S’il est une musique que beaucoup de danseurs considèrent comme difficile à approcher, c’est bien la salsa. Cette musique d’origine cubaine issue du son est tellement riche que certains se perdent dans les multiples percussions qui se complètent, se superposent et font une musique parfaite pour danser et s’exprimer. Dans cet article, je vais modestement tenter de donner quelques clefs à ceux qui souhaitent comprendre un peu mieux comment danser sur une telle musique. Accessoirement, une partie des explications ci-dessous pourra être retrouvée dans un livre à paraître en septembre 2011 que je suis en train d’écrire sur la salsa cubaine (et le merengue) et qui fait le pendant de celui que j’ai déjà écrit sur le mambo et la salsa portoricaine.
La base de la musique cubaine est la clave (prononcer « klavé »). C’est un motif rythmique joué par deux petits bâtons de bois que l’on frappe l’un contre l’autre. Le motif rythmique de la clave comporte deux parties. L’une contient trois sons, et l’autre deux. La clave est ainsi qualifiée de 3-2 ou 2-3 selon que les 3 sons arrivent en premier ou en second. Pour une clave 3-2, on entend donc trois sons sur le 1-2-3-(4) de la musique et deux sons sur le 5-6-7-(8). Pour résumer, le mot « clave » désigne à la fois l’instrument de percussion en bois et le rythme sur 8 temps (2 mesures) comprenant 5 sons. Dans les orchestres modernes, les bâtons de bois sont remplacés par un bloc de plastique utilisé parmi les autres percussions.
Une clave 3-2, comporte 5 sons. Ceux-ci sont positionnés sur le temps 1, entre le temps 2 et le temps 3, sur le temps 4, sur le temps 6 et sur le temps 7. Vous pouvez écouter ce que cela donne en cliquant sur la petite icône ci-contre à gauche. À côté de cela, un pas de base de salsa « on 1 » comporte des appuis au sol sur les temps 1, 2, 3, 5, 6, 7 (salsa cubaine ou portoricaine) tandis qu’un pas de salsa « on 2 » comporte des appuis au sol sur les temps 2, 3, 4, 6, 7, 8 (salsa portoricaine essentiellement). La clave permet donc de danser sur le 1 de la musique, salsa « on 1 », (on y fait le premier pas d’un pas de mambo) ou sur le 2, salsa « on 2 » (c’est donc sur le 2 que se fait le 1er pas). Sur une clave 3-2, les danseurs de « on 1 » suivent les temps 1, 6 et 7 alors que les danseurs de « on 2 » suivent les temps 4, 6 et 7. L’un des impacts de clave tombant entre le temps 2 et le temps 3, il est aussi possible de l’utiliser pour donner des accélérations ou des ralentissements dans la danse, d’où une richesse certaine et, peut-être, une difficulté pour les débutants. Trouver le 1 est donc plus « naturel » sur une clave 3-2 que trouver le 2 sur une clave 2-3 lorsque l’on compte la musique (lorsqu’on en arrive à ressentir la « respiration » de la clave sans compter, tout va mieux).
La clave n’est pas le seul repère que l’on peut suivre pour danser la salsa. Il y a d’autres percussions qui aident à repérer certains temps musicaux, en voici une liste rapide.
- Congas: temps 2 et 6
- Campana (cowbell): 1, 3, 5, 7
- Güiro: 1, 3, 5, 7
- Bongos: 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8
- Maracas: 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8
- Timbales: 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8
La campana en particulier (que l’on assimile parfois avec un son de cloche), lorsqu’elle est présente dans un morceau de salsa, aide beaucoup démarrer sur un temps pair (salsa « on 1 »). D’un autre côté, les congas aident à démarrer sur un temps impair (salsa « on 2 »).
À ces percussions, il est possible d’ajouter d’autres repères plus harmoniques. Il y a par exemple la basse (contrebasse ou guitare), le piano, les cuivres et, bien sûr, la voix des choeurs ou du soliste. Dans les cas simples, suivre ce qui ressemble à un début de couplet ou de refrain (même si la structure d’un morceau de salsa ne suit pas cette logique) peut permettre de savoir quand poser le premier pas tout en restant en musique.
D’autres styles musicaux méritent d’être détaillés du fait de leur richesse intrinsèque afin que les danseurs puissent pleinement profiter de celle-ci. Avec la salsa, je mettrais volontiers le swing (auquel j’ai déjà consacré un article de ce blog) et le tango argentin. Avec ces musiques, nous sommes loin du rythme binaire du paso doble ou ternaire de la valse. Les possibilités d’improvisation sont infinies et on en découvre encore bien plus lorsqu’on a quelques repères musicaux pour faire s’accorder notre danse à la musique.