Archives par mot-clé : chorégraphie

Bob Fosse, as du cabaret et inspiration pour Michael Jackson

Partagez cet article :

Tous ceux qui aiment la danse de style « Broadway », la comédie musicale ou le cabaret connaissent forcément Bob Fosse, un danseur, chorégraphe et réalisateur dont la patte visuelle est parfaitement identifiable. Le grand public connaît son œuvre sans forcément connaître le personnage par le biais de films comme « All that jazz » (« Que le spectacle commence » en version française) ou encore « Cabaret ». Je vous invite, par cet article, à découvrir un chorégraphe qui a su apporter sur scène et à l’écran une esthétique de danse toute particulière que j’aime beaucoup.

Bob FosseRobert « Bob » Fosse est né en 1927 à Chicago et a très tôt pris des cours de danse, au point de faire sa première représentation en public à l’âge de 13 ans avec Charles Grass, formant le duo des Riff Brothers. Après la Seconde Guerre mondiale, il apparait régulièrement sur scène et dans quelques shows télévisés dont The Colgate Comedy Hour pour lequel il a été sollicité par Dean Martin et Jerry Lewis (j’ai écrit un article sur ces deux lascars dans ce blog, vous savez quoi faire pour en savoir plus !).

The Affairs of Dobie GillisIl fait sa première apparition au cinéma en tant qu’acteur-danseur pour la MGM dans le film « The Affairs of Dobie Gillis » (« Casanova Junior » en français) en 1953 avec Debbie Reynolds où il tient l’un des seconds rôles. Il est d’ailleurs amusant de remarquer que le titre phare du film « All I Do Is Dream of You », un morceau écrit en 1934, avait été chanté l’année précédente par cette même Debbie Reynolds dans un film culte nommé « Chantons sous la pluie »Acheter sur Amazon (scène où elle sort d’un gâteau d’anniversaire). Mais revenons à notre ami Bob qui a aussi tourné à l’époque dans « Give a Girl a Break »Acheter sur Amazon, mais tout particulièrement « Kiss Me Kate »Acheter sur Amazon dont une scène qu’il a dansée et chorégraphiée a mis le projecteur des producteurs de Broadway sur lui. All That Jazz À partir de 1954, il vogue entre les spectacles sur scène, pour lesquels il sera récompensé de nombreux Tony Awards (pour « Pippin » par exemple), et le cinéma. Ses chorégraphies sont variées, fluides et décalées ; elles mêlent souvent jazz, cancan, charleston, simple marche et des danses n’ayant rien à voir les unes avec les autres. Cela étant, son style tellement particulier est aujourd’hui devenu synonyme de cabaret et de Broadway avec l’utilisation du chapeau et les frétillements des mains. Petite anecdote : Bob Fosse racontait que s’il avait eu l’idée d’utiliser un chapeau dans ses chorégraphies, c’est à cause de sa calvitie qui a très tôt fait son apparition.

Sweet charityJe me concentre sur sa carrière cinématographique par la suite, car c’est ce qu’il reste de plus facile à visionner aujourd’hui en DVD ou streaming pour vous rendre compte par vous-même ou en savoir plus. En 1969, Bob Fosse tourne « Sweet Charity »Acheter sur Amazon avec Shirley MacLaine jouant le personnage principal d’une taxi girl qui se fait arnaquer par son petit ami. Il s’agit d’un remake musical et dansé des « Nuits de Cabiria »Acheter sur Amazon de Federico Fellini. Autant dire que l’histoire est parsemée de scènes atypiques par rapport au cinéma grand public. Je vous reparlerai de ce film en fin d’article sous un angle plus actuel, vous verrez pourquoi.

CabaretUn film incontournable réalisé en 1972 est « Cabaret »Acheter sur Amazon avec Liza Minnelli. Bob Fosse obtint 8 Oscars dont celui du meilleur réalisateur pour ce film. À Berlin, au début des années 30, le meneur de jeu du cabaret le Kit Kat Klub accueille la clientèle, milliardaires et escrocs. Un jeune étudiant anglais s’installe à la pension Schneider et fait la connaissance de sa voisine, exquise et aguicheuse, du nom de Sally Bowles, qui chante au cabaret dont les chansons et les danses ponctuent le film sur un fond de montée du nazisme et du national-socialisme. Certaines postures de Liza Minnelli ne sont pas sans rappeler celles de Marlène Dietrich dans le film de 1930 l’Ange BleuAcheter sur Amazon, qui partage la même ambiance sociale. Ce film est en réalité inspiré de la comédie musicale « Cabaret » de John Kander et Fred Ebb, qui connut un grand succès à New York en 1966. Et si vous entendez la bande son du film, vous reconnaîtrez forcément des titres qui ont été maintes fois repris dans des spectacles sur scène.

En 1974, Stanley Donen réalise une adaptation du « Petit Prince » de Saint-Exupéry, reprenant l’histoire du roman ponctuée de numéros musicaux. Bob Fosse crée une partie des chorégraphies du Petit PrinceAcheter sur Amazon et y joue le serpent dont la gestuelle et les attitudes inspirent fortement Michael Jackson dès la sortie de son album Off The WallAcheter sur Amazon en 1979. Dans une scène de quatre minutes, nous y voyons la majorité de tout ce qui fait le style esthétique de Michael Jackson — mais ne serait-il pas plus exact de dire le style Bob Fosse ? Je vous laisse plutôt en juger par vous même :

All thata jazzBob Fosse réalisa un autre de ses films d’exception en 1979 sous la forme de « All That Jazz »/ »Que le spectacle commence »Acheter sur Amazon. Inspiré de la vie personnelle de Bob Fosse qui avait fait un malaise cardiaque quelques mois avant le film, il raconte l’histoire d’un metteur en scène et chorégraphe qui veut faire de son prochain spectacle à Broadway l’apothéose de sa carrière. Le personnage vogue entre le travail de casting et de préparation du spectacle et ses excès d’alcool, d’amphétamines et les conquêtes féminines et son cœur finit par céder à ce rythme effréné. Ses pensées se mélangent et prennent la forme d’une comédie musicale, un ultime spectacle où la Mort lui apparait de nouveau pour enfin l’accueillir. Ce film a reçu la Palme d’or à Cannes en 1980.

Le dernier film tourné par Bob Fosse fut « Star 80 »Acheter sur Amazon. Un film de type biopic qui ne parle pas de danse. L’artiste sera emporté par une crise cardiaque 4 ans plus tard à seulement 60 ans.

