou Madonna suivirent son cours « Movements for Actors ».

Pour la plupart de ses créations chorégraphiques, Martha Graham créait d’abord la danse avant d’y adjoindre un support musical. Dans de nombreux cas, elle s’occupait aussi elle-même des costumes. Elle a imaginé et chorégraphié plus d’une centaine de ballets dont « Primitive Mysteries » (1931), « Dark Meadow » (1946), « Acrobats of God » (1960), « Lucifer » (1975) pour Noureev et « The Rite of Spring » (1984). On le devine dans ces titres, les chorégraphies de Martha Graham traitent de tous les thèmes humains, de la naissance à la mort en n’évitant pas les thèmes les plus graves. En 1981, sa carrière est couronnée par le premier prix du « American Dance Festival Award » et elle a reçu la « National Medal of Arts » en 1985. Jusque très tard, Martha Graham a accompagné ses danseurs en tournée dans le monde entier, partageant ainsi les ovations du public.

Après sa mort (survenue en 1991), elle est désignée comme la « danseuse du siècle » par Time Magazine (édition du 8 juin 1998) pour l’ensemble de son oeuvre et en particulier sa recherche dans le domaine de l’expression corporelle dans les mouvements et la mise en valeur des angularités du corps. Dans le numéro en question, Time Magazine classe aussi la parmi les 100 personnalités les plus influentes du XXème siècle. Je conclurai cet article par une citation de l’artiste elle-même: « Je voulais commencer non par des personnages ou des idées mais par des mouvements […] Je voulais du mouvement avec du sens. Je ne voulais pas qu’il soit beau ou fluide. Je voulais qu’ils soit lourd de sens intérieur, avec de l’émotion et de brusques montées d’intensité. « . Martha Graham estimait qu’il fallait au moins 10 ans pour devenir une danseuse accomplie.

Je vous propose un exemple de la danse de Martha Graham. Il s’agit de « Lamentation », une célèbre chorégraphie en solo créée en 1930 et dont le costume était représenté tout à fait à droite du Doodle de Google dont je parlais en début d’article. Ce film (ici colorisé) a été tourné par le sculpteur Simon Moselsio en 1943. On y voit Martha Graham s’étirer et tendre son costume tubulaire élastique de couleur prune, un peu comme s’il formait une seconde peau. Elle disait : « J’ai vécu toute ma vie avec la danse. Être danseuse, c’est accepter d’être l’instrument de la vie. C’est parfois déplaisant, mais c’est inévitable« . Bref, on n’aime ou on n’aime pas, mais on n’y reste pas insensible.

Partagez cet article :

Le melbourne shuffle

Partagez cet article :

Parmi les danses populaires chez les plus jeunes d’entre nous, il y en a certaines qui ne font que passer. J’ai déjà eu l’occasion de parler ici de la tecktonik ou encore du jumpstyle, deux styles de danse associés à la musique electro. Il est vrai qu’en dehors du milieu electro, on n’en parle plus beaucoup. Vous souvenez-vous des reportages multiples sur la tecktonik (ou electro-dance) aux journaux télévisés des grandes chaînes en 2007 ou encore combien elle était omniprésente dans les clips vidéo ? Aujourd’hui, le grand public semble être passé à autre chose. En particulier, les danses en couple semblent a voir le vent en poupe dans les médias, peut-être grâce à l’émission « Danse avec les stars » qui aura sûrement droit à une saison 2 en 2012 si l’on se base sur les bonnes audiences de la saison 1. Mais revenons à nos danses electro… J’ai récemment vu un clip où une manière de danser bien spécifique était mise à l’honneur : le Melbourne shuffle (ou « shuffle » tout court).

Pourtant, ce n’est pas une danse toute nouvelle. Le Melbourne shuffle, parfois raccourci en « melbshuffle » mais aussi connu sous le nom de rocking, est une danse née dans les années 1980. C’est une danse au départ associée aux soirées de musique electro (dont les raves) puisque les mouvements de base sont issus des mouvements plus ou moins freestyle qui s’y pratiquaient à l’époque. Une fois ces mouvements regroupés dans un style nommé « (Melbourne) shuffle », ils ont connu des influences diverses d’année en année, dont celles des danseurs de hip-hop. Le nom de la ville australienne de Melbourne a été associé au nom de cette danse, semble-t-il, suite à une interview d’un danseur australien à qui l’on a demandé le nom de ce qu’il dansait. « The Melbourne shuffle » aurait-il répondu. Cela me rappelle exactement la manière dont le lindy hop a trouvé son nom à la fin des années 20… Cela étant, les habitants de Melbourne appelaient cela le « rocking » à l’époque et c’est le public international qui a promu l’appellation « Melbourne shuffle » qui est restée.

Comme pour la tecktonik, c’est les sites de partage de vidéos comme Youtube ou Dailymotion qui ont favorisé la diffusion de cette danse ces dernières années. L’effet d’apesanteur que donnent certains danseurs attire forcément l’oeil et l’intérêt d’internautes qui n’ont pas forcément le profil de danseur electro. Le Melbourne shuffle est une danse où l’action se déroule essentiellement dans les jambes, bien que quelques mouvements de bras puissent intervenir. Ajoutons qu’une technique « hardstyle » existe et qu’elle donne un aspect moins « glissant » à la danse. On fait référence au pas principal du Melbourne shuffle sous le nom de « running man ». Basiquement, le « running man » est composé d’un pas d’un pied en avant, suivi d’un hop en arrière du même pied en ramenant l’autre pied. Puis l’on recommence de l’autre côté. Bon, je l’avoue, dit comme cela ça n’est pas facile à visualiser. C’est pour cela que je vous ai fait quelques petits dessins explicatifs. On le voit, le principe est de donner l’illusion d’une personne qui court alors que l’on reste sur place.


Démarrer sur le pied gauche, la jambe droite étant pliée et le pied droit en l’air.

1. Faire un petit saut sur place en reposant le pied droit en avant tout en reculant l’autre pied.et. Faire un petit saut sur place en pliant la jambe gauche (qui est en arrière) pour ramener le pied gauche à la hauteur de la jambe droite restée au sol tout en reculant le pied droit (qui était en avant).
2. Faire un petit saut sur place en reposant le pied gauche en avant tout en reculant l’autre pied.et. Faire un petit saut sur place en pliant la jambe droite (qui est en arrière) pour ramener le pied droit à la hauteur de la jambe gauche restée au sol tout en reculant le pied gauche (qui était en avant).

Lorsqu’on a fini ces étapes, on recommence au début. L’effet de glisse est créé par l’action simultanée du déplacement des deux pieds. Bien faire attention au fait que, malgré les apparences, il y a une succession de tout petits sauts (permettant d’alléger le poids du corps au sol et de déplacer les pieds) et non une série de glissades. Bien sûr, sur un sol glissant (carrelage par exemple) on peut aussi jouer avec les glissades, mais cela ne fait pas partie de la technique de base. De même, on notera que les pieds sont toujours posés à plat.

D’autres figures existent. Par exemple, le « T-Step » est aussi très utilisé. Il consiste en un déplacement de côté basé sur le fait de poser les pieds l’un dans l’autre en T, ce qui implique un twist au niveau de la cheville. Aux différents pas de base, on peut adjoindre des tours, des twists au niveau des jambes ou des pieds, des glissades, des kicks et quelques mouvements de bras. Certains mouvements, par ailleurs, ont un fort air de ressemblance avec les pas du charleston des années 20 ou le twist des années 60. La similitude avec le charleston est tellement frappante que je ne peux m’empêcher de me demander

Dernièrement, deux groupes ont présenté du shuffle dans leurs clips. Il y a tout d’abord les Black Eyed Peas dans « The Time (Dirty Bit) », leur adaptation de « Time of My Life » de la BO de Dirty Dancing. Ils font figurer des danseurs de shuffle dans une boîte de nuit à environ 2’50 du début du clip. À côté de cela, il y a le groupe LMFAO qui a sorti son clip vidéo « Party Rock Anthem » (qui, à l’heure où j’écris ces lignes, passe encore fréquemment sur les chaînes TV musicales) où le shuffle est particulièrement mis à l’honneur aussi bien dans la danse que dans les paroles : « Everyday I’m shufflin' ». La musique est plutôt de la dance electro grand public et n’est pas aussi « hardcore » que les musiques habituellement utilisées pour danser le shuffle, mais tout cela marche très bien ensemble. J’intègre le clip en question dans cet article-ci dessous (vidéo (c) 2011 Interscope) s.

Le shuffle que je viens de vous présenter évidemment n’a rien à voir avec le shuffle des claquettes (une série de deux frappes sur un mouvement aller-retour du pied), mais il y a aussi quelques similitudes sur certains mouvements (on en voit quelques uns dans le clip des Black Eyed Peas que j’ai cité ci-dessus). En effet, certains mouvements de slide (glissade) des claquettes peuvent aussi donner l’impression que donne le « running man » du Melbourne shuffle. Je n’aurais pas été complet si je n’avait cité ce point, ne serait-ce qu’en fin d’article, non ?

Partagez cet article :

Le temps de la danse

Partagez cet article :

Au fil de mes activités dans le vaste et varié monde de la danse, il m’arrive de m’arrêter et de réfléchir un peu sur la manière dont la danse se relie à certains thèmes généraux. Dans cet article, je vous livre quelques pensées relatives au temps. Comme d’habitude, c’est sans prétention et les grands penseurs de notre époque pourraient sûrement approfondir ce sujet de manière plus stricte. Cela dit, je ne suis pas persuadé que les grands penseurs en question pratiquent la danse de manière intensive… et c’est très dommage.

