Aujourd’hui, je vous propose de parler des bases techniques de la danse. En effet, les professeurs de danse ont l’habitude de toujours commencer leurs cours du niveau débutant par la même chose. Invariablement, les premiers pas, les premiers mouvements, les premières figures seront les mêmes, peu importe le nombre d’élèves et peu importe leur aisance naturelle. Ces premiers éléments que l’on découvre lorsqu’on débute dans un style de danse sont appelés les bases.
Si l’on regarde dans le dictionnaire Larousse, on trouve la définition suivante pour le mot « base ».
Base : nom féminin, (latin basis, du grec basis, allure)
(1) Assise, socle, support sur lesquels repose un objet : La base d’une colonne.
(2) Partie inférieure d’un corps, par laquelle il repose sur ce qui le soutient ou le rattache à quelque chose d’autre : La base d’une montagne. La base du cou.
(3) Origine, fondement, principe de quelque chose, ce sur quoi tout repose (souvent pluriel) : Établir les bases d’un accord.
[…] Issu de Larousse.fr
Dans le contexte de la danse, la base est donc ce sur quoi repose tout le reste. Sans une bonne base, tout le reste ne tient pas, comme le socle pour une statue ou les fondations pour une maison. D’ailleurs, on a plutôt l’habitude de parler de bases (au pluriel), car c’est une combinaison de différents éléments qui sert de support à la danse. Parmi ces éléments de base, on a des postures, des mouvements et des règles. C’est en combinant ces éléments de base que l’on forme un certain style de danse que l’on va pouvoir classifier. Par exemple, l’en-dehors et les pointes font partie des bases de la danse classique. Le flamenco ne comporte pas ces éléments de base et il est donc aisé de ne pas confondre une chorégraphie classique et une chorégraphie de flamenco. Autre exemple, la position de base du tango est très rapprochée (contact important de la cuisse aux côtes flottantes, etc.) alors que dans les positions de base du cha-cha les partenaires sont bien plus éloignés. Sauriez-vous différencier le tango du cha-cha sur les photos ci-contre (en faisant abstraction de ce qui est écrit, évidemment…) ? Ce sont les bases de ces danses respectives qui leur confèrent leur personnalité et leur allure visuelle.
Dans le cadre des danses en couple, les bases donnent non seulement une certaine allure à la danse, mais elles servent aussi à la communication entre les partenaires. Prenons le cas du rock. Pour pouvoir danser ensemble sans heurts et en musique, deux partenaires doivent partager les mêmes bases, car même en rock divers styles et techniques existent. Prenons quelques exemples.
- Rock à 4 temps ou 6 temps ?
Danser le rock à 4 temps signifie qu’un pas de base est effectué sur 4 temps musicaux. Cela implique donc qu’un pas de base de rock à 6 temps dure 2 temps de plus. Naturellement, s’il n’adapte pas son pas, un danseur à 6 temps ne pourra pas danser avec une danseuse à 4 temps… Sans compter les différences de technique de guidage. - Ligne de danse fixe ou non ?
Certaines méthodes ne parlent pas de ligne de danse en rock alors que d’autres imposent une ligne fixe dans l’espace (c’est plus pratique pour les voisins…). Cela entraîne un potentiel décalage dans l’espace entre les partenaires si l’un des deux ne suit pas strictement une ligne de danse. - Connaissance ou non de certaines conventions (appel de main par exemple) ?
L’appel de main est un signal visuel permettant à un danseur de demander l’une des mains à sa partenaire. Si la partenaire ne connaît pas le signal correspondant, elle ne présentera pas sa main et le danseur sera gêné pour guider la figure qu’il a en tête.
Ce ne sont que quelques exemples sur une danse donnée, mais je pourrais en énumérer beaucoup d’autres. J’ajoute à cela le fait que de mauvaises bases empêchent une danseuse/un danseur de progresser à un certain moment de son évolution. Un danseur qui ne sait pas faire correctement une pirouette (un tour sur soi) aura du mal à en faire deux à la suite. De même, un danseur qui n’a pas une bonne technique de bas de base de rock ne pourra pas danser correctement sur des tempos très rapides. C’est pour cela qu’il faut prendre le temps nécessaire pour bien maîtriser les bases et ne pas brûler les étapes (les professeurs sont donc parfois obligés de canaliser l’impatience de leurs élèves pour s’en assurer).
Si l’apprentissage des bases est capital, il est aussi essentiel de travailler régulièrement ces bases. Les bases doivent généralement passer à l’état de réflexes ou au niveau de l’inconscient (un peu comme la conduite automobile) afin de franchir les étapes suivantes. Par la suite, lorsqu’on danse et que l’on progresse, on a tendance à se focaliser sur les derniers mouvements ou les dernières techniques qu’on a appris. Et, petit à petit, on perd de vue ces fameuses bases et, même si on les connaît, on peut avoir tendance à en simplifier ou déformer des parties. D’où cette nécessité de rafraîchissement régulier de mémoire. Il n’est pas déshonorant, pour un danseur avancé, de retravailler les bases avec les débutants. Les difficultés rencontrées par ces derniers lui rappellent d’ailleurs un état d’esprit qu’il peut avoir laissé de côté.
Enfin, bien acquérir les bases est aussi important pour des raisons de sécurité. Cela va du simple fait de marcher sur les pieds de son/sa partenaire en valse à la bonne exécution d’une acrobatie de rock acrobatique. Le moindre risque peut avoir des conséquences : un bras mal maîtrisé et c’est l’oeil au beurre noir, un appui non préparé et c’est la chute, etc. Ce genre de désagréments est le propre de toute activité physique et la danse, qu’elle soit de salon ou hip-hop, n’y fait pas exception.
La conclusion de cet article portant sur les bases est simple : pour bien danser, il faut apprendre. Pour bien apprendre, il faut suivre des cours dispensés par des gens sérieux et être conscient des conséquences de bases mal acquises. Et pour parodier une célèbre maxime : bases mal acquises ne profitent jamais !