De nombreux de nos contemporains (dont les plus jeunes) ont récemment découvert Bob Fosse par le biais d’une de ses chorégraphies iconiques, « The Rich Man’s Frug » issue du film « Sweet Charity »Acheter sur Amazon et reprise de centaines de fois dans l’application TikTok dans tous les pays du monde. Le « Rich Man’s Frug » est une chorégraphie comportant trois parties (« The Aloof »/la réservée, « The Heavyweight »/le poids lourd et « The Big Finish »/le grand final) qui met en valeur le style chorégraphique distinctif de Bob Fosse et en particulier son utilisation créative de poses, de gestes et de mouvements de bras caractéristiques. Je vous propose ci-dessous l’ensemble de ces trois scènes, dont on reconnaitra aisément l’univers sixties des mouvements (aussi repris dans les films d’Austin PowersAcheter sur Amazon). Personnellement, je ne m’en lasse pas !

Et puis, pour la forme, voici un lien vers l’une des multiples reprises disponibles sur TikTok. En l’occurrence, je vous propose celle de Sarah « Smac » McCreanor, une excellente danseuse australienne que j’ai découverte dans l’émission « So You Think You Can Dance » (j’ai déjà parlé de cette émission dans ce blog), il y a quelques années. Et si vous relevez le challenge en vidéo, n’hésitez pas à me faire passer le lien pour que je voie cela !

@smacmccreanor

 

Haven’t been this excited for a TikTok trend since joining a year ago. DC: Sir Bob Fosse ##bobfosse ##frug

♬ original sound – Finian Hackett

Voilà qui conclut cette présentation d’un artiste qui a marqué l’histoire du cabaret et de la culture populaire sans que le grand public ne connaisse réellement suffisamment son nom à mon avis. J’espère avoir quelque peu remédié à cette situation et j’espère que vous saurez partager cet article autour de vous si vous avez appris des choses !

Partagez cet article :

Chorégraphie et improvisation

Partagez cet article :

Les personnes ne dansant pas imaginent souvent que chaque danse qu’ils voient est chorégraphiée au millimètre et que les danseurs ont répété durant des heures. S’il est vrai que des heures de travail ont été nécessaires pour parvenir au résultat, il n’est pas certain que la danse ne soit pas issue d’une improvisation. Parlons donc aujourd’hui de ce qui différencie l’improvisation de la chorégraphie, deux manières tout à fait différentes et complémentaires de concevoir la danse.

En cette période de fin de saison, les galas et spectacles de fin d’année sont nombreux dans toutes les villes où des cours de danse sont dispensés. C’est l’occasion de montrer ce qui a été fait durant l’année et de fêter la fin d’une saison où l’on a mis tout son coeur à perfectionner sa danse. Apprendre une chorégraphie pour la reproduire à la perfection lors d’un spectacle est une tâche où la mémoire est beaucoup sollicitée, mais qui a l’avantage, répétition après répétition, d’imprégner le corps des mouvements qui composent la danse. Il n’est donc pas seulement question d’apprendre une poésie par coeur, chacun s’approprie aussi l’esprit de la poésie au point de pouvoir en écrire une nouvelle variante après des heures de répétition. La chorégraphie forme une certaine logique dans les mouvements et cette logique intègre plus ou moins consciemment la danseuse ou le danseur. Cela fait partie de sa formation.

En ce moment, j’ai moi-même des élèves qui travaillent des chorégraphies de ce type. Prenons le cas de cours de rock au niveau débutant. La chorégraphie permet de réviser toutes les figures que l’on a apprises depuis le début de l’année et de les intégrer. Pour mettre un peu de piment dans l’exercice, j’ajoute en général un petit passage où l’interprétation musicale prime sur l’enchaînement de figures. L’apprentissage de l’enchaînement des figures connues et structurées se passe généralement bien. Je précise, pour les lecteurs qui ne pratiquent pas les danses en couple, que ces fameuses figures sont comme des briques ou des séquences de mouvements et de pas que l’on assemble pour former la danse. Pour simplifier, en soirée dansante, on utilise les mêmes briques, mais c’est ordre qui change au gré du danseur et de son aptitude à improviser cette succession selon la musique qu’il entend. Mais je reviens à mon enchaînement chorégraphique. La partie qui pose davantage de problèmes aux élèves habitués à manipuler ces fameuses briques est celle où j’ai un peu changé le rythme des pas et où je propose une gestuelle démonstrative inspirée par la musique et l’histoire que l’on veut raconter aux éventuels spectateurs. Autant la danse à deux improvisée est-elle un dialogue entre les partenaires, autant cet aspect spectacle ajoute-t-il le public comme troisième larron de l’affaire. Les danseurs doivent sortir de leur cadre protégé de la technique réglée du rock qui leur permet d’improviser et, le temps de quelques mesures, faire un tout autre exercice très cadré, mais où l’improvisation n’est plus possible. Cela oblige à écouter la musique et à danser pour un public, bref, à faire ce que font tout le temps les danseuses et danseurs de hip-hop, modern jazz, etc.

Tiens, parlons-en, des danseuses et danseurs de hip-hop, modern jazz et autre danse classique. Leur spécialité, c’est le spectacle en priorité, c’est la performance au sens anglais du terme. Ce n’est donc pas tout à fait la même problématique pour eux. Leur style de danse les habitue à danser soit pour eux-mêmes, soit pour un public. Les spectacles sont donc chorégraphiés au millimètre et il vaut mieux ne pas s’écarter de la ligne dessinée par le chorégraphie sous peine de perturber tout le spectacle. J’admets qu’en hip-hop, ce n’est pas tout à fait cela, car les battles peuvent amener les danseurs à improviser, mais tous les danseurs de hip-hop ne font pas des battles… En modern jazz, classique, etc. tout est donc cadré. La chorégraphie de fin d’année représente le travail de toute la saison et, à chaque représentation, les mouvements doivent être reproduits à l’identique. Il n’y a généralement pas d’improvisation, c’est un exercice que l’on apprend beaucoup plus tard après avoir appris des dizaines de mouvements nouveaux et après avoir suffisamment gagné en maturité pour les faire se succéder en suivant son inspiration. C’est plus difficile que pour les danseurs en couple, car le niveau n’est plus la brique dont je parle plus haut, mais plutôt le gravillon voire le grain de sable. Mais une fois que la danseuse ou le danseur a atteint ce niveau, quelle liberté s’offre à elle/lui ! Cela a toutefois un revers : un danseur formé uniquement au spectacle aura du mal à danser en fonction d’un/une partenaire. On connaît les pas de deux du ballet classique, mais je pense que même dans ce cas les danseurs, bien souvent, dansent chacun l’un à côté de l’autre et assez peu l’un avec l’autre (en dehors des portés, évidemment). La danseuse peut faire une pirouette sans l’aide ou le guidage de son partenaire et le danseur tente généralement de bien se positionner, mais ne donne aucun guidage puisque sa danseuse ne l’utiliserait pas.