Quand on débute l’apprentissage de la danse, on est évidemment toujours pressé de parvenir au stade où notre pratique ressemblera à quelque chose. Cette impatience est naturelle, mais le temps nous semble particulièrement long avant d’y aboutir… si l’on y aboutit. On voit passer les heures d’effort et d’acharnement pour progresser et, d’étape en étape, améliorer sa manière de danser. Au tout début, ça va assez vite, mais assez rapidement, ça marche par paliers. On arrive sur une marche et on y reste un certain temps. Certains ont plus de facilités que d’autres. Certains dansent plus que d’autres (et cela facilite le passage d’une marche à l’autre de beaucoup danser…). Lorsqu’on est sur une marche, le temps peut toutefois sembler long. On espère voir le déclic se faire, mais malgré les efforts soutenus il tarde à pointer le bout de son nez. Jusqu’au jour où, le voilà ! Et c’est un bonheur que l’on savoure et qui donne l’énergie pour se lancer dans l’étape suivante qui est susceptible de durer, durer. Dans l’apprentissage de la danse, la patience est particulièrement importante, car on modèle à la fois son corps et son esprit. Et cela prend nécessairement du temps. On ne peut pas apprendre à danser en une heure, ni même en dix. Dans ce laps de temps, on ne fait qu’une approche de la danse ; on ne fait qu’entrouvrir la porte d’une salle de jeux immense.

Lorsqu’on est davantage expérimenté, le temps d’apprentissage d’un nouveau mouvement est plus court que lorsqu’on débute. Cela est d’autant plus vrai quand l’on a pratiqué des techniques de danse et des styles variés. Au fil de l’apprentissage, notre corps et notre cerveau remplissent leur bibliothèque de tous ces mouvements sur lesquels ils vont ensuite bâtir d’autres mouvements. Les bases de chaque danse constituent un alphabet qui sert à former les mots d’une langue. Lorsqu’on a appris plusieurs alphabets, c’est d’autant plus facile de parler différentes langues. Il arrive même que les mots de plusieurs langues puissent se juxtaposer dans une même phrase. Comme dans l’apprentissage des langues, plus on apprend de langues, moins on met de temps pour apprendre les bases d’une autre. Pour pousser l’analogie jusqu’au bout, le seul risque est de ne pas tout à fait maîtriser parfaitement chaque accent qui se voit perturbé par les autres, mais au moins on se fait comprendre par de nombreuses personnes.

Quand l’on danse, le temps n’a plus la même valeur que lorsqu’on ne danse pas. C’est là où l’on voit que le temps est vraiment relatif : si l’on est absorbé par une activité où l’on prend du plaisir, le temps semble passer tellement plus vite. Si l’on danse pour soi, il suffit de se laisser porter par la musique. On oublie tout ce qui est autour : vie professionnelle, problèmes, fatigue, etc. Seule compte la musique et l’interprétation que l’on en fait dans la danse. La musique s’arrêtera forcément avant que l’on désire soi-même s’arrêter de danser (ou alors c’est que la musique n’était pas à notre goût !). Si l’on danse avec un(e) partenaire, cela peut être différent. On danse en permanence interaction avec son environnement : partenaire, autres danseurs autour, musique, éclairage, etc. L’inspiration d’une danse improvisée à deux vient de tout cela. Les minutes sont longues lorsqu’on danse avec quelqu’un avec qui cela n’accroche pas ou sur une musique qui ne nous convient pas. En revanche, le temps peut tout aussi bien se révéler très court si tout l’environnement s’y prête : un(e) partenaire agréable, de la place sur la piste de danse, une bonne musique, un éclairage par trop violent, etc. Il arrive que, dans ces conditions, on souhaite que le temps s’arrête et que l’instant dure…

Nous arrivons bientôt dans la dernière partie de l’année, la dernière ligne droite avant un événement que certains élèves vont vivre : le gala de danse de fin d’année. Certains on déjà commencé à le préparer depuis plusieurs semaines, d’autres ne font que commencer. Dans tous les cas, cette préparation est une petite épreuve et, jour après jour, chacun attend d’être déjà au jour j, où la chorégraphie est mémorisée et où l’on se lance devant le public. Les événements sont variés durant toute cette période de préparation qui semble longue pour certains (« vivement qu’on y soit ! ») et courte pour d’autres (« mais il y a trop de choses à mémoriser en si peu de temps ! »). La préparation d’un spectacle est longue si le spectacle doit être de bonne qualité. Et la durée du spectacle est courte quand on y est prêt. On a à peine eu le temps de prendre conscience que l’on danse sur scène que c’est déjà fini. Un vide s’installe. Il est clair que l’essentiel n’est pas toujours l’objectif en lui-même, mais le chemin parcouru pour y parvenir. Il faut parfois se faire violence pour passer les étapes et se dépasser. Ensuite, peu importe si l’on a quelques ratés durant le spectacle (qui dans ce cas est amateur), on aura beaucoup progressé dans la préparation et on est prêt pour aller encore plus loin la saison suivante.

Il y a un temps pour tout. Quand la danse est un loisir, le temps s’arrête quelques minutes, quelques heures, alors que l’on prend un cours, que l’on danse en spectacle, que l’on participe à une soirée ou que l’on fait quelques pas chez soi ou ailleurs, juste pour le plaisir. Tout comme le dit mathématiquement Einstein, le temps est relatif, tout dépend du point de vue où l’on se trouve. Néanmoins, il faut savoir se réserver du temps pour danser, peu importe l’endroit, peu importe la météo, peu importe son niveau. Ce serait dommage d’arriver un jour et de se dire « j’aurais dû danser plus quand je le pouvais ». D’ailleurs, la danse entretient la forme. Si l’on commence à danser tôt dans sa vie et qu’on poursuit la pratique à doses raisonnables par la suite, on se donne un avantage à la fois physique et moral (la pratique de la danse est un excellent antidépresseur). Bref, la semaine prochaine, vendredi, c’est la journée de la danse et je ne peux que vous encourager à danser que vous soyez déjà initié ou que vous soyez néophyte !

Partagez cet article :

Le clogging

Partagez cet article :

Si l’on est amateur de danse à claquettes, on reconnaît aisément les claquettes irlandaises (Lord of the Dance, par exemple) et les claquettes américaines qui sont particulièrement identifiables. Les claquettes évoluent et l’on y incorpore aujourd’hui des mouvements et techniques issus d’autres disciplines comme le hip-hop ou les percussions corporelles (body drumming). Mais il existe encore de nos jours une autre manière de faire des claquettes qui existe depuis des lustres et qu’on appelle le clogging. Découvrons donc cela ensemble…

La définition du nom anglais « clog » fait référence à une un poids attaché à la jambe d’un animal pour freiner ses mouvements. Une autre définition fait référence à une chaussure lourde à semelle de bois assimilable à un sabot. Cela revient plus ou moins à la première définition, car il est sûr que des sabots ne permettent pas particulièrement de remporter le 100 mètres haies… Ajoutons que l’une des définitions du verbe « to clog » est le fait de danser le clogging (ou le clog, diront certains). À première vue, le clogging serait donc une manière de danser avec des sabots aux pieds. Mais ne nous arrêtons pas là : on ne porte plus beaucoup de sabots de nos jours.

Le clogging est une forme de danse folklorique américaine originaire de la région des montagnes Appalaches (nord-est des USA) et que l’on appelle aussi « hillbilly tapdancing » ou « flatfooting ». Ces dénominations alternatives donnent bien le ton puisque qu’on y devine une notion « campagnarde » pour la première et l’image de « taper du pied à plat » pour l’autre. En réalité, le clogging des Appalaches est issu d’un mélange de danses apportées par les premiers colons et fut très populaire sur le sol américain dès le 18e siècle. Les Irlandais et les Écossais ont apporté la gigue, les Anglais on apporté leurs jeux de pieds, etc. On dit même que la démarche lourde de certaines danses indiennes avec leurs tambours aurait inspiré le clogging. Dans sa région d’origine, les pas de clogging peuvent varier d’une vallée à l’autre et les danseurs de clogging sont fiers de leurs « spécialités régionales ». Cela dit c’est la standardisation qui a fait que le clogging a pu se propager plus facilement et attirer de nouveaux adeptes au-delà des Appalaches.

Les cloggers portent des vêtements s’approchant plutôt des vêtements portés par les danseurs de square dance, autrement dit une allure plutôt Western (jeans et chemises à carreaux). Côté chaussures, les cloggers portent des chaussures à semelle dure équipées de « steel taps » (de fers) spécifiquement lestées. À la différence des claquettes habituelles, les fers sont composés de deux plaques de métal qui s’entrechoquent à chaque pas et chaque impact avec le sol. Autant dire que ça fait du bruit et que l’image des sabots dont je parlais en début d’article n’est pas loin. Pour un clogger, autrement dit un danseur de clogging, l’essentiel n’est pas de porter des vêtements sophistiqués, ni de faire des pas compliqués. Il faut juste garder le rythme !

Les groupes de cloggers dansent habituellement en ligne, un héritage des danses irlandaises combiné au fait que le clogging s’est initialement développé en tant que danse en solo. On peut différencier essentiellement deux styles de clogging. Il y a tout d’abord le style dit « precision » où des musiques du hit-parade ou traditionnelles servent de base à des enchaînements de pas connus et tout le monde fait la même chose en même temps. Il y a aussi le style dit « freestyle » où tout est improvisé et qui est donc généralement dansé en solo. C’est le premier style qui se prête évidemment le mieux aux démonstrations. D’ailleurs, le clogging a été présenté en démonstration lors des JO d’Atlanta en 1996.

