Archives par mot-clé : promo

Le Bus Stop : la danse emblématique du disco

Partagez cet article :

Quand on évoque l’époque disco, on ne peut pas s’empêcher de penser aux pistes de danse éclairées de lumières colorées, aux paillettes et aux mouvements rythmés des danseurs en harmonie avec les « boum boum » enivrants de la musique. Parmi les multiples danses qui ont marqué cette période, le Bus Stop est l’une des plus appréciées et emblématiques. Plus qu’une simple danse, c’est un véritable phénomène culturel qui a traversé les décennies pour devenir un classique intemporel.

Origines et évolution

Fastback Band, Do The Bus Stop
Fastback Band, Do The Bus Stop

Le Bus Stop est dans les années 1970, dans le milieu de la musique disco dans une petite discothèque de Chicago. On lui attribue généralement le titre de première danse en ligne de l’ère du disco. Initialement appelée le « L.A. Hustle », cette danse en groupe a été renommée « Bus Stop » lorsqu’elle s’est propagée vers la côte Est des États-Unis. Elle est composée d’un mélange de pas simples et répétitifs basés sur des mouvements simples de danse en ligne. À l’inverse des danses de couple qui dominaient avant l’ère disco (rock’n’roll, danses de salon, etc.), le Bus Stop permettait à un grand nombre de personnes de danser ensemble sur la piste de danse, créant ainsi une sensation d’unité festive.

L’apparition de la danse dans les clubs new-yorkais a favorisé sa diffusion grâce aux DJ et aux chorégraphes de l’époque. La popularité du Bus Stop s’est rapidement accrue, au point de devenir une référence dans les soirées disco à travers le monde. La danse est généralement liée à la chanson « Do The Bus Stop » du groupe The Fatback Band bien qu’en réalité elle puisse être faite sur n’importe quelle chanson disco avec un tempo adapté. Citons en particulier « Get Up, Get Down, Get Funky, Get Loose » de Teddy Pendergrass, “Play That Funky Music” de Wild Cherry ou encore « Some Kind of Trouble » de Tanya Tucker. Voici une vidéo de la version de The Fatbck Band en 1975.


Petit à petit, grâce à son succès au fil des années, le Bus Stop a été intégré parmi les danses en ligne pratiquées par les amateurs au même titre que les autres danses (country) en ligne.

Mouvements de base

Le Bus Stop est relativement simple à danser, ce qui a joué un rôle essentiel dans sa réussite. La danse se déroule en 32 temps et 4 murs. Voici une explication des étapes fondamentales par série de 4 temps :

  • 1-4 : Walk Back, Touch
    reculer le pied droit, reculer le pied gauche, reculer le pied droit, pointer le pied gauche à côté du pied droit sans le poids du corps
  • 5-8 : Walk Forward, Touch
    avancer le pied gauche, avancer le pied droit, avancer le pied gauche, pointer le pied droit à côté du pied gauche sans le poids du corps
  • 9-12 : Vine Right, Touch
    écarter le pied droit à droite, croiser le pied gauche derrière le
    pied droit, décroiser le pied droit à droite, pointer le pied gauche à côté du pied droit
  • 13-16 : Vine Left, Touch
    écarter le pied gauche à gauche, croiser le pied droit derrière le
    pied gauche, décroiser le pied gauche à gauche, pointer le pied droit à côté du pied gauche
  • 17-20 : Step Touch, Step Touch
    écarter le pied droit à droite, pointer le pied gauche à côté du
    pied droit, écarter le pied gauche à gauche, pointer le pied droit à côté du pied gauche
  • 21-24 : Slide and Heels
    écarter largement le pied droit à droite, assembler le pied gauche
    au pied droit en le faisant glisser au sol (slide), déplacer le poids
    du corps sur l’avant des pieds puis écarter les talons, ramener
    les pieds parallèles
  • 25-28 : Taps
    pointer le pied droit vers l’avant deux fois, pointer le pied gauche
    vers l’arrière deux fois
  • 29-32 : Toe, Turn and Stomp
    pointer le pied droit vers l’avant, pointer le pied droit vers
    l’arrière, pointer le pied droit vers le côté, pivoter d’1/4 de tour à gauche puis taper du pied droit au sol à côté du pied gauche, sans mettre le poids du corps (stomp)
  • Puis on recommence au début !
Danseuses de Bus Stop
Danseuses de Bus Stop