On le voit, il y a différents niveaux d’improvisation et différents types de techniques. Je ne crois pas que certains soient davantage « vrais danseurs » que d’autres comme j’entends parfois dire. Les usages sont différents : d’un côté, il y a l’aspect social et convivial de la danse où l’improvisation est faite de briques qu’il faut ordonner un minimum (et parfois de petits cailloux lorsqu’il y a des jeux de jambes ou des attitudes). De l’autre côté, il y a l’aspect, spectaculaire et festif de la danse où l’improvisation se fait au niveau du grain de sable. C’est un peu plus long d’atteindre l’aisance en improvisation, mais le degré de liberté est aussi plus important. Le danseur complet devrait donc être en mesure à la fois de danser avec une/un partenaire en utilisant cette notion de suivi/guidage que tous les danseurs de danse à deux connaissent et de danser librement en improvisation devant un public. Ce sont ces deux qualités qui sont nécessaires dans le cadre de l’émission So You Think You Can Dance dont la nouvelle saison vient de démarrer aux USA. Et c’est peut-être pour cela que j’aime bien ce concept.

Partagez cet article :

Chorégraphie « Ai se eu te pego »

Partagez cet article :

Je reviens cette semaine avec un article à propose d’une chanson et une chorégraphie qui fait fureur en ce moment (mars 2012) : « Ai se eu te pego », chantée par le brésilien Michel Teló. Cet article a mis du temps à sortir, mais d’un autre côté il est, je crois, suffisamment détaillé pour compenser…

« Ai se eu te pego », que l’on peut traduire par « Oh si je t’attrape », est à l’origine une chanson brésilienne écrite en portugais en 2008 par Sharon Acioly et Antônio Dyggs. Elle fut interprétée en premier par Os Meninos de Seu Zeh. Ensuite, elle fut reprise par divers groupes brésiliens dont Cangaia de Jegue et sa version style reggae jusqu’à ce qu’en juillet 2011, le Brésilien Michel Teló s’en empare et la popularise dans le monde entier au point d’en faire une version en anglais « Oh, If I Catch You! » (dont la vidéo est sortie en janvier 2012). Cela commence par le Brésil ou le titre atteint rapidement la première place des hit-parades, puis ce fut au tour de l’Espagne, puis des autres pays. Plus récemment, des remixes pour discothèques ont été réalisés à partir de cette chanson dont la plus connue interprétée par Inna. Voici le texte original de la chanson avec une traduction (qui n’est pas de moi) qui permet un peu de comprendre certains mouvements suggestifs de la chorégraphie associée dont je parlerai plus loin.

Ai Se Eu Te Pego / Oh si je t’attrape

Nossa, nossa Assim você me mata Ai se eu te pego, ai ai se eu te pego Delícia, delícia Assim você me mata Ai se eu te pego, ai ai se eu te pego Sábado na balada A galera começou a dançar E passou a menina mais linda Tomei coragem e começei a falar Nossa, nossa Assim você me mata Ai se eu te pego, ai ai se eu te pego Delícia, delícia Assim você me mata Ai se eu te pego, ai ai se eu te pego Sábado na balada A galera começou a dançar E passou a menina mais linda Tomei coragem e começei a falar Nossa, nossa Assim você me mata Ai se eu te pego, ai ai se eu te pego Delícia, delícia Assim você me mata Ai se eu te pego, ai ai se eu te pego Divine, divine C’est comme cela que tu me tues Oh si je t’attrape, oh oh si je t’attrape Délicieuse, délicieuse C’est comme cela que tu me tues Oh si je t’attrape, oh oh si je t’attrape Samedi en soirée La foule a commencé à danser Et la plus belle fille est passée J’ai pris courage et j’ai commencé à parler Divine, divine C’est comme cela que tu me tues Oh si je t’attrape, oh oh si je t’attrape Délicieuse, délicieuse C’est comme cela que tu me tues Oh si je t’attrape, oh oh si je t’attrape Samedi en soirée La foule a commencé à danser Et la plus belle fille est passée J’ai pris courage et j’ai commencé à parler Divine, divine C’est comme cela que tu me tues Oh si je t’attrape, oh oh si je t’attrape Délicieuse, délicieuse C’est comme cela que tu me tues Oh si je t’attrape, oh oh si je t’attrape Traduction réalisée par lolita-shatia
et Kokonuts (site paroles-musique.com)

Pour ce qui est de la chorégraphie, j’avoue que les choses sont moins claires… Il y a évidemment ces stars du football, du rugby ou du tennis que l’on voit esquisser quelques mouvements au son de la chanson fin 2011 : Neymar, Cristiano Ronaldo, Rafael Nadal, etc. C’est de là que certains mouvements ont été propagés dans les médias internationaux. La vidéo la plus ancienne que j’aie pu trouver présentant une chorégraphie sur ce titre est celle du groupe Cangaia de Jegue déjà évoqué plus haut. Elle date de 2008, année de la sortie de leur single « Ai se eu te pego! ». Voici la vidéo en question et on y voit bien dès cette époque des mouvements caractéristiques lors du refrain.

Il semble qu’en réalité seul le refrain de la chanson soit dansé de la même manière partout. Pour le reste, diverses versions existent en vidéo sur Internet. Il y a la version « street dance », la version « zumba » (disons même plusieurs dans ce cas), etc. En tout cas, Michel Telo ne fait la promotion d’aucune chorégraphie ni dans ses clips, ni sur son site Internet. Il n’y a donc pas de chorégraphie officielle. Celle que je vous propose en premier ci-dessous a pourtant été libellée comme chorégraphie officielle sur Youtube, mais j’ai l’impression qu’elle a été créée pour accompagner la reprise de la chanson par Manuel Malanotte. On pourrait penser que je l’ai choisie à cause des danseuses présentes dans la vidéo, ce n’est pas la vraie raison (si, si je vous assure !). C’est plutôt ma sensibilité salsa qui a parlé (quelques pas on 2 y sont présents). Voici donc le détail de cette chorégraphie.