Le motif de base du clogging est le basic clog, que l’on peut décrire comme un « shuffle, step, ball change » dans le language des claquettes. Les cloggers ne le décrivent pas comme cela : par exemple, le shuffle porte le doux nom de « double toe step » (que l’on peut traduire par « double avec la pointe du pied »). Par ailleurs, le « ball » correspond souvent à une bascule du poids du corps vers l’arrière (comme le temps 1 du pas de base du rock à 6 temps).

De nos jours, on danse le clogging sur à peu près tous les styles musicaux, mais les musiques du top 40 country américain sont souvent utilisées pour créer des enchaînements chorégraphiques. C’est à la base d’enchaînements chorégraphiques que se font les compétitions de clogging qui existent depuis plusieurs années aux USA mettant en vedette de style dit « precision ». Lorsqu’on regarde ces compétitions, on distingue différentes tendances qui vont du folklorique (avec les costumes de style cowboy), au hip-hop (où l’on retrouve des mouvements de bras issus du hip-hop) en passant par le style gymnique (où l’on retrouve des mouvements de bras à la manière du rock sauté). Pour illustrer mon propos, je vous propose une vidéo où les Southern Belles Clogging se produisent en compétition en 2007.

Je n’ai pas connaissance d’une quelconque pratique du clogging en France où les claquettes américaines et irlandaises sont bien développées. J’ai découvert cette manière de danser dans l’émission américaine « So You Think You Can Dance » que j’ai déjà plusieurs fois évoquée ici. En tout état de cause, comme les claquettes que nous pratiquons de nos jours prennent partiellement leurs origines dans le clogging américain, il me semble intéressant de connaître quelques éléments sur cette discipline. S’il y a d’autres disciplines que vous aimeriez découvrir dans ce blog, glissez-moi donc un petit mot et je programmerai un article sur le sujet (non sans m’être sérieusement documenté sur le sujet au préalable comme d’habitude !).

Partagez cet article :

Routine swing « Rip Van Winkle » et fall off the log

Partagez cet article :

Cela fait un moment que je n’ai pas parlé de swing ici. Aujourd’hui, j’ai eu envie de vous présenter un enchaînement swing que j’ai créé il y a quelques années ainsi que la chanson sur lequel il s’appuie, tout cela agrémenté d’un petit laïus sur un grand classique des enchaînements de jazz des origines : le fall off the log. Tout cela fait un joli programme pour un seul article, mais dans le blog UltraDanse.com on n’a peur de rien !

Ces dernières années, de nombreuses personnes se sont mises à la danse country en ligne (désormais appelée « line dance »). Si certains n’ont découvert que récemment cette manière de danser, les amateurs de swing savent depuis longtemps que l’on mêle facilement des séquences de danse en solo au lindy hop. Au début du renouveau du lindy hop, dans la fin des années 80 et au début des années 1990, on appelait ces enchaînements de swing en solo et en ligne des « routines swing », par anglicisme. L’appellation a par la suite évolué. On a appelé ces « jazz steps » des « pas de jazz », puis l’on a vu apparaître la dénomination « authentic jazz » pour faire la différence avec les mouvements du modern jazz (introduit dans les années 50 dans les spectacles de Broadway). Enfin, plus récemment, on a commencé à parler de « jazz roots » pour faire référence littéralement à ces mouvements des années 30 et 40 typiques des racines du jazz. Avec le temps, de nombreux enchaînements (les « routines »…) de jazz/swing ont été créés et un certain nombre d’entre eux sont devenus des succès comme le shim sham (Frankie Manning), le jitterbug stroll (Ryan Francois), le Tranky Doo, le petit blues, etc. Ceci étant, la plupart des mouvements dansés dans ces enchaînements peuvent être intégrés dans un lindy hop en couple (les partenaires se lâchent alors souvent les mains) en toute improvisation. Parfois, c’est l’inverse, comme dans le shim sham, où les danseurs commencent la chorégraphie imposée en danse en ligne et finissent le morceau de musique en couple et en improvisation.

Afin de pratiquer quelques-uns parmi les principaux mouvements de swing en solo qui font partie des grands classiques, j’ai eu l’idée de les rassembler au sein d’un enchaînement dynamique s’accordant à une chanson que j’aime bien  « Rip Van Winkle », interprétée par Lily Wilde et son orchestre (présent sur son album « Insect Ball ». Du reste, je vous conseille l’album tout entier qui est très dansant. Je dirais qu’il cadre bien dans un style proche de Count Basie ou Billy May qu’affectionnent tout particulièrement les danseurs de lindy hop. « Rip Van Winkle » est une chanson teintée d’humour faisant référence à un récit de Washington Irving, publié en 1819. L’histoire est celle d’un homme qui rencontre des personnages étranges dans la forêt et qui n’hésite pas à trinquer avec eux. Ivre, il s’endort et se réveille 20 ans plus tard alors que sa femme est décédée et la plupart de ses amis ont disparu.

L’authentic jazz (ou jazz roots) comporte de nombreux mouvements souvent utilisés dans les enchaînements en ligne. L’enchaînement que je vous propose plus bas en utilise un bon nombre. Je les décris d’ailleurs presque tous dans mon livre « Le lindy hop et le balboa », sorti en 2010. Parmi les mouvements de l’enchaînement, il y en a un que j’aime bien, car il donne vraiment l’impression de s’exprimer ; il s’agit du fall off the log. Lorsque je débutais et que j’apprenais le lindy hop par stages successifs, suivant les professeurs connus de ville en ville, il n’y avait pas de support écrit et diverses prononciations qualifiaient cette figure de « Follow the logs » ou, dans le meilleur des cas, de « Fall of the log ». Si l’on cherchait à traduire, le premier terme correspondait à « Cherchez les journaux » et le second par « Chute du journal ». Certains enseignants justifiaient d’ailleurs cela en disant qu’il s’agissait d’imiter le paperboy (livreur de journaux aux USA) qui lançait les journaux enroulés sur eux-mêmes dans les jardins des quartiers résidentiels. Ce n’est que plus tard que j’appris que le vrai nom s’écrivait « fall off the log » et que cela faisait référence aux bûcherons américains qui faisaient descendre les billots de bois (les « logs ») dans la vallée en utilisant le cours d’une rivière. Pour cela, ils devaient parfois se tenir debout sur un billot à qui il arrivait de commencer à rouler dans l’eau. Dans certains cas, le malheureux bûcheron tombait à l’eau après avoir fait un mouvement de déséquilibre ressemblant à cette figure de jazz qu’on peut traduire par « chute d’un billot ». Après cette petite page culturelle, voici donc l’enchaînement promis. Dans la description, la première colonne indique le temps sur lequel le mouvement correspondant débute.

Enchaînement swing « Rip Van Winkle » (3’00)
Enchaînement original de Christian ROLLAND

Temps |  Mouvement
------+-----------------------------------------
      | Introduction : pas battus (step-touch)
        
1       Shimmy
1       Shimmy
1       Cross Over (sur le "Rip" de la chanson)
1       Cross Over
1       Charleston
1       Charleston + slide
1       Cross Over
1       Cross Over
1       Charleston 
1       Charleston + slide

8       Scoots gauche-droite
8       Scoots gauche + freeze
8       Scoots droite-gauche
8       Kicks

1       Charleston + 1/2 tour
8       Knee slaps
1       Charleston + 1/2 tour
8       Knee slaps
1       Step touch droit-gauche vers l'avant 
1       Step touch droit-gauche vers l'arrière
1       Charleston côté droit
1       Scarecrow

8       Boogie back
8       Boogie forward
8       Boogie back
8       Pecking en faisant un cercle
8       Boogie back
8       Boogie forward
8       Boogie back
8       Tour sur soi à droite avec doigt en l'air

8       Scoots gauche-droite
8       Scoots gauche + freeze
8       Scoots droite-gauche
8       Kicks

1       Cross over
1       Cross over
8       Fall off the log
8       Fall off the log
8       Tic-tac
8       Tic-tac
8       Suzie Q
8       Suzie Q

1       Pas battus
1       Step-step (petit saut) devant puis derrière (deux fois)
1       Johnny’s rock
1       Back step cross et tourne (-> pose finale)

J’espère que ce petit enchaînement (qui dure tout de même le temps de la chanson tout entière) vous permettra de vous amuser en vous exerçant aux principales figures de swing en solo (jazz roots). Je suis conscient qu’une simple notation sous forme de liste comme celle que j’ai utilisée peut être difficile à déchiffrer quand on débute. Néanmoins, si vous connaissez tous les mouvements qui composent cet enchaînement, vous devriez pouvoir vous y retrouver. Si besoin, mettez-vous à plusieurs pour l’apprendre.

Partagez cet article :

La fête de la danse et l’Unesco

Partagez cet article :

L’année dernière, à peu près à pareille époque, je vous parlais déjà de la journée internationale de la danse, que l’on pourrait aussi appeler la fête de la danse en France par analogie à la fête de la musique. La fête de la danse, donc, se déroule chaque année le 29 avril. Pour cette année 2011, cela tombe un vendredi, ce qui est plutôt pratique pour débuter le week-end d’un bon pied. Comme ce type d’événement se prépare, il n’est pas trop de ce rappel un peu plus d’un mois à l’avance pour organiser cette journée de la danse dans de bonnes conditions.

