C’est aujourd’hui la fête de la musique en France et dans 110 pays dans le monde entier. À cette occasion, je vous fais part de quelques réflexions du moment sur la relation entre la danse et la musique (ou inversement). En effet, en danse libre en couple, le principe communément appliqué lors des soirées dansantes est que l’orchestre ou le DJ propose les morceaux de musique sur lesquels la danseurs improvisent leur danse. Cela n’est cependant pas le cas dans toutes les situations.
Je regardais récemment l’émission « Got to dance » qui passe sur Gulli et j’ai été frappé par le fait que toutes les chorégraphies de hip-hop étaient dansées sur un morceau de musique fait sur mesure. À la limite, je dirais qu’il était difficile de qualifier cela de musique tellement il y avait de bruitages et de petits bouts de 10 secondes enchaînés les uns derrière les autres. Il est certain que le spectacle était là, la bande-son mettait en valeur les mouvements des danseurs et les positions en arrêt qui étaient prises. Mais au niveau de mes oreilles un peu mélomanes, c’était peu agréable. Et pourtant, j’apprécie tous les morceaux de r’n’b, dancehall ou electrodance qu’on entend sur les ondes aujourd’hui. Je me suis dit que la bande-son n’était pas un assemblage de titres aux ambiances différentes avec quelques transitions, mais plutôt un assemblage de transitions avec quelques notes d’ambiance.
Je considère que la musique et la danse sont indissociables. Si l’on a une belle musique associée à une belle danse, c’est déjà bien. Mais si, en plus, les deux concordent parfaitement, c’est l’idéal. Certains enseignants en danse qui auront préparé des chorégraphies pour finir la saison par un gala se seront probablement posé la question de cette concordance. D’autres non, et c’est dommage. Je crois qu’au minimum la danse doit pouvoir s’adapter à une musique donnée. C’est comme cela que sont créées les chorégraphies : le chorégraphe écoute la musique et exprime ce qu’il ressent dans sa création chorégraphique. Cela semble évident en danse classique par exemple. Rappelons aussi qu’un morceau de musique est bien souvent enregistré ou mis en partition et qu’il est donc difficile aux musiciens de la modifier et de s’adapter à la danse sans en changer la nature.
D’un autre côté, il y a un genre musical que j’apprécie tout particulièrement et qui fait exception : le swing. Comme toute forme de jazz, le swing est basé sur l’improvisation. À l’époque des big bands dans les années 1930 et 1940, les morceaux de swing étaient composés pour faire danser les foules et, lors de leur interprétation en public, il arrivait fréquemment que les musiciens réagissent à la manière de danser du public et modifient ainsi leur improvisation. Ce jeu entre les danseurs et les musiciens (qui n’hésitaient pas à se faire mutuellement des blagues et clins d’oeil) est très bien décrit par Frankie Manning dans son autobiographie. Comme je l’ai laissé entendre plus haut, de nos jours, la technologie numérique permet de constituer un morceau à partir samples et de bruits ou de restructurer un morceau de manière qu’il colle à un enchaînement chorégraphique donné. C’est donc la musique qui s’adapte à la danse. L’idéal est, bien évidemment, quand la musique va vers la danse et vice-versa. Les deux genres se complètent et se rencontrent au juste milieu pour le meilleur effet général possible. L’impression que cela doit donner est que la musique est faite pour la danse et que la chorégraphie dansée est faite pour la musique jouée. Pour y parvenir, les qualités de danseur ne suffisent pas, il faut aussi des qualités dans le domaine de la musique. Tout se passe très bien quand le danseur est musicien et quand le musicien est danseur, mais ce n’est pas toujours le cas.