Parlons un peu musique aujourd’hui… Vous connaissiez l’électro-acoustique, l’électro-aimant, l’électroencéphalogramme, l’électroménager et aujourd’hui je vous présente… l’electro-swing ! C’est un courant musical issu de la rencontre de la technologie moderne des DJ et des vieux vinyles des années 20, 30 et 40 où sont enregistrés des titres américains de charleston, de jazz et de swing.
On trouve les premières tentatives de ce genre « remix moderne de swing » en 1994 (« Lucas With The Lid Off », mêlant swing, boîte à rythmes et rap) et en 1995 (« Doop » par Doop, très charleston, plus connu que le titre cité précédemment et dont je vous propose une vidéo d’illustration ci-dessous). Même si au fil des titres les styles diffèrent, le principe de base reste le même : sampler (cela veut dire numériser et isoler des sections) un morceau de swing, le faire passer plus ou moins régulièrement en boucle et y ajouter/superposer des sons modernes (batterie, basse, voix, etc.). Dans cet exercice, il faut avouer que les Français sont plutôt bien placés à l’échelle mondiale. On retrouve régulièrement plusieurs groupes français dans les meilleures ventes du style, comme G-Swing, Caravane Palace ou Le Club des Belugas.
Pour mémoire, je rappelle qu’à l’origine la musique swing était une musique créée uniquement pour danser. Les big bands des années 1930 et 1940 s’en donnaient à cœur joie devant des salles de danse remplies de danseurs. Les samplers de l’electro-swing se sont aussi intéressés aux morceaux de charleston des années 20. J’ai l’impression que l’aspect sautillant du charleston est mieux conservé dans les morceaux d’electro-swing que l’aspect « swing » des swings des big bands. Tout cela est une affaire de ressenti et c’est ce même ressenti qui va faire que l’on va avoir envie de danser telle ou telle danse sur un morceau d’electro-swing. Jusqu’ici, j’ai assez peu entendu de titres qui avaient conservé les « bounces » du swing qui permet de danser le lindy hop des années 30. Cela dit, certains parmi lesquels le collectif de DJ G-Swing, essayent de conserver l’aspect dansant de la musique qu’ils ont samplée. Leur album « Swing for modern clubbing » est particulièrement parlant dans ce domaine. En cherchant sur YouTube, vous trouverez plusieurs extraits de leur album.
Le terme de « electro-swing » ayant été inventé par des anglophones explique la raison de l’extension des musiques samplées au-delà du swing des années 1930. On trouve de nos jours dans la catégorie des titres electro-swing des titres qui sont inspirés de la famille swing qui contient aussi bien du blues, que du rock ou encore du rhythm’n’blues. Ceci explique aussi pourquoi il est possible de danser du charleston (souvent), du rock, du West-Coast swing et parfois même du mambo sur certains titres d’electro-swing. Je l’avoue, bien que souvent issue de morceaux de swing faits pour danser, la musique electro-swing ne se danse pas toujours. C’est par ailleurs, une très bonne musique de type « lounge » ou « easy listening », c’est-à-dire agréable à l’oreille en fond sonore. Cela dit, voici quelques titres connus ou sur lesquels on peut danser (les danses que j’indique pour chaque titre ne sont que des suggestions).
– Jolie coquine, Caravan Palace : charleston
– Cement Mixer, G-Swing : lindy hop
– It Don’t Mean a Thing, Club des Belugas : lindy, mambo, rock
– Get a Move On, Mr. Scruff : West coast swing (pub France Télécom en 1999)
– Rum and Coca cola, Tim Tim : samba, mambo, rock
– Dibidy Bop, Club des Belugas : hip-hop
– Puttin’ on the Ritz, Fred Astaire (Club des Belugas) : lindy hop, foxtrot, charleston
– Sweet Sugar Swing – Lyre Le Temps : West coast swing, hip-hop
– Prosschai – Artie Shaw (Minimatic Remix) : charleston, hip-hop
Je vous propose une petite vidéo qui m’a bien plu et dont l’action se déroule au son d’une musique que l’on pourrait rapprocher de l’electro-swing. La musique en question est « We No Speak Americano » du duo Yolanda Be Cool qui remixe un titre plus ancien « Tu vuo fa l’americano », créé à l’origine par l’Italien Renato Carosone en 1956 (avec mandoline et ocarina, s’il vous plaît…). Cette chanson aux accents de swing a rencontré un grand succès à sa sortie et a été reprise plusieurs fois depuis par divers artistes. Parmi ceux-ci, on trouve The Brian Setzer Orchestra, Marty and His Rockin’ Comets, The Good Fellas, Lou Bega, Akhenaton et plus récemment Dany Brillant et The Puppini Sisters. Cette chanson a même été la bande-son d’une publicité pour les jean’s Lewis dans les années 1990. Dans la vidéo que je vous propose, le duo irlandais Up & Over (Suzanne Cleary et Peter Harding) fait des claquettes (style irlandais) avec les mains. La rythmique est convaincante, on aurait très bien pu l’imaginer faite avec les pieds. De plus, la mise en scène du couple est amusante (et l’homme ne cligne qu’une seule fois des yeux à partir du moment ou on passe en plan rapproché — vous l’avez repérée ? –… je ne sais pas comment il fait). Je crois qu’on peut parler ici de danse des bras et des mains et non seulement de « finger tutting » (terme faisant référence à une danse faite uniquement avec les doigts).
Pour les amateurs et les curieux, vous trouverez facilement des compilations d’electro-swing en CD ou coffrets ainsi que sur les sites de streaming musical ou des playlists sur YouTube tout simplement.