Chacun est appelé à marquer cette journée d’une manière spéciale, mais cela doit tourner autour de la danse et faire découvrir la danse dans son ensemble à ceux qui n’y sont pas forcément sensibilisés. Chacun contribue donc à la hauteur de ses possibilités et dans le style de danse qu’il pratique. La fête de la danse est la fête de toutes les danses, sans exception, et il faut savoir particulièrement garder l’esprit ouvert aux formes de danse que l’on ne connaît pas. En plus de faire découvrir sa passion à d’autres personnes, c’est aussi l’occasion de découvrir soi-même d’autres pratiques et d’autres styles.

La journée de la danse est initiée sous l’impulsion du Conseil International de la Danse (CID), organisation parrainée par l’UNESCO. Chaque année, les membres du CID sont appelés à faire connaître l’existence de la journée de la danse à leur entourage et aux médias en communicant un message d’information du président du CID. Comme je fais partie de ces membres, je m’acquitte évidemment avec plaisir de cette tâche ici en reproduisant le message en question, originellement en anglais, que j’ai traduit en français ci-dessous.

Le 29 avril, comme chaque année depuis 1982, la journée officielle de la danse sera fêtée dans le monde entier par des millions de danseurs. C’est une initiative du Conseil International de la Danse (CID) de l’UNESCO.

Nous avons préparé les indications suivantes sous la forme d’une check-list pour les personnes impliquées dans le domaine de la danse au sens large : enseignants, chorégraphes, responsables de troupes, journalistes, chercheurs, associations, fournisseurs, organisations, etc.

Objet

L’objectif principal de la journée de la danse est d’attirer l’attention d’un public le plus rage possible vers l’art de la danse. Une attention particulière doit être apportée au fait de s’adresser à un nouveau public, celui des gens qui ne suivent pas les événements de danse au cours de l’année.

Événements

Les événements de la journée de la danse peuvent être des spectacles spécifiques, des cours de danse de type « portes ouvertes », des répétitions en public, des conférences, des expositions, des articles dans les journaux et les magazines, de soirées dansantes, des émissions de radio et de télévision, des visites, des spectacles de rue, des défilés, des décorations dans les vitrines des magasins, etc.

Organisateurs

Les événements sont principalement organisés par des compagnies de danse, des groupes d’amateurs, des écoles, des associations et d’autres institutions actives dans le domaine de la danse. Partout où cela est possible, il vaut mieux que les événements soient organisés conjointement avec une institution non liée à la danse comme un organisme gouvernemental, une école publique, une municipalité, une entreprise privée, un syndicat, etc.

Contenu

Les organisateurs ont tout loisir de définir le contenu de l’événement. Il faut s’assurer d’inclure une information générale sur l’art de la danse, son histoire, son importance dans la société, son caractère universel. Cela peut être fait dans un petit discours, un mot dans le programme, un texte distribué aux spectateurs. En ajoutant cette dimension, l’événement est différencié d’activités de danse se déroulant un autre jour. On peut aussi lire un message d’une personnalité importante, un poème, un passage d’un texte écrit par un auteur célèbre.

Coordination

Pour obtenir un succès maximum, il est important que les préparatifs commencent suffisamment tôt. Il est impératif d’informer la presse et les médias en général sur l’événement. Il faut en informer un organisme tenant une position centrale à un niveau régional ou national, afin qu’il puisse diffuser une liste d’événements prévus pour la journée de la danse.

L’entrée aux événements doit de préférence être gratuite, ou par invitation. Il faut alors inviter des personnes qui n’assistent habituellement pas à des événements de danse.

Localisation

Au mieux, les événements devraient se dérouler dans des espaces nouveaux, comme des rues, des parcs, des squares, des magasins, des usines, des villages, de discothèques, des écoles, des stades, etc. En créant l’événement dans des lieux originaux, on met l’accent sur le fait qu’il s’agit d’un événement consacré à la famille universelle des danseurs.

Dr. Alkis Raftis
Président du CID

Voilà qui, je l’espère, encouragera plus d’un à partager le plaisir de danser au plus grand nombre, tout particulièrement le 29 avril prochain. Pour ma part, ma journée est déjà réservée et je m’associerai aux animations à Toulouse où une association a tout spécialement été créée pour organiser l’événement au centre-ville. Je termine ce billet par quelques informations d’ordre général sur le CID.

À propos du CID

Le Conseil International de la danse est l’organisme officiel de coordination pour toutes les formes de danse dans tous les pays et dans le monde entier. Voici quelques détails rapides.

  • Le CID est reconnu par l’UNESCO, les gouvernements nationaux et locaux, les organismes et institutions internationales.
  • Ses membres jouent un rôle de premier plan dans plus de 150 pays en tant que fédérations, associations, écoles, compagnies et personnes individuelles.
  • Le CID a été fondé en 1973 à l’intérieur du siège de l’UNESCO à Paris, où il est basé.
  • L’UNESCO est l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture.
  • Coordonnées:
    International Dance Council – CID – Conseil International de la Danse
    UNESCO, 1 rue Miollis, FR-75732 Paris 15, France
    Web : http://www.cid-portal.org
Partagez cet article :

Les positions des pieds du ballet classique

Partagez cet article :

Ayant déjà eu l’occasion de vous présenter un rapide historique de la danse classique, je reprends un peu le thème de la danse classique pour parler un peu technique. En danse classique, les positions des pieds sont particulièrement importantes à connaître, tout autant que celles du haut du corps. Cette fois-ci je m’attache uniquement aux pieds, dont voici un petit mémo…

Comme je l’ai dit dans un autre article, la danse classique (ou ballet) a été développée par Beauchamp au XVIe siècle après avoir pris naissance en Italie. Beauchamp (1631-1705) est donc un maître de danse français qui prend la suite de Vertpré auprès de Louis XIV. On dit d’ailleurs que le surnom de « Roi Soleil » a été attribué à Louis XIV après qu’il a incarné le soleil levant dans le Ballet de la nuit en 1653, à l’âge de quinze ans. Autre détail, c’est en 1661 que Louis XIV fonda l’Académie royale de la danse. Beauchamp sera nommé surintendant des ballets du roi en 1671 après ses années passées comme maître à danser du Roi. En 1713, l’Ecole de danse de l’Académie est créée, qui deviendra l’école de danse de l’Opéra national de Paris, la plus ancienne institution de ce type.

Beauchamp mit au point un système d’écriture de la danse ainsi que la codification des positions des pieds. Depuis cette époque, les positions de pieds standards de la danse classique n’ont pas bougé et c’est pour cela que de nombreux mouvements techniques sont nommés en français dans le monde entier. Ces positions sont décrites en se basant sur le talon. Ceci autorise une ouverture des pieds variable (ouverture moindre lorsqu’on débute et grande ouverture lorsqu’on est expérimenté). Dans les illustrations ci-après, je présente les ouvertures à leur maximum, marquant au mieux l’en-dehors caractéristique de la danse classique. J’ai représenté une danseuse en demi-pointes (chaussons portés par les débutantes), mais les danseuses plus aguerries portent des pointes afin de pouvoir monter sur l’extrémité de leurs pieds.

Première position : les pieds sont sur la même ligne, les talons sont joints, les pointes écartées autant que possible, les plantes de pied sont plaquées au sol.Seconde position : les pieds sont sur la même ligne, les talons sont écartés de la longueur d’un pied à un pied et demi.
Troisième position : un pied est devant l’autre, le talon d’un pied arrive au milieu (appelé coup de pied) de l’autre pied.Quatrième position : un pied est devant l’autre, le talon de devant est dans la ligne du talon de l’arrière. On peut distinguer la quatrième ouverte (talons sur la même ligne) de la quatrième fermée (talon d’un pied en face de la pointe de l’autre pied).
Cinquième position : un pied est devant l’autre, le talon de devant est contre la pointe du pied de l’arrière.

À ces cinq positions fondamentales classiques, il est possible d’ajouter deux positions néo-classiques également utilisées en danse moderne.

Sixième position : c’est une variante de la première position, les pieds sont parallèles et sur la même ligne, les talons sont assemblés. Septième position : c’est variante de la quatrième position, les pieds sont parallèles, mais chacun est sur une ligne différente (l’un est en-avant et l’autre en arrière). Cette position se fait souvent sur les pointes.

Ces deux positions ont été identifiées et standardisées par Serge Lifar (2 avril 1905-1986) dans son « Traité de danse académique », imprimé pour la première fois en 1947. Serge Lifar est passé par les Ballets russes où il débuta en 1923 et l’Opéra de Paris où il passa de nombreuses années. Il fut directeur du Ballet de l’Opéra de Paris de 1930 à 1958. Durant toute sa carrière, il aura créé plus de 200 ballets. En plus d’ajouter deux positions aux cinq de Beauchamp, il ajouta aussi deux arabesques aux quatre déjà existantes. Bien entendu, ces « inventions » ne sont pas faites par hasard. Par exemple, les deux nouvelles positions de pieds permettent à la danseuse de plier les genoux sans les ouvrir alors qu’elle se tient sur les pointes et d’ainsi prolonger le mouvement en déplaçant l’axe vertical du corps.

Lorsqu’on débute la danse classique (ou lorsqu’on pratique d’autres styles comme la danse moderne), les professeurs font référence à ces positions de pieds dans leurs cours (« Commencez en sixième position ! », « Terminez votre rotation en quatrième ! » ). Il est vrai qu’on peut facilement mélanger tous ces numéros de positions ; ce petit aide-mémoire sera donc utile à certain(e)s, j’en suis sûr…

Partagez cet article :

Danseurs, DJ et musiciens

Partagez cet article :

La danse est généralement vécue par ses pratiquants comme un vrai plaisir. Mais le plaisir vient aussi probablement de la synergie qui doit exister entre la musique et la danse. J’ai déjà eu l’occasion de critiquer dans ce blog l’inadéquation entre une musique que l’on entend et la danse que l’on effectue dessus. Ce genre de situation arrive particulièrement dans les soirées de danse « en société ». Pour ce qui concerne l’animation musicale, les fameuses soirées dansantes sont de deux types. Il y a tout d’abord les soirées CD et il y a aussi les soirées avec un orchestre en direct live. Aujourd’hui, je vous parle donc musique à danser et des musiciens qui vont avec.