REFRAIN
4- Main sur tête en bas orientation droite, puis on lève la tête 
   (genoux fléchis orientés comme la tête)
   Main sur tête en bas, orientation gauche, puis on lève la tête
   (genoux fléchis orientés comme la tête)

4- Pointer la main droite devant
   Pointer la main gauche devant
   Se faire du vent au visage des 2 mains  

3- Pointer la main droite devant
   Pointer la main gauche devant
   Ramener les deux mains à la taille en avançant le bassin
5- Pointer la main droite devant
   Pointer la main gauche devant
   Claquer des mains devant, 
   Ramener les deux mains à la taille en avançant le bassin

4- Caresser de la main droite du buste vers ventre 
   avec vague du corps à droite
   Caresser de la main gauche du buste vers ventre 
   avec vague du corps à gauche

4- Pointer la main droite devant
   Pointer la main gauche devant
   Se faire du vent au visage des 2 mains  

3- Pointer la main droite devant
   Pointer la main gauche devant
   Ramener les deux mains à la taille en avançant le bassin
5- Pointer la main droite devant
   Pointer la main gauche devant
   Claquer des mains devant, 
   Ramener les deux mains à la taille en avançant le bassin

INSTRUMENTAL
4- Pas battu simple vers la droite avec main droite dans les cheveux cheveux 
   Pas battu simple vers la gauche avec main gauche dans les cheveux cheveux
   Double pas vers la droite (chassé)
4- Pas battu simple vers la gauche avec main gauche dans les cheveux cheveux 
   Pas battu simple vers la droite avec main droite dans les cheveux cheveux
   Double pas vers la gauche (chassé)
   Faire 1/4 de tour à gauche

4- Pas battu simple vers la droite avec main droite dans les cheveux cheveux 
   Pas battu simple vers la gauche avec main gauche dans les cheveux cheveux
   Double pas vers la droite (chassé)
4- Faire 1/2 tour à gauche en tendant bras en haut sur 1/2 temps
   Vague avec mains descendant de tout en haut vers le bas

COUPLET
8- Ecarter pied droit à droite
   Pas de salsa croisé arrière à droite
   Pas de salsa croisé arrière à gauche
   Pas de salsa croisé arrière à droite
   Pas de salsa croisé arrière à gauche
   (attention pas de temps de pause ici)

4- Mambo inversé (pied droit avant, pied gauche arrière)   
4- Pivot en 4 pas centré sur le pied gauche

4- Pied droit en avant avec arc de cercle bras droit en avant
   puis reposer le poids du corps sur le pied gauche
   et écarter le pied droit (pas "numero dos" en salsa) 
   Pied gauche en avant avec arc de cercle bras gauche en avant
   puis reposer le poids du corps sur le pied droit  
   et écarter le pied gauche (pas "numero dos" en salsa)  
4- Pas chassé à droite avec coupe-coupe des bras à droite
   Pas chassé à gauche avec coupe-coupe des bras à gauche
4- Pied droit en avant avec arc de cercle bras droit en avant
   puis reposer le poids du corps sur le pied gauche
   et écarter le pied droit (pas "numero dos" en salsa) 
   Pied gauche en avant avec arc de cercle bras gauche en avant
   puis reposer le poids du corps sur le pied droit  
   et écarter le pied gauche (pas "numero dos" en salsa)  
4- Pas chassé à droite avec coupe-coupe des bras à droite
   Pas chassé à gauche avec coupe-coupe des bras à gauche

Et on recommence au début (refrain)

Cette chorégraphie est présentée dans la vidéo ci-dessous. Cette vidéo n’est pas très bien montée, car il y a parfois des décalages de l’enchaînement par rapport à la musique, mais la synchronisation est rétablie au changement de plan. En cas de doute, référez-vous à la description textuelle que je viens de vous livrer ! Attention, l’enchaînement est modifié en fin de morceau pour coller à la musique.

https://youtube.com/watch?v=OXD2SItfmuo

Il y a une autre chorégraphie que je trouve assez sympa et assez proche de celle que je viens de décrire, bien que moins riche et donc plus simple à apprendre. Elle est promue par le groupe Los Locos (un groupe italien, je pense) qui fait une reprise du titre. Je décompose ici aussi les mouvements.

REFRAIN
4- Poings en haut, bras tendus à gauche, 
   (genoux fléchis orientés comme la tête)
   Ramener les poings à la taille, 
   Poings en haut, bras tendus à droite, 
   (genoux fléchis orientés comme la tête)
   Ramener les poings à la taille, 
4- Se faire du vent au visage des 2 mains  
   Tout en faisant des pas battus gauche, droite 

3- Pointer la main droite devant
   Pointer la main gauche devant
   Ramener les deux mains à la taille en avançant le bassin
5- Pointer la main droite devant
   Pointer la main gauche devant
   Claquer des mains devant, 
   Ramener les deux mains à la taille en avançant le bassin

4- Poings en haut, bras tendus à gauche, 
   (genoux fléchis orientés comme la tête)
   Ramener les poings à la taille, 
   Poings en haut, bras tendus à droite, 
   (genoux fléchis orientés comme la tête)
   Ramener les poings à la taille, 
4- Se faire du vent au visage des 2 mains  
   Tout en faisant des pas battus gauche, droite

3- Pointer la main droite devant
   Pointer la main gauche devant
   Ramener les deux mains à la taille en avançant le bassin
5- Pointer la main droite devant
   Pointer la main gauche devant
   Claquer des mains devant, 
   Ramener les deux mains à la taille en avançant le bassin

INSTRUMENTAL
4-  Pas battu simple vers la gauche en ramenant les mains devant les pectoraux
    Pas battu simple vers la droite en ramenant les mains devant les pectoraux
   Double pas vers la gauche (chassé)
4-  Pas battu simple vers la droite en ramenant les mains devant les pectoraux
    Pas battu simple vers la gauche en ramenant les mains devant les pectoraux
   Double pas vers la droite (chassé)
4- Pas battu simple vers la gauche en ramenant les mains devant les pectoraux
    Pas battu simple vers la droite en ramenant les mains devant les pectoraux
   Faire 1/4 de tour à gauche 
   Puis double pas vers la gauche (chassé)
4- Faire 1/2 tour à droite en mettant les mains sur les hanches
   (tête tournée vers l'avant)
   Rouler des hanches en descendant puis remontant

COUPLET
4- (rythmique : 1 et 2 et 3, 4 et)

   Avancer le pied droit dans la diagonale avant-droite
   Reposer le poids du corps sur le pied gauche, 
   Reculer le pied droit dans la diagonale arrière-gauche,
   Reposer le poids du corps sur le pied gauche, 
   Ecarter le pied droit à droite
   Reculer le pied gauche dans la diagonale arrière-droite, 
   Reposer le poids du corps sur le pied droit

4- (rythmique : 5, et 6 et 7, 8 et)
   Avancer le pied gauche dans la diagonale avant-gauche
   Reposer le poids du corps sur le pied droit, 
   Reculer le pied gauche dans la diagonale arrière-droite,
   Reposer le poids du corps sur le pied droit, 
   Ecarter le pied gauche à gauche
   Reculer le pied droit dans la diagonale arrière-gauche, 
   Reposer le poids du corps sur le pied gauche

4- (rythmique : 1 et 2 et 3, 4 et)