Comme dans le cas d’un madison, on répète ces mouvements, les danseurs tournant d’un quart de tour, vers une nouvelle direction, à chaque cycle. Il est possible d’inclure des variations dans le Bus Stop de base, les danseurs improvisent en utilisant des mouvements de bras ou en ajoutant des pas supplémentaires, ce qui rend la danse à la fois accessible et personnalisable. Par exemple, sur les comptes 21 à 24, il est possible de sauter vers l’avant sur un temps, sauter en arrière sur un temps, puis effectuer un mouvement faisant se joindre puis s’écarter les talons deux fois ; ou encore pour s’amuser, on peut aussi débuter la danse sur le temps 9 et reprendre les temps 1 à 8 pour finir ou encore sur le temps 25 et reprendre les temps 1 à 24 pour finir comme dans la vidéo ci-dessous où le Bus Stop est piloté par Charlie Green en 1982 à Chicago dans une version adaptée au titre « Make It Clap » de Will The Funkboss.

La danse (country) en ligne
La danse (country) en ligne

Vous pourrez retrouver les pas du Bus Stop illustrés dans mon livre « La danse (country) en ligne » avec de nombreuses autres danses accessibles à tous, toujours disponible en librairie, en commande en ligne ou en commande directe aux éditions Ch. Rolland !

Impact culturel

Le Bus Stop dépasse largement le simple cadre de la danse, il incarne une époque la danse en ligne en groupe relativement important étaient au cœur de la culture des clubs. À une époque la musique disco rassemblait les individus de toutes origines et de tous âges, le Bus Stop était un moyen facile et divertissant pour tous pour se connecter et de partager la joie de la danse.

Le Bus Stop est devenu une icône des soirées disco grâce à l’émergence des clubs de danse et à l’influence des films tels que Saturday Night Fever. Il a franchi les frontières culturellesen étant pratiqué dans différentes soirées et demeure encore populaire dans certains cours de danse et les fêtes disco à l’heure actuelle.

Le Bus Stop aujourd’hui

Malgré la disparition de la culture disco années 1970, le Bus Stop n’a jamais réellement disparu. Il demeure un élément essentiel des soirées incluant de la musique disco et continue d’être enseigné dans les cours de danse aux USA. La danse est toujours appréciée pour son côté nostalgique et accessible, tant par ceux qui l’ont connue à son apogée que par les nouvelles générations curieuses de retrouver l’esprit festif de l’époque disco.

Petite anecdote supplémentaire, aujourd’hui dans le milieu du swing « à l’ancienne » des années 1930-40 (jazz roots, lindy hop, etc.) et de ses festivals ou cours de danse, on voit un Bus Stop revisité à la manière swing par des professeurs. On avait déjà eu droit au « Madison revisité par Frankie Manning », et à présent c’est au Bus Stop de servir de base pour animer les cours de danse ou comment faire du neuf avec du vieux ou, plus précisément, faire du très vieux avec du moins vieux !

En résumé, le Bus Stop dépasse largement le simple enchaînement de pas ; il s’agit d’une partie essentielle de l’histoire de la danse, d’un témoignage de l’influence du disco, et d’un rappel que parfois, les meilleures danses sont celles qui réunissent tous les participants sur la piste. 

 

Partagez cet article :

Jackie Chan le danseur : danse et arts martiaux

Partagez cet article :

Qui ne connait pas Jackie Chan, célèbre acteur associé aux arts martiaux, cascadeur et réalisateur de films d’action à succès ? Mais saviez-vous que la danse émaille sa vie et sa carrière tout entière ?
J’ai aujourd’hui décidé de vous parler de cet acteur iconique et de sa capacité  à danser mais aussi de la relation entre les arts martiaux et la danse.