Dans le premier type de soirées dansantes que je viens d’énoncer, l’animation musicale est faite en utilisant de la musique enregistrée (CD, MP3, etc.). La programmation musicale est en général faite par une personne (un DJ, tout comme dans n’importe quelle boîte de nuit). Cependant, ce DJ est un peu spécial dans le cadre des soirées de danses en couple, danses de salon, danses sociales, danses swing, danses latino, etc. Ce DJ en effet ne parle pas BPM (battements par minute) comme en boîte de nuit classique, il parle MPM (mesures par minute) pour déterminer le tempo d’un morceau. Cela signifie que, comme un enseignant qui contrôle la progression et les aptitudes de ses élèves, le DJ doit pouvoir contrôler le déroulement de sa soirée en termes de difficulté, d’ambiance et de variété. Côté difficulté, c’est effectivement le facteur MPM qui peut déterminer cela : plus la musique est rapide et moins elle est accessible aux débutants. L’ambiance est déterminée partiellement par le plaisir que prend le public : il faut donc passer des morceaux spécifiquement adaptés à la danse et ne pas satisfaire tout le temps les débutants au détriment des avancés ou inversement. Enfin, il semble logique qu’une soirée « toutes danses » doive proposer une variété de rythmes (rock, cha-cha, valse, tango, etc.) et répondre aux attentes des danseurs présents. Le DJ s’adapte donc généralement au public qu’il a en face : une soirée d’association rurale n’est probablement pas la même qu’une soirée d’école de danse citadine qui fait de la compétition de danse sportive ou qui est spécialisée en swing.

Tous ces paramètres sont généralement ajustés en temps réel tout au long de la soirée par un DJ (ou disc-jockey). Un bon DJ est un DJ qui est en permanence à l’écoute des danseurs, qui sait juger s’ils sont fatigués où à quel moment ils souhaitent se défouler et qui sait donc adapter en permanence sa programmation aux conditions de la soirée. Depuis quelques années, cependant, un facteur perturbant est venu s’insérer dans ce type de soirées dansantes : l’ordinateur. C’est l’avènement du format musical MP3 et de la virtualisation des platines de DJ qui a permis de mettre l’ordinateur (généralement portable) au centre de la diffusion de musique lors des soirées dansantes. Le logiciel de DJing, parfois assorti d’un périphérique dédié simulant les platines CD manuelles, permet de visualiser à l’écran sa collection de musique MP3, de l’organiser, d’y faire sa sélection et de paramétrer l’ordre de passage pour le déroulement automatique d’une soirée dansante. Ainsi, plus la peine d’avoir quelqu’un devant le clavier et l’écran : le DJ peut très bien aller s’amuser et danser avec les autres participants. Pratique lorsque tout se déroule bien et lorsqu’on n’a cure de répondre aux attentes mouvantes des danseurs sur la piste. J’ai déjà vu plusieurs fois des soirées de ce type où le programme se déroulait coûte que coûte à l’aveugle jusqu’au point où il n’y avait plus aucun danseur sur la piste pendant plusieurs minutes faute de musique répondant aux attentes. Ce n’est pas l’image d’une soirée réussie qui est restée dans la mémoire des participants à ce genre de soirée…

À l’opposé du « tout automatique et tout enregistré », il y a le « tout en direct et avec orchestre ». Là ça peut être le pied. Dans le cas idéal, les musiciens sont en forme, ils ont un vaste répertoire dansant et des orchestrations qui donnent envie aux danseurs de se remuer. Si l’on ajoute à cela, une bonne sonorisation, des pauses adéquates et des danseuses et danseurs qui respectent les musiciens, on obtient une soirée mémorable pour tout le monde. Imaginez qu’au lieu de simplement installer un ampli, des enceintes, un ordinateur et trois spots automatiques, il a fallu redoubler d’efforts pour préparer le terrain : accueil des musiciens (vestiaires, salle de repos), organisation de l’espace réservé à l’orchestre (montage de la scène), mise en place de la sono, des instruments (batterie, piano, etc. parfois) et des microphones, petite répétition avec les instruments et réglages de la sonorisation (balance) pour que l’intervention des instruments soit globalement équilibrée, réglage de la lumière, organisation du ravitaillement des musiciens (boissons, repas), etc. Et tout cela n’est que la préparation ! Pensez bien qu’une fois la soirée finie, il faut encore ranger tout cela, démonter la scène, payer les musiciens, etc. C’est plus compliqué, mais c’est comme cela qu’un orchestre aura envie de s’investir et qu’il pourra faire danser l’assistance jusqu’au bout de la nuit… Lors d’une soirée avec orchestre, les musiciens proposent la musique aux danseurs, qui en disposent. Les musiciens gèrent, morceau après morceau, l’ambiance de la soirée en fonction de ce qu’ils voient sur la piste de danse (il est donc important que les danseurs ne soient pas dans l’obscurité, ni les musiciens aveuglés par les spots lumineux). À l’inverse, les danseurs dansent en fonction de ce qu’ils entendent, interprètent la musique et peuvent réagit à la moindre surprise. Et des surprises, certains musiciens et chanteurs habitués aux soirées dansantes en parsèment leurs prestations à la plus grande joie des danseurs. Je me souviens d’une soirée swing où, dans la prolongation d’un couplet lent, la chanteuse (Jennie Löbel pour ne pas la citer) s’est envolée dans un scat de plus en plus rapide annonçant habituellement une section rapide pour, au bout de sa course de « bidouap tibidibidi », nonchalamment continuer sa chanson à la vitesse lente initiale, alors que les danseurs s’apprêtaient à dynamiser leur danse. Elle s’est amusée de ce contre-pied avec un petit sourire tandis qu’une grande partie des danseurs de la salle éclataient de rire.

Dans son livre « L’ambassadeur du lindy hop », Frankie Manning, parle aussi très bien de cette interaction entre les danseurs et les musiciens. La scène se situe lorsque Frankie s’apprête à faire une acrobatie en lindy hop pour la toute première fois en public. Les musiciens cités sont le batteur et chef d’orchestre Chick Webb et le trompettiste Taft Jordan.

Ce fut une fois où nous dansâmes vraiment sur la musique et c’était comme si l’orchestre captait tout ce que nous faisions. À chaque fois que je lançai fort ma jambe, Chick disait :  » chiboum !  » Si je faisais un petit swing out, Taft Jordan jouait :  » biiyooouuww !  » Frieda avait l’un des twists les plus géniaux de toutes les filles et elle savait vraiment le mettre en valeur. Quand elle faisait des twists autour de moi, Chick Webb jouait :  » chiii-chichi, chiii-chi-chi  » sur les cymbales, tenant la mesure avec elle. Ils jouaient un riff derrière moi et je pensais :  » Ouais, restez avec moi les gars !  » Je ressentais tout ce qu’ils faisaient et l’orchestre marquait chaque pas que nous faisions.

Dans un autre genre, l’interaction entre les danseurs et les musiciens est un peu différente, mais elle est tout aussi présente. Dans le livre « La danse country & western » de Ralph G. Giordano (à sortir en français avant l’été : je suis en train de travailler sur sa traduction), l’auteur décrit, entre autres thèmes, l’ambiance des honky-tonks et des salles de danse au Texas. Il raconte quelque chose qui montre bien que les danseurs peuvent être attachés à un orchestre et au fait qu’il y ait de la musique dans une soirée…

En général, l’orchestre jouait de manière continue et retenait les gens sur la piste de danse. De temps à autre, un musicien ou deux faisaient une pause tandis que les autres membres de l’orchestre jouaient un long solo ou un morceau spécifique qui ne nécessitait pas tous les instruments ou les chanteurs. Dans la plupart des cas, une pause longue ou un entracte sans musique impatientait généralement la foule et entraînait parfois du rififi.[…]
Il était clair que les Musical Brownies étaient l’attraction principale et drainaient les foules, peu importe ce qu’ils jouaient.

Dans certaines soirées dansantes, je suis peiné de voir que les danseurs ne « calculent » pas les musiciens qui jouent pour eux. Ils dansent exactement comme s’ils entendaient le son d’un CD sortir des haut-parleurs, ignorant sereinement qu’il y a quelques bonshommes qui gigotent sur l’estrade d’où vient le son. Imaginez une soirée dansante où l’ensemble des danseurs ignore les musiciens. Cela ne donne assurément pas à ces derniers l’envie de se démener pour faire la meilleure prestation possible et cela devient aussi assez désagréable pour eux. Les musiciens aiment savoir qu’ils jouent pour un public et s’ils voient que, en plus, le public s’amuse en dansant et apprécie ce qui est joué, cela les motive d’autant plus. C’est là que les petites surprises musicales peuvent survenir. Ainsi, lorsque vous dansez sur la musique d’un orchestre en direct, jetez de temps en temps un coup d’oeil aux musiciens avec un grand sourire, réagissez aux subtilités de ce qu’ils jouent et applaudissez pour les remercier lorsque le morceau est fini. Dans certaines soirées swing, il est courant que les danseurs insèrent un shim-sham pour remercier l’orchestre. Le principe est simple : tous les danseurs se mettent face à l’orchestre et dansent à l’unisson la chorégraphie de danse swing en ligne du shim-sham. Il existe plusieurs variantes de shim-sham et le shim-sham promu, entre autres, par Frankie Manning est entièrement détaillé dans mon livre « Le lindy hop et le balboa », sorti en 2010.