   Avancer le pied droit dans la diagonale avant-droite
   Reposer le poids du corps sur le pied gauche, 
   Reculer le pied droit dans la diagonale arrière-gauche,
   Reposer le poids du corps sur le pied gauche, 
   Ecarter le pied droit à droite
   Reculer le pied gauche dans la diagonale arrière-droite, 
   Reposer le poids du corps sur le pied droit

4- (rythmique : 5, et 6 et 7, 8 et)
   Avancer le pied gauche dans la diagonale avant-gauche
   Reposer le poids du corps sur le pied droit, 
   Reculer le pied gauche dans la diagonale arrière-droite,
   Reposer le poids du corps sur le pied droit, 
   Ecarter le pied gauche à gauche
   Reculer le pied droit dans la diagonale arrière-gauche, 
   Reposer le poids du corps sur le pied gauche

4- (rythmique : 1 et 2 et 3, 4 et)

   Avancer le pied droit dans la diagonale avant-droite
   Reposer le poids du corps sur le pied gauche, 
   Reculer le pied droit dans la diagonale arrière-gauche,
   Reposer le poids du corps sur le pied gauche, 
   Ecarter le pied droit à droite
   Reculer le pied gauche dans la diagonale arrière-droite, 
   Reposer le poids du corps sur le pied droit

4- (rythmique : 5, et 6 et 7, 8 et)
   Avancer le pied gauche dans la diagonale avant-gauche
   Reposer le poids du corps sur le pied droit, 
   Reculer le pied gauche dans la diagonale arrière-droite,
   Reposer le poids du corps sur le pied droit, 
   Ecarter le pied gauche à gauche
   Reculer le pied droit dans la diagonale arrière-gauche, 
   Reposer le poids du corps sur le pied gauche

8- Pivoter en 8 pas centré sur pied gauche avec moulinets des bras
   Sur la rythmique : lent, lent, vite, vite, vite, vite

Et on recommence au début (refrain)

Voilà, vous savez tout… ou en tout cas tout ce que je sais ! J’espère que cela vous permettra de vous préparer pour l’été où, j’en suis persuadé, « Ai se eu te pego » et ses multiples chorégraphies ne manquera pas de marquer vos soirées et vos séjours en village vacances en France et à l’étranger !

Partagez cet article :

Routine swing « Rip Van Winkle » et fall off the log

Partagez cet article :

Cela fait un moment que je n’ai pas parlé de swing ici. Aujourd’hui, j’ai eu envie de vous présenter un enchaînement swing que j’ai créé il y a quelques années ainsi que la chanson sur lequel il s’appuie, tout cela agrémenté d’un petit laïus sur un grand classique des enchaînements de jazz des origines : le fall off the log. Tout cela fait un joli programme pour un seul article, mais dans le blog UltraDanse.com on n’a peur de rien !

Ces dernières années, de nombreuses personnes se sont mises à la danse country en ligne (désormais appelée « line dance »). Si certains n’ont découvert que récemment cette manière de danser, les amateurs de swing savent depuis longtemps que l’on mêle facilement des séquences de danse en solo au lindy hop. Au début du renouveau du lindy hop, dans la fin des années 80 et au début des années 1990, on appelait ces enchaînements de swing en solo et en ligne des « routines swing », par anglicisme. L’appellation a par la suite évolué. On a appelé ces « jazz steps » des « pas de jazz », puis l’on a vu apparaître la dénomination « authentic jazz » pour faire la différence avec les mouvements du modern jazz (introduit dans les années 50 dans les spectacles de Broadway). Enfin, plus récemment, on a commencé à parler de « jazz roots » pour faire référence littéralement à ces mouvements des années 30 et 40 typiques des racines du jazz. Avec le temps, de nombreux enchaînements (les « routines »…) de jazz/swing ont été créés et un certain nombre d’entre eux sont devenus des succès comme le shim sham (Frankie Manning), le jitterbug stroll (Ryan Francois), le Tranky Doo, le petit blues, etc. Ceci étant, la plupart des mouvements dansés dans ces enchaînements peuvent être intégrés dans un lindy hop en couple (les partenaires se lâchent alors souvent les mains) en toute improvisation. Parfois, c’est l’inverse, comme dans le shim sham, où les danseurs commencent la chorégraphie imposée en danse en ligne et finissent le morceau de musique en couple et en improvisation.

Afin de pratiquer quelques-uns parmi les principaux mouvements de swing en solo qui font partie des grands classiques, j’ai eu l’idée de les rassembler au sein d’un enchaînement dynamique s’accordant à une chanson que j’aime bien  « Rip Van Winkle », interprétée par Lily Wilde et son orchestre (présent sur son album « Insect Ball ». Du reste, je vous conseille l’album tout entier qui est très dansant. Je dirais qu’il cadre bien dans un style proche de Count Basie ou Billy May qu’affectionnent tout particulièrement les danseurs de lindy hop. « Rip Van Winkle » est une chanson teintée d’humour faisant référence à un récit de Washington Irving, publié en 1819. L’histoire est celle d’un homme qui rencontre des personnages étranges dans la forêt et qui n’hésite pas à trinquer avec eux. Ivre, il s’endort et se réveille 20 ans plus tard alors que sa femme est décédée et la plupart de ses amis ont disparu.

L’authentic jazz (ou jazz roots) comporte de nombreux mouvements souvent utilisés dans les enchaînements en ligne. L’enchaînement que je vous propose plus bas en utilise un bon nombre. Je les décris d’ailleurs presque tous dans mon livre « Le lindy hop et le balboa », sorti en 2010. Parmi les mouvements de l’enchaînement, il y en a un que j’aime bien, car il donne vraiment l’impression de s’exprimer ; il s’agit du fall off the log. Lorsque je débutais et que j’apprenais le lindy hop par stages successifs, suivant les professeurs connus de ville en ville, il n’y avait pas de support écrit et diverses prononciations qualifiaient cette figure de « Follow the logs » ou, dans le meilleur des cas, de « Fall of the log ». Si l’on cherchait à traduire, le premier terme correspondait à « Cherchez les journaux » et le second par « Chute du journal ». Certains enseignants justifiaient d’ailleurs cela en disant qu’il s’agissait d’imiter le paperboy (livreur de journaux aux USA) qui lançait les journaux enroulés sur eux-mêmes dans les jardins des quartiers résidentiels. Ce n’est que plus tard que j’appris que le vrai nom s’écrivait « fall off the log » et que cela faisait référence aux bûcherons américains qui faisaient descendre les billots de bois (les « logs ») dans la vallée en utilisant le cours d’une rivière. Pour cela, ils devaient parfois se tenir debout sur un billot à qui il arrivait de commencer à rouler dans l’eau. Dans certains cas, le malheureux bûcheron tombait à l’eau après avoir fait un mouvement de déséquilibre ressemblant à cette figure de jazz qu’on peut traduire par « chute d’un billot ». Après cette petite page culturelle, voici donc l’enchaînement promis. Dans la description, la première colonne indique le temps sur lequel le mouvement correspondant débute.