Arts martiaux
Arts martiaux

La danse et les arts martiaux partent d’un grand point commun : la maîtrise du mouvement corporel. Que l’on exerce ces disciplines en solo ou avec un(e) partenaire (ou plutôt un(e) adversaire dans le cas des arts martiaux), il est nécessaire d’utiliser des techniques bien précises pour aboutir au bon résultat. En danse, on doit maîtriser l’équilibre, le rythme, l’énergie, les forces appliquées à un(e) partenaire dans le cadre d’une interaction (guidage en danse à deux, pas de deux, portés, etc.), le placement des éléments du corps pour réaliser les mouvements correspondant au style recherché, l’anticipation pour une chorégraphie fluide, sans oublier la mémoire des enchaînements lorsqu’on danse hors improvisation.  Dans le domaine des arts martiaux, je pourrais faire une phrase très semblable puisque les mêmes qualités sont requises pour une bonne pratique dans le cadre d’un combat ou celui d’une exhibition.On peut aussi ajouter dans la liste des points communs la discipline, la concentration, le contrôle de soi, l’expression artistique à travers les mouvements du corps. Dans le cas de démonstrations, on peut aussi citer l’importance du rythme, de la synchronisation entre les participants ainsi que la fluidité des enchaînements.

Si l’on poursuit le parallèle entre la danse à deux et un combat d’arts martiaux, la différence essentielle en dehors de la présence ou l’absence de musique sera le fait que dans le premier cas le danseur veut faire ressentir à sa danseuse le mouvement qu’il voudrait lui faire faire et que dans le second cas les adversaires essaient de masquer leurs intentions à l’autre pour pouvoir se surprendre mutuellement.

Le cas de Jackie Chan et d’autres stars des films d’arts martiaux mérite d’être étudié de plus près… De ses débuts à l’Opéra de Pékin à ses apparitions dans des films à succès, Jackie Chan a en particulier parcouru un chemin unique dans le monde de la danse.

Seven Little Fortunes
Seven Little Fortunes avec Jackie Chan

Jackie Chan est né le 7 avril 1954 à Hong Kong. Il a commencé sa formation en arts martiaux dès son plus jeune âge à partir de 1961 à l’Opéra de Pékin, également connue sous le nom de « China Drama Academy », où il a aussi étudié la danse traditionnelle chinoise et l’acrobatie. Cette formation précoce a influencé son style de combat unique qui intègre des éléments de danse et d’acrobatie, jetant ainsi les bases de ses talents multiples qui allaient le propulser vers la gloire cinématographique. Il a fait partie des meilleurs de sa promotion et sélectionné pour faire partie des « Seven Little Fortunes » qui se produisaient au Lai Yuen Amusement Park de Kowloon. La formation à l’Opéra de Pékin a également exposé Jackie Chan à une variété d’autres disciplines artistiques, notamment l’acrobatie et les arts martiaux, qui allaient devenir des éléments clés de son style cinématographique unique plus tard dans sa carrière. Cette formation polyvalente a contribué à forger sa passion pour les arts de la scène et à jeter les bases de sa future carrière dans l’industrie du divertissement.

Les premiers pas de Jackie Chan dans l’industrie cinématographique  dans les années 1960 et 1970 ont été marqués par des rôles dans des films où il a eu l’occasion de mettre en valeur ses compétences en danse et en arts martiaux. Son rôle dans le film en noir et blanc « Big and Little Wong Tin Bar » en 1962 lui a offert sa première expérience d’arts martiaux chorégraphiés sur grand écran en tant qu’enfant, posant ainsi les fondations de sa future carrière. Dans les années 1970 et 1980, Jackie Chan est devenu une figure majeure du cinéma d’action hongkongais, notamment grâce à sa collaboration avec le réalisateur Lo Wei et sa participation à la série de films « Drunken Master » et « Police Story ».

Drunken Master
Drunken Master

Son style de combat unique, qui intègre des éléments de comédie et de chorégraphie complexe, a attiré l’attention du public international et lui a valu le surnom de « Maître des arts martiaux comiques ».

Dans ses films d’action qui incorporent des séquences de combat chorégraphiées avec une précision remarquable, les mouvements de Jackie Chan sont souvent fluides et gracieux, rappelant ceux d’un danseur, ce qui ajoute une dimension artistique à ses scènes d’action. Ses cascades vont même souvent au-delà des simples combats. Il intègre fréquemment des éléments de danse dans ses scènes de combat et d’action, ce qui rend ses performances à la fois spectaculaires et esthétiques. Au fil de sa carrière, Jackie Chan a travaillé avec plusieurs chorégraphes de renom pour créer des scènes de combat et des séquences de danse dans ses films. Ces collaborations ont contribué à enrichir son répertoire de mouvements et à élever le niveau de l’action dans ses films.

Au