Sans la musique et les musiciens qui la composent et la jouent, il n’y aurait pas de soirées dansantes, ni de cours de danse. Ce qui me désole parfois, c’est de voir des danseuses et danseurs considérer la musique comme un simple accessoire. Certains demandent : « passe-moi une valse, n’importe laquelle, je m’en fiche », d’autres disent : « cette chanson est nulle » alors que d’autres adorent danser dessus. Il y a aussi des personnes qui copient des CD sans se préoccuper de savoir ce qu’il y avait d’écrit sur la pochette, ni quel artiste en interprète la musique. Je pense que ce qu’il y a de pire que de copier illégalement un CD, c’est de ne pas respecter l’artiste qui l’a créé. Quand on aime un morceau de musique, la moindre des choses est de s’intéresser à l’artiste qui en est l’auteur. Bien sûr, on ne mémorise pas tout d’un seul coup et c’est à force d’écouter et de lire le nom de l’artiste associé à une chanson qu’on le mémorise. Dans le même esprit, si vous adorez un artiste et que vous écoutez souvent ses chansons issues d’un CD ou d’un MP3 piraté (il faut tout de même prendre la réalité en compte), la moindre des choses est, au moins de temps en temps, d’acheter légalement un CD ou un MP3 de cet artiste. Il faut garder en mémoire que sa musique c’est son gagne-pain. C’est d’autant plus vrai pour les « petits » artistes et les « petits » labels qui fonctionnent d’une manière proche de l’artisanat. C’est à la fois une question de reconnaissance et une question de respect pour l’artiste.

Partagez cet article :

Danse avec les stars à la TV en 2011

Partagez cet article :

Cela fait plus de deux ans, dans ce blog, je faisais la remarque qu’il n’y avait pas d’émissions de danse grand public à la télévision française et j’émettais le souhait que la situation change. Est-ce suite à mon message (soyons un peu mégalos !) ou est-ce l’évolution naturelle du paysage audiovisuel (soyons un peu réalistes…) ? Toujours est-il que depuis deux semaines une émission de danse en couple passe en prime time sur une grande chaîne française. Il s’agit de « Danse avec les stars » qui passe sur TF1 le samedi à 20h35. Après deux semaines d’émission, il est temps de faire un petit bilan avec un regard de danseur amateur de télévision… non sans avoir refait un petit tour d’horizon du PAFD, le Paysage Audiovisuel Français de la Danse, une exclusivité UltraDanse.com !

Contrairement à ce que certains pourraient croire, entre mon article de 2008 et aujourd’hui, la présence d’émissions de danse à la télévision française n’a pas été nulle. Et je dirais même que, dans l’année qui s’est écoulée, il y en a eu plusieurs. Le tout était de ne pas les manquer… Les émissions en question étaient de plusieurs ordres. Il y avait tout d’abord les émissions où la danse était mêlée à d’autres arts du spectacle. C’est par exemple le cas de l’émission La France a un incroyable talent de M6, adaptation de l’émission américaine America’s Got Talent. Les danseurs en solo ou en groupe ont bien souvent été au premier plan parmi les votes de cette émission de type télé-crochet. Le dernier cas en date est celui du tout jeune couple de danse Axel et Alizée qui sont sortis vainqueurs de la saison en montrant de la danse sportive. Il est à noter que sur 5 saisons de 2006 à 2010, les vainqueurs ont été par 4 fois des danseurs.

En plus des émissions non spécialisées, il y a aussi eu des émissions entièrement dédiées à la danse. Je passe ici sous silence les rediffusions de championnats de danse sportive sur France 3 et Paris Première ainsi que les divers spectacles diffusés sur Arte et Mezzo, par exemple, que l’on connaît depuis déjà un certain temps. Côté séries d’émissions, il y a par exemple eu Dance Street sur France ô (chaîne du groupe France Télévisions). Le principe était que chaque semaine quatre groupes de danseurs, confrontés à diverses épreuves éliminatoires et au vote du public, se défiaient sur des danses dites « urbaines ». Ils devaient convaincre un jury composé du danseur Bruce Ykandji, du chanteur Jessy Matador, et de la professeur de danse Malika Benjelloun. L’équipe gagnante obtenait le droit de participer à une grande soirée événement ou d’apparaître dans un clip. Le casting était un peu biaisé à mon sens, car on essayait de faire rentrer dans la case « danse urbaine » le coupé-décalé, le forro ou encore la danse latine. Il est clair que cela ne pouvait être qu’une troupe de hip-hop qui pouvait en ressortir vainqueur, en 2010 en l’occurrence, ce furent les « 91 Pact » avec du hip-hop new style. Finalement, une émission qui doit encore gagner en maturité malgré certaines prestations de danse de très bonne qualité… Une autre série d’émissions récente était U Dance sur NRJ12, dont c’était la seconde saison en 2010. La finalité gagner sa place pour danser devant 3000 personnes sur la scène mythique de l’Olympia aux cotés de M. Pokora (dont je vais vous reparler un peu plus bas…). Lors d’un grand casting national, 5 candidates ont été retenues pour participer à l’aventure. C’est à Barcelone qu’elles ont rejoint M. Pokora durant 1 semaine et Mylène, Kiya, Ambre, Laure et Emilie ont du relever des challenges quotidiens. Entraînées et épaulées par Laura Treves, une chorégraphe au caractère de feu, elles ont du repousser leurs limites pour montrer qu’elles étaient à la hauteur de l’enjeu. Côté résultat, Émilie a été élue par le public pour faire un solo avec la star et Mylène choisie par M. Pokora pour être le leader du groupe.

En plus des émissions entièrement en français, il y avait aussi des émissions en anglais, mais doublées en français. Une première émission s’appelait Got to Dance. La saison 1 (2009-2010) de cette émission anglaise de casting de danseurs initialement diffusée sur Sky 1 a été diffusée doublée en français sur Gulli (chaîne 18 de la TNT). Parmi le jury on trouvait Ashley Banjo, le leader de la troupe Diversity (vainqueur de « Britain’s Got Talent », l’équivalente anglaise de notre « Incroyable talent » qui a révélé Susan Boyle), ainsi que Kimberly Wyatt (membre des Pussycat Dolls) et Adam Garcia (danseur à claquettes d’origine australienne). L’objectif était de sélectionner la meilleure troupe de danseurs par le biais d’un casting éliminatoire. Ici, il ne s’agissait donc pas de danseurs en solo, mais de prestations en groupe. Dans un registre différent, mais toujours en doublage en français, il y a eu une autre émission récente au concept plus original. Il s’agit de Dance your ass off, émission américaine diffusée en France sur Virgin 17 (l’ancien nom de l’actuelle chaîne DirectStar). L’objectif était, pour un ensemble de personnes à forte corpulence, de perdre un maximum de poids en dansant en association avec un danseur professionnel. Bien sûr, sur plusieurs semaines, l’épreuve portait ses fruits. Les bienfaits de la danse sur la santé sont à présent bien reconnus. Deux saisons de cette émission ont été produites. La première saison était présentée par Marissa Winokur (demi-finaliste dans Dancing With the Stars, saison 6 — voir un peu plus loin à quoi correspond cette émission — et ayant joué dans la version Broadway du film Hairspray) et la seconde par Mel B des Spice Girls (elle aussi demi-finaliste dans Dancing With the Stars, saison 5, mais moins potelée…). Et malgré cela vous pensiez qu’il n’y avait pas beaucoup de danse à la télévision ? La difficulté était juste de trouver la bonne chaîne et le bon horaire. J’essaye d’afficher dans la section « actualités/médias » d’UltraDanse les informations quand je les ai assez tôt, restez donc à l’écoute !

Venons-en à l’émission dont je parlais dans l’introduction de cet article… Danse avec les Stars est l’adaptation française de l’émission anglaise Strictly Come Dancing (également adaptée aux États-Unis sous le titre Dancing with the Stars). En France, elle est présentée par Sandrine Quétier et Vincent Cerutti. Sa diffusion a lieu sur TF1, depuis le 12 février à 20 heures 45 pour une série de 6 émissions. Les noms des célébrités (les fameuses « stars ») qui participent à l’émission sont: David Ginola, Sofia Essaïdi, Adriana Karembeu, André Manoukian, Jean-Marie Bigard, Rossy de Palma, M. Pokora et Marthe Mercadier. Chaque semaine l’un d’eux est éliminé par un vote composé à 50% de celui du jury et à 50% de celui des téléspectateurs qui votent par SMS ou téléphone. Le jury du plateau est composé d’Alessandra Martines (ancienne ballerine et actrice d’origine Italienne), Jean-Marc Généreux (venant du Canada, compétiteur de danse sportive et chorégraphe dans So You Think You Can Dance) et Chris Marques (ancien compétiteur en salsa et chorégraphe dans Strictly Come Dancing, d’origine franco-portugaise exilé en Angleterre). On peut se demander pourquoi la production n’a pas retenu un seul danseur actif en France pour former le jury. Pourtant des professionnels très reconnus avaient passé le casting pour le jury. Si le critère était de « crier » son avis, de se montrer et d’avoir de bons « jeux de mots » lors de l’annonce des résultats, il est sûr qu’ils ont fait le bon choix… Même si le jury peut être considéré comme légitime, les critères « télévisuels » sont encore manifestement trop prédominants par rapport à la danse proprement dite.

À chaque émission, plusieurs danses sont présentées par les couples composés d’une célébrité et d’une danseuse/d’un danseur professionnel(le). Il s’agit d’une des 10 danses que compte la danse sportive (celle des compétitions). Pas de rock, pas de java, pas de lindy hop, ni de tango argentin donc (du moins pour l’instant). Commençons par le positif.

Il y a de jolies prestations comme celles de Sofia Essaïdi et de M. Pokora, deux artistes jeunes avec en plus un background de danseurs (mais pas en couple). En revanche, il y a aussi des prestations désastreuses comme celles de Marthe Mercadier (et l’âge n’est malheureusement pas le seul responsable). Bref, il y a à boire et à manger, mais le critère qui prime, encore une fois, est le spectacle de divertissement, même si la danse n’est pas réussie. Alors, dans ce genre d’émission, qu’est-ce qui fait un bon résultat ?

C’est un ensemble de facteurs dont une star douée pour la danse et motivée, un professionnel compétent et qui sait rendre rapidement accessible une technique complexe à un néophyte, une chorégraphie qui fait un joli spectacle sans négliger la base de la danse utilisée et enfin une jolie musique. Parlons-en de la musique… Je m’interroge sur l’utilisation de certains titres qui me semblent totalement en décalage par rapport à la danse annoncée. Samedi, il y avait une « rumba » sur « Time of My Life » de la BO de Dirty Dancing qui n’a rien à voir avec une rumba. La semaine précédente, il y avait une « valse » sur « Cry Me a River » où la soi-disant valse ne correspondait pas à la musique. Dans les deux cas, il s’agissait du même couple de danseurs (Bigard et Fauve) ; je ne sais pas d’où vient le problème, mais même sans être puriste un débutant prenant des cours de danse en couple en école ou association n’a aucune chance de s’y retrouver. Bref, en conclusion sur cette émission, disons que c’est une initiative positive, car elle a l’avantage de proposer de la danse à une heure de grande écoute. C’est très bien pour le grand public qui ne danse pas et cherche un divertissement. Toutefois, les erreurs de jeunesse et le manque de rigueur au niveau de la danse en elle-même pourraient générer des critiques au sein des personnes qui savent déjà danser et qui auront peut-être du mal à comprendre que la danse n’est qu’un facteur de jugement parmi tant d’autres. Et malgré tout cela, je suis chaque semaine devant l’écran, car peu importe ce que l’on pense, ça fait quand même du bien de voir de la danse à la télévision et j’espère que cela en motivera plus d’un à s’y essayer en vrai.

Me voilà encore arrivé à la fin d’un article fleuve… J’avais pourtant pris la résolution de faire plus court cette année ! Ca compensera donc le début d’année irrégulier de ce blog. Il donc est temps de conclure… Voilà, voilà. J’attends toujours avec impatience l’adaptation française de mon émission de danse préférée So You Think You Can Dance qui doit attaquer cette année sa huitième saison. Je ne parle pas ici du doublage en français qui a déjà été diffusé sur DirectStar pour la saison 3 américaine (tiens, je l’avais oubliée dans la liste, celle-là…), mais d’une vraie version française avec des danseuses et danseurs français ainsi qu’un jury français de bon niveau. Si cela pouvait se faire sans frilosité et avec les moyens adéquats, cela ravirait, je pense, toute la communauté de la danse en France (et probablement en Belgique et en Suisse aussi). Mais sait-on jamais que mon message soit entendu un jour jusqu’au niveau des producteurs et diffuseurs ?

Partagez cet article :

La clave de la salsa

Partagez cet article :

S’il est une musique que beaucoup de danseurs considèrent comme difficile à approcher, c’est bien la salsa. Cette musique d’origine cubaine issue du son est tellement riche que certains se perdent dans les multiples percussions qui se complètent, se superposent et font une musique parfaite pour danser et s’exprimer. Dans cet article, je vais modestement tenter de donner quelques clefs à ceux qui souhaitent comprendre un peu mieux comment danser sur une telle musique. Accessoirement, une partie des explications ci-dessous pourra être retrouvée dans un livre à paraître en septembre 2011 que je suis en train d’écrire sur la salsa cubaine (et le merengue) et qui fait le pendant de celui que j’ai déjà écrit sur le mambo et la salsa portoricaine.

La base de la musique cubaine est la clave (prononcer « klavé »). C’est un motif rythmique joué par deux petits bâtons de bois que l’on frappe l’un contre l’autre. Le motif rythmique de la clave comporte deux parties. L’une contient trois sons, et l’autre deux. La clave est ainsi qualifiée de 3-2 ou 2-3 selon que les 3 sons arrivent en premier ou en second. Pour une clave 3-2, on entend donc trois sons sur le 1-2-3-(4) de la musique et deux sons sur le 5-6-7-(8). Pour résumer, le mot « clave » désigne à la fois l’instrument de percussion en bois et le rythme sur 8 temps (2 mesures) comprenant 5 sons. Dans les orchestres modernes, les bâtons de bois sont remplacés par un bloc de plastique utilisé parmi les autres percussions.

Une clave 3-2, comporte 5 sons. Ceux-ci sont positionnés sur le temps 1, entre le temps 2 et le temps 3, sur le temps 4, sur le temps 6 et sur le temps 7. Vous pouvez écouter ce que cela donne en cliquant sur la petite icône ci-contre à gauche. À côté de cela, un pas de base de salsa « on 1 » comporte des appuis au sol sur les temps 1, 2, 3, 5, 6, 7 (salsa cubaine ou portoricaine) tandis qu’un pas de salsa « on 2 » comporte des appuis au sol sur les temps 2, 3, 4, 6, 7, 8 (salsa portoricaine essentiellement). La clave permet donc de danser sur le 1 de la musique, salsa « on 1 », (on y fait le premier pas d’un pas de mambo) ou sur le 2, salsa « on 2 » (c’est donc sur le 2 que se fait le 1er pas). Sur une clave 3-2, les danseurs de « on 1 » suivent les temps 1, 6 et 7 alors que les danseurs de « on 2 » suivent les temps 4, 6 et 7. L’un des impacts de clave tombant entre le temps 2 et le temps 3, il est aussi possible de l’utiliser pour donner des accélérations ou des ralentissements dans la danse, d’où une richesse certaine et, peut-être, une difficulté pour les débutants. Trouver le 1 est donc plus « naturel » sur une clave 3-2 que trouver le 2 sur une clave 2-3 lorsque l’on compte la musique (lorsqu’on en arrive à ressentir la « respiration » de la clave sans compter, tout va mieux).

La clave n’est pas le seul repère que l’on peut suivre pour danser la salsa. Il y a d’autres percussions qui aident à repérer certains temps musicaux, en voici une liste rapide.

  • Congas: temps 2 et 6
  • Campana (cowbell): 1, 3, 5, 7
  • Güiro: 1, 3, 5, 7
  • Bongos: 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8
  • Maracas: 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8
  • Timbales: 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8

La campana en particulier (que l’on assimile parfois avec un son de cloche), lorsqu’elle est présente dans un morceau de salsa, aide beaucoup démarrer sur un temps pair (salsa « on 1 »). D’un autre côté, les congas aident à démarrer sur un temps impair (salsa « on 2 »).

À ces percussions, il est possible d’ajouter d’autres repères plus harmoniques. Il y a par exemple la basse (contrebasse ou guitare), le piano, les cuivres et, bien sûr, la voix des choeurs ou du soliste. Dans les cas simples, suivre ce qui ressemble à un début de couplet ou de refrain (même si la structure d’un morceau de salsa ne suit pas cette logique) peut permettre de savoir quand poser le premier pas tout en restant en musique.

D’autres styles musicaux méritent d’être détaillés du fait de leur richesse intrinsèque afin que les danseurs puissent pleinement profiter de celle-ci. Avec la salsa, je mettrais volontiers le swing (auquel j’ai déjà consacré un article de ce blog) et le tango argentin. Avec ces musiques, nous sommes loin du rythme binaire du paso doble ou ternaire de la valse. Les possibilités d’improvisation sont infinies et on en découvre encore bien plus lorsqu’on a quelques repères musicaux pour faire s’accorder notre danse à la musique.

Partagez cet article :

Dean Martin et Jerry Lewis

Partagez cet article :

Dans les années 1945 à 1956, un duo d’artistes était particulièrement connu aux États-Unis aussi bien pour la qualité de ses sketches qui contenaient aussi bien des chansons que de la danse. Ce duo, mêlant le charme de crooner de l’un de ses membres à l’humour déjanté du second était composé de Dean Martin et de Jerry Lewis. Ce sont deux personnages que l’on a un peu oubliés (et en particulier leur duo à succès) et que je vous propose de redécouvrir ci-après, avec un focus sur leurs prestations dansées qui tenaient une place particulièrement importante dans leurs numéros.

C’est le duo de type clown blanc (Dean Martin) et Auguste (Jerry Lewis) qui a fait le succès de ses membres. Il est vrai qu’auparavant les compères n’avaient pas autant de succès séparément. Avant leur rencontre, Dean Martin (de son vrai nom Dino Paul Crocetti) était un crooner de night-club après avoir été boxeur ou encore croupier de casino. De son côté, Jerry Lewis (pseudo pour Joseph Levitch) était un comique qui faisait des numéros où il mimait de manière exagérée une bande-son. Les deux artistes passaient au Glass Hat Club de New York lorsqu’ils firent connaissance en 1945. Dans leurs premières apparitions en tant que duo, Dean Martin chantait tandis que Jerry Lewis faisait le pitre autour, tentant de le déstabiliser. Le numéro se terminait par une poursuite. Leur succès s’accrut rapidement et leur ouvrit les portes de la radio et de la télévision au point d’avoir leur propre émission. Leur relation se dégrada au bout de quelques années et la fin de leur association était marquée par de nombreuses disputes. À partir de 1956, chacun reprit une carrière en solo au cinéma.

Durant toutes ces années de collaboration, les deux artistes ont persemé leurs numéros de danse. Essentiellement de la danse en couple, mais pas seulement. Cela est arrivé dans des émissions de télévision, mais aussi dans des films. Par exemple, dans le film « Livig It Up » de 1954 (photo ci-contre), on voit Jerry Lewis danser le lindy hop/jitterbug avec Sheree North. Même s’il fait le pitre, on devine bien ses qualités de danseur (que je vous propose de découvrir à la fin de cet article). Pour le duo de choc, l’émission « Colgate Comedy Hour » (voir plus bas) a été un terrain expérimental particulièrement riche où ils s’adonnaient à toutes sortes d’exercices allant du sketch burlesque à des prestations aux allures de comédie musicale. Et il faut bien avouer qu’ils n’hésitaient pas à faire quelques pas dans les bras l’un de l’autre pour faire rire le public. C’est dans cet état d’esprit caractéristique que ces amoureux du jazz et des danses associées ont fait découvrir le swing à des milliers d’Américains.

Je vous propose de regarder une vidéo en 2 parties. Il s’agit du sketch de la leçon de danse de Dean Martin et Jerry Lewis. Cette vidéo est extraite de l’émission américaine « Colgate Comedy Hour » (sponsorisée par la marque incluse dans son nom), diffusée à la télévision le 11 décembre 1950. Dean Martin fait le professeur de danse et Jerry Lewis fait un néophyte un peu simplet… Ceux qui ne parlent pas anglais auront peut-être un peu de mal à saisir toutes les subtilités des gags, mais ils pourront quand même comprendre l’essentiel de l’humour des deux comparses que j’aime personnellement beaucoup. On se demande si Jerry Lewis, à son époque, n’avait pas déjà inventé le jumpstyle (danse dont j’ai parlé il y a plusieurs mois dans un autre article de ce blog).

Et voici la seconde partie du sketch…

Le « Colgate Comedy Hour » est une émission de télévision qui a été diffusée à la télévision américaine de 1950 à 1955. Jerry Lewis et Dean Martin firent les beaux jours de cette émission, comme vous avec pu le deviner dans les vidéos ci-dessus. Dans une émission de la série, Jerry Lewis (presque) tout seul fait la comparaison avec la danse swing des années 40 et une nouvelle manière de danser en progression. C’est ce que je vous propose de regarder ci-dessous.

Pendant longtemps, j’ai cru que Dean Martin était simplement un chanteur grâce à des CD de compilation de crooners et Jerry Lewis un clown à cause de la rediffusion de certains films comme « Docteur Jerry et Mister Love ». Ce n’est que plus tard, avec l’ère de Youtube, que je suis tombé sur des vidéos d’époque qui m’ont prouvé qu’ils aimaient aussi beaucoup la danse et qu’ils en parsemaient leurs numéros pour notre plus grand plaisir. J’ai souhaité limiter à 3 le nombre de vidéos de cet article, mais je vous conseille d’aller faire un tour sur les sites d’hébergement de vidéos (Youtube ou Dailymotion) et d’en découvrir d’autres (dont certaines faites chacun de son côté après la fin de leur duo).

Partagez cet article :

De l’importance des bases

Partagez cet article :

Aujourd’hui, je vous propose de parler des bases techniques de la danse. En effet, les professeurs de danse ont l’habitude de toujours commencer leurs cours du niveau débutant par la même chose. Invariablement, les premiers pas, les premiers mouvements, les premières figures seront les mêmes, peu importe le nombre d’élèves et peu importe leur aisance naturelle. Ces premiers éléments que l’on découvre lorsqu’on débute dans un style de danse sont appelés les bases.

Si l’on regarde dans le dictionnaire Larousse, on trouve la définition suivante pour le mot « base ».
Base : nom féminin, (latin basis, du grec basis, allure)
(1) Assise, socle, support sur lesquels repose un objet : La base d’une colonne.
(2) Partie inférieure d’un corps, par laquelle il repose sur ce qui le soutient ou le rattache à quelque chose d’autre : La base d’une montagne. La base du cou.
(3) Origine, fondement, principe de quelque chose, ce sur quoi tout repose (souvent pluriel) : Établir les bases d’un accord.
[…] Issu de Larousse.fr

Dans le contexte de la danse, la base est donc ce sur quoi repose tout le reste. Sans une bonne base, tout le reste ne tient pas, comme le socle pour une statue ou les fondations pour une maison. D’ailleurs, on a plutôt l’habitude de parler de bases (au pluriel), car c’est une combinaison de différents éléments qui sert de support à la danse. Parmi ces éléments de base, on a des postures, des mouvements et des règles. C’est en combinant ces éléments de base que l’on forme un certain style de danse que l’on va pouvoir classifier. Par exemple, l’en-dehors et les pointes font partie des bases de la danse classique. Le flamenco ne comporte pas ces éléments de base et il est donc aisé de ne pas confondre une chorégraphie classique et une chorégraphie de flamenco. Autre exemple, la position de base du tango est très rapprochée (contact important de la cuisse aux côtes flottantes, etc.) alors que dans les positions de base du cha-cha les partenaires sont bien plus éloignés. Sauriez-vous différencier le tango du cha-cha sur les photos ci-contre (en faisant abstraction de ce qui est écrit, évidemment…) ? Ce sont les bases de ces danses respectives qui leur confèrent leur personnalité et leur allure visuelle.

Dans le cadre des danses en couple, les bases donnent non seulement une certaine allure à la danse, mais elles servent aussi à la communication entre les partenaires. Prenons le cas du rock. Pour pouvoir danser ensemble sans heurts et en musique, deux partenaires doivent partager les mêmes bases, car même en rock divers styles et techniques existent. Prenons quelques exemples.

  • Rock à 4 temps ou 6 temps ?
    Danser le rock à 4 temps signifie qu’un pas de base est effectué sur 4 temps musicaux. Cela implique donc qu’un pas de base de rock à 6 temps dure 2 temps de plus. Naturellement, s’il n’adapte pas son pas, un danseur à 6 temps ne pourra pas danser avec une danseuse à 4 temps… Sans compter les différences de technique de guidage.
  • Ligne de danse fixe ou non ?
    Certaines méthodes ne parlent pas de ligne de danse en rock alors que d’autres imposent une ligne fixe dans l’espace (c’est plus pratique pour les voisins…). Cela entraîne un potentiel décalage dans l’espace entre les partenaires si l’un des deux ne suit pas strictement une ligne de danse.
  • Connaissance ou non de certaines conventions (appel de main par exemple) ?
    L’appel de main est un signal visuel permettant à un danseur de demander l’une des mains à sa partenaire. Si la partenaire ne connaît pas le signal correspondant, elle ne présentera pas sa main et le danseur sera gêné pour guider la figure qu’il a en tête.

Ce ne sont que quelques exemples sur une danse donnée, mais je pourrais en énumérer beaucoup d’autres. J’ajoute à cela le fait que de mauvaises bases empêchent une danseuse/un danseur de progresser à un certain moment de son évolution. Un danseur qui ne sait pas faire correctement une pirouette (un tour sur soi) aura du mal à en faire deux à la suite. De même, un danseur qui n’a pas une bonne technique de bas de base de rock ne pourra pas danser correctement sur des tempos très rapides. C’est pour cela qu’il faut prendre le temps nécessaire pour bien maîtriser les bases et ne pas brûler les étapes (les professeurs sont donc parfois obligés de canaliser l’impatience de leurs élèves pour s’en assurer).

Si l’apprentissage des bases est capital, il est aussi essentiel de travailler régulièrement ces bases. Les bases doivent généralement passer à l’état de réflexes ou au niveau de l’inconscient (un peu comme la conduite automobile) afin de franchir les étapes suivantes. Par la suite, lorsqu’on danse et que l’on progresse, on a tendance à se focaliser sur les derniers mouvements ou les dernières techniques qu’on a appris. Et, petit à petit, on perd de vue ces fameuses bases et, même si on les connaît, on peut avoir tendance à en simplifier ou déformer des parties. D’où cette nécessité de rafraîchissement régulier de mémoire. Il n’est pas déshonorant, pour un danseur avancé, de retravailler les bases avec les débutants. Les difficultés rencontrées par ces derniers lui rappellent d’ailleurs un état d’esprit qu’il peut avoir laissé de côté.

Enfin, bien acquérir les bases est aussi important pour des raisons de sécurité. Cela va du simple fait de marcher sur les pieds de son/sa partenaire en valse à la bonne exécution d’une acrobatie de rock acrobatique. Le moindre risque peut avoir des conséquences : un bras mal maîtrisé et c’est l’oeil au beurre noir, un appui non préparé et c’est la chute, etc. Ce genre de désagréments est le propre de toute activité physique et la danse, qu’elle soit de salon ou hip-hop, n’y fait pas exception.

La conclusion de cet article portant sur les bases est simple : pour bien danser, il faut apprendre. Pour bien apprendre, il faut suivre des cours dispensés par des gens sérieux et être conscient des conséquences de bases mal acquises. Et pour parodier une célèbre maxime : bases mal acquises ne profitent jamais !

Partagez cet article :