Enchaînement swing « Rip Van Winkle » (3’00)
Enchaînement original de Christian ROLLAND

Temps |  Mouvement
------+-----------------------------------------
      | Introduction : pas battus (step-touch)
        
1       Shimmy
1       Shimmy
1       Cross Over (sur le "Rip" de la chanson)
1       Cross Over
1       Charleston
1       Charleston + slide
1       Cross Over
1       Cross Over
1       Charleston 
1       Charleston + slide

8       Scoots gauche-droite
8       Scoots gauche + freeze
8       Scoots droite-gauche
8       Kicks

1       Charleston + 1/2 tour
8       Knee slaps
1       Charleston + 1/2 tour
8       Knee slaps
1       Step touch droit-gauche vers l'avant 
1       Step touch droit-gauche vers l'arrière
1       Charleston côté droit
1       Scarecrow

8       Boogie back
8       Boogie forward
8       Boogie back
8       Pecking en faisant un cercle
8       Boogie back
8       Boogie forward
8       Boogie back
8       Tour sur soi à droite avec doigt en l'air

8       Scoots gauche-droite
8       Scoots gauche + freeze
8       Scoots droite-gauche
8       Kicks

1       Cross over
1       Cross over
8       Fall off the log
8       Fall off the log
8       Tic-tac
8       Tic-tac
8       Suzie Q
8       Suzie Q

1       Pas battus
1       Step-step (petit saut) devant puis derrière (deux fois)
1       Johnny’s rock
1       Back step cross et tourne (-> pose finale)

J’espère que ce petit enchaînement (qui dure tout de même le temps de la chanson tout entière) vous permettra de vous amuser en vous exerçant aux principales figures de swing en solo (jazz roots). Je suis conscient qu’une simple notation sous forme de liste comme celle que j’ai utilisée peut être difficile à déchiffrer quand on débute. Néanmoins, si vous connaissez tous les mouvements qui composent cet enchaînement, vous devriez pouvoir vous y retrouver. Si besoin, mettez-vous à plusieurs pour l’apprendre.

Partagez cet article :

Mia Frye et la macarena

Partagez cet article :

Je comptais attendre l’été pour aborder ce sujet, mais finalement le voici plus tôt que prévu. En effet, dans ce blog, j’essaye de parler de toutes les danses et de ne pas rester plusieurs semaines d’affilée sur des sujets trop similaires. Alors, cette fois et pour changer un peu des danses en couple, nous allons évoquer la Macarena, un tube planétaire des années 90, ainsi que sa chorégraphe Mia Frye, qui fait partie de ces chorégraphes résidant en France et connues du grand public.

Commençons par quelques mots pour présenter Mia Frye, danseuse et chorégraphe plus connue pour sa prestation dans le jury de l’émission Popstars ou son passage dans la ferme célébrités première du nom. Elle est née à New York en 1965 de parents américains et est arrivée en France à l’âge de 12 ans. Après plusieurs apparitions à la télévision dans les années 70 et 80 (et même une tentative de single en tant que chanteuse), elle travaille avec Luc Besson dans les années 90 (collaboration à « Nikita » et « Le 5ème élément »). Elle est en particulier l’héroïne du film « The Dancer » en 2000 (réalisé par Frederic Garson, mais produit par Luc Besson) où elle joue le rôle d’India, une danseuse muette qui éblouit son public dans des battles DJ contre danseuse. Malheureusement, cette danseuse (dans le film) connaît un refus lors d’une audition à Broadway juste parce qu’elle est muette, mais elle rencontre un scientifique qui travaillera sur un système qui permettra à India de s’exprimer librement. Mia Frye est non seulement la chorégraphe de la Macarena (on la voit danser dans le clip de Los del Rio) mais elle est aussi la chorégraphe de « Alané » de Wes la même année (on la voit aussi danser dans le clip) et de « Yakalelo » des Nomads en 1998. Forte du succès des titres dont elle a chorégraphié la danse, la réputation de Mia Frye l’amène à recevoir des propositions de participation à des projets de plus grande envergure (dont le film produit par Besson en 2000). Comme je l’ai dit, en 2001, elle fait partie du jury de l’émission Popstars (du type Nouvelle Star) et par la suite devient la chorégraphe officielle du groupe de filles L5 ayant remporté cette émission de télécrochet moderne. D’ailleurs, l’expression « Happy Face ! », lancée maintes fois par Mia pour encourager les participants à l’émission est restée dans le langage courant depuis. Elle contribue aussi au film « Podium » de Yann Moix (film ayant pour sujet un sosie de Claude François) où elle se fait apostropher par « toi, avec le calamar sur la tête ! » Si vous souhaitez voir Mia Frye en action, il existe deux DVD dans le commerce. Le premier est le DVD du film « The Dancer » dont Mia est la vedette ; j’en ai parlé un peu plus haut. Le second s’appelle « Danse avec Mia Frye » et correspond à un cours de danse pour apprendre trois chorégraphies sous la direction de Mia Frye (échauffement, progression, etc.) qui ponctue ses explications d’exclamations en anglais. Le public visé est clairement les ados qui veulent apprendre quelques pas devant leur écran sans prendre de cours dans une école.

Parlons à présent de la Macarena, tube de l’été 1996 (classée 7 semaines numéro 1 dans le top 50). La chanson est arrivée en premier dans sa version espagnole et enregistrée par le duo Los del Rio en 1992 comme une rumba. On peut encore acheter ce titre sous la forme de compilations ou d’album single Macarena. « Macarena » est le nom donné à la jeune fille dont parle la chanson. Ce nom aurait dû être Madgalena, mais comme une chanson portait déjà ce titre, une modification a été faite pour éviter la confusion. La partie des paroles en anglais a été ajoutée en 1995 lorsque les Bayside Boys ont décidé de remixer le titre et c’est là que le succès mondial a été atteint. La chanson devient le tube de l’été 1996 en France et dans le monde entier. On voit même la fronde se monter sur Internet par le biais de sites anti-macarena (dont une bonne partie n’existe plus aujourd’hui). À cette époque, un autre groupe, Los del Mar (tiens, c’est proche du nom de l’autre groupe, non ?), s’est glissé dans la vague de succès envers ce titre et a sorti sa propre version de la Macarena (coupant parfois l’herbe sous le pied des Los Del Rio sur certains continents comme l’Australie). Le clip des chanteurs originaux du titre, Los del Rio, est tourné sur un fond blanc, les chanteurs Romero et Ruiz chantent alors que dix filles dansent et font une chorégraphie à répétition. L’une de ces danseuses, particulièrement reconnaissable à son turban orange, n’est nulle autre que Mia Frye, la chorégraphe des mouvements dans ce clip. Cette chorégraphie prend dès lors le nom de la chanson et « Macarena » désigne actuellement donc à la fois une chanson et la danse que l’on effectue au son de cette chanson. Un dernier mot sur la chanson avant de passer à la danse : il en existe à ce jour de nombreux remixes (officiels cautionnés par Los del Rio ou non) et il y a diverses ambiances allant de la version spécial Noël (avec les clochettes et tout et tout…) à une version style Bollywood que j’ai eu l’occasion d’entendre il y a quelques années.

La chorégraphie de la Macarena commence face au DJ. Tous les participants sont debout sur plusieurs lignes, pieds parallèles en léger écart et bras le long du corps. Le premier mouvement se fait sur le temps 1 de la musique.
 
L’enchaînement d’origine de Mia Frye et présenté dans le clip de Los del Rio dure 16 temps (2 x 8) et chaque position issue d’un mouvement simple dure 2 temps. Je vous le décris :

  1. Tendre le bras droit en avant avec une petite vague (un peu comme lorsqu’on nage le crawl), la paume de la main vers le sol
  2. Tendre le bras gauche en avant avec une petite vague de la même manière
  3. Mettre la main droite derrière sa tête (paume vers l’oreille)
  4. Mettre la main gauche derrière sa tête (paume vers l’oreille)
  5. Poser la main droite dans le bas du dos (à droite)
  6. Poser la main gauche dans le bas du dos (à gauche)
  7. Faire onduler le bassin sur 3 temps
  8. Sauter sur place d’un quart de tour à droite (on entend « haaha » dans la musique)

En même temps que l’on fait l’ensemble de ces mouvements, les danseurs effectuent un petit déhanché de droite à gauche. Lorsqu’on est arrivé à la dernière étape, on recommence au début.

J’entends déjà certains d’entre vous qui s’exclament : « Mais je ne fais pas comme ça, moi ! ». Et il est vrai que l’enchaînement que l’on voit pratiquer depuis des années diffère. Celui-ci dure aussi 16 temps (2 x 8), mais chaque position issue d’un mouvement dure un seul temps, rendant la chorégraphie plus dynamique. Voici cet enchaînement :

  1. Tendre le bras droit en avant avec une petite vague (un peu comme lorsqu’on nage le crawl), la paume de la main vers le sol
  2. Tendre le bras gauche en avant et parallèle au bras droit avec une petite vague de la même manière
  3. Retourner la main droite, paume vers le ciel
  4. Retourner la main gauche, paume vers le ciel
  5. Croiser le bras droit de manière que la main droite touche l’épaule gauche
  6. Croiser le bras gauche de manière que la main gauche touche l’épaule droite
  7. Mettre la main droite derrière sa tête (paume vers l’oreille)
  8. Mettre la main gauche derrière sa tête (paume vers l’oreille)
  9. Croiser la main droite devant soi de manière qu’elle touche la hanche gauche
  10. Croiser la main gauche devant soi de manière qu’elle touche la hanche droite
  11. Poser la main droite dans le bas du dos (à droite)
  12. Poser la main gauche dans le bas du dos (à gauche)
  13. Faire onduler le bassin sur 3 temps
  14. Sauter sur place d’un quart de tour à droite

En même temps que l’on fait l’ensemble de ces mouvements, les danseurs effectuent un changement d’appui du pied droit au pied gauche avec un léger déhanché (on piétine sur place à la manière d’un mérengué mais en léger écart). Lorsqu’on a atteint la dernière étape, on recommence au début. Pour une description plus illustrée de cet enchaînement, référez-vous à la page correspondante d’UltraDanse.com qui ne devrait pas tarder à la mettre en ligne d’après mes informations.

Mais alors d’où vient donc cet enchaînement ? Fidèle à mon principe de vérification de mes informations, j’ai enquêté pour vous… En réalité, je n’ai pas eu besoin d’aller très loin. Le visionnage du clip de Los Del Mar où l’on trouve une version très proche de celle que je viens de détailler (mains à angle droit sur les premiers mouvements, mouvements des coudes au lieu des ondulations du bassin de la fin, etc.). Il semble que ce soit donc une version légèrement simplifiée de cet enchaînement qui soit resté dans les mémoires et, qui plus est, associé au nom de Mia Frye. Il est amusant de constater que dans le clip de Los del Mar, on peut voir une incrustation vidéo où des vacanciers en maillot de bain dansent la Macarena, mais c’est visiblement la version d’origine (temps dédoublés). Finalement, on ne peut que constater que c’est la chorégraphie du clip de Los del Rio qui subsiste, mais sur la rythmique du clip de Los del Mar… D’ailleurs, il y a une bonne idée dans ce clip concurrent de l’original en le fait de danser la Macarena à deux (la femme devant l’homme comme dans l’image arrêtée ci-contre). À ne pas faire avec un/une inconnu(e).

La Macarena est devenue un classique de la danse à tel point que les personnes ne sachant pas spécialement danser parlent souvent de « chorégraphie du type Macarena » pour faire référence à une danse de l’été ou une danse en ligne. D’ailleurs, on peut se demander si la chorégraphie de la Macarena n’aurait pas influencé la tecktonik (ou electro dance) dont certains mouvements ressemblent étrangement (le « peigne en arrière » par exemple). Qui aurait dit qu’il y avait tant de choses à dire sur une « simple danse de l’été » ? Pour finir, je vous laisse méditer sur cette publicité pour une bière qui a trouvé une autre origine aux mouvements de la Macarena.

Partagez cet article :

Portrait swing du lion

Partagez cet article :

Cela faisait un certain temps que je n’avais pas présenté de morceau de musique dans ce blog. Il s’agit évidemment d’un titre sur lequel on danse. Et pour pouvoir vous raconter quelques anecdotes sur le sujet, j’ai choisi « Portrait of the Lion » de Duke Ellington. C’est un morceau swing (et non une chanson comme les précédents titres que j’ai abordés ici) sur lequel j’ai longtemps répété un enchaînement chorégraphique au sein d’une troupe professionnelle il y a quelques années et cela m’a fait tout drôle de le réécouter récemment.

Alors qu’est-ce donc que cette histoire de lion qu’on prend en photo ? En réalité, il n’y a ni animal à crinière, ni appareil photographique dans l’histoire. Lorsque Duke Ellington compose « Portrait of the Lion » en 1939, il pense en réalité à un de ses pianistes modèles : Willie Smith, surnommé « le Lion » pour rappeler sa bravoure durant la Première Guerre mondiale. Ce dernier est l’un des maîtres du piano stride (bien souvent identifiable par son inséparable chapeau melon et son inamovible cigare) dont Duke Ellington a beaucoup appris au point de lui dédier non pas un portrait musical, mais deux puisqu’il composa plus tard « Second Portrait of the Lion ». Le Lion lui rendit la politesse en 1957 en composant un « Portrait of the Duke ». Si vous vous rappelez bien, je vous avais déjà parlé de Wille « the Lion » Smith il y a quelques mois, dans ce blog, dans un article à propos d’une fameuse photo représentant quasiment tous les grands jazzmen. Willie Smith ressortait du lot… par son absence. C’est lui qui se reposait à côté du groupe alors qu’était prise la photo qui a ensuite été sélectionnée et publiée. La faute à pas de chance…

Le fait est qu’il était très fréquent que les musiciens de jazz se fassent mutuellement des hommages sous la forme de « portraits » musicaux. On vient de le voir entre Duke Ellington et Willie Smith, mais il en existe de nombreux autres comme « The Count » (portrait de Count Basie par Benny Goodman), « Portrait of Django » (portrait de Django Reinhardt par Lucky Thompson) voire même le comble de l’exercice dans « Portrait », le portrait de Charlie Mingus par lui-même… On a même des portraits musicaux de danseurs par des musiciens comme « Bojangles », le portrait de Bill « Bojangles » Robinson (fameux danseur à claquettes) par Duke Ellington ou encore « Taps Miller », le portrait de Marion Joseph « Taps » Miller (danseur à claquettes et trompettiste) par Count Basie.

Alors revenons un peu à notre « Portrait of the Lion » en tant que musique à danser. Il s’agit d’un morceau de swing traditionnellement joué à un tempo de 41 MPM (164 BPM) sur une durée de 2’31 (ce qui est assez court). C’est donc un lindy lent que l’on dansera généralement dessus car la section rythmique marque bien les bounces avec, malgré tout, une grande souplesse. On entend un contraste entre la pulsation régulière de la section rythmique et les irrégularités façon ragtime (qui rappellent le style fétiche de Willie Smith). Tiens, je vais me livrer ici à un petit exercice de « décorticage » de la structure rythmique du morceau. Cela pourra servir à une interprétation dansée la plus appropriée possible.

Je vais ici utiliser quelques termes techniques familiers aux musiciens de jazz (j’aurai peut-être l’occasion de faire un sujet dessus ultérieurement), néanmoins je remplace ensuite ces termes par des mots plus familiers aux danseurs sachant écouter la musique (et là, je passe sur le débat du manque d’écoute musicale dans les cours de danse en couple…). À la base, il faut savoir que la structure de base de ce morceau est de la forme ABAB sans pont. Chaque thème (ABAB) s’étend sur 16 mesures. Il y a une introduction ainsi que deux solos en dehors des parties assurées par l’orchestre tour entier. Voici la structure que l’on peut entendre (point de vue « musical ») :

  1. Introduction au piano (4 mesures)
  2. ABAB (thème) – orchestre (16 mesures)
  3. ABAB (chorus) – orchestre + piano (16 mesures)
  4. ABAB (chorus) – solo de cornet (16 mesures)
  5. ABAB (chorus) – orchestre (16 mesures)
  6. ABAB (chorus) – solo de saxophone alto (16 mesures)
  7. ABAB (thème) – orchestre (16 mesures)

Il peut être intéressant de calquer sur cette description une perception qui parle davantage aux danseurs. Voici ce que je vous propose (point de vue « danse ») :

  1. Introduction au piano (1 phrase = 2 x 8 temps)
  2. Thème 1 – orchestre (4 phrases = 8 x 8 temps)
  3. Thème 2 – orchestre + piano (4 phrases = 8 x 8 temps)
  4. Thème 3 – cornet (4 phrases = 8 x 8 temps)
  5. Thème 4 – orchestre (4 phrases = 8 x 8 temps)
  6. Thème 5 – saxophone alto (4 phrases = 8 x 8 temps)
  7. Thème 6 – orchestre (4 phrases = 8 x 8 temps)

Enfin, je vous mets en lumière quelques points qui peuvent permettre de danser des figures appropriées (à chacun de voir ensuite ce qu’il ressent).

  1. Introduction au piano
    Ici on ne danse pas, on attend la section rythmique de l’orchestre.
  2. Thème 1 – orchestre (4 phrases = 8 x 8 temps)
    Mise en place de la danse, figures plutôt simples. Il y a des notes un peu plus longues à la fin de la seconde phrase. Il est souhaitable de les marquer par des mouvements comme les slides ou un petit ralenti.
  3. Thème 2 – orchestre + piano (4 phrases = 8 x 8 temps)
    Le piano est mis en évidence ici et il est donc possible d’utiliser sa mélodie de temps en temps pour des rythmiques de jambes.
  4. Thème 3 – cornet (4 phrases = 8 x 8 temps)
    Sur le solo de cornet, il serait dommage de manquer de caler une rythmique de pas sur la mélodie ainsi que des figures correspondantes.
  5. Thème 4 – orchestre (4 phrases = 8 x 8 temps)
    Tout l’orchestre reprend et la section rythmique est bien audible, on peut donc reprendre des figures plus basiques et « calmer » le jeu.
  6. Thème 5 – saxophone alto (4 phrases = 8 x 8 temps)
    Comme pour le solo de cornet, il est possible de suivre le rythme mélodique de saxo et danser quelques rythmiques ou figures spéciales.
  7. Thème 6 – orchestre (4 phrases = 8 x 8 temps)
    On approche de la fin du morceau, on peut très bien de nouveau reprendre des choses simples pour finir la danse sur une impression sereine. Une petite figure finale comme un léger renversé sur les deux derniers temps pourrait être approprié.

Me voici donc à la fin de cet article mêlant diverses choses, entre culture générale swing et technique en rapport avec la danse. Avec ce petit exercice, j’ai essayé de vous montrer comment on part d’un morceau de musique pour arriver à une danse. Je ne vous ai pas donné d’enchaînement chorégraphique et j’aurais pu décortiquer encore plus, mais je voulais juste ouvrir quelques perspectives à ceux qui n’ont pas encore beaucoup mis en relation la musique et la danse. Ici, l’objectif est aussi de pouvoir improviser librement sur cette musique et, à chaque nouvelle écoute, de découvrir de nouvelles manières d’interpréter les subtilités des musiciens de swing en dansant à deux. J’espère, en tout cas, que cela vous aura donné l’envie d’aller plus loin dans l’écoute et la compréhension des musiques sur lesquelles vous dansez habituellement. Elles recèlent sûrement tout un tas de subtilités que vous ne soupçonniez peut-être pas. Et je ne parle pas que du swing, mais d’autres styles musicaux peuvent vous surprendre.

Partagez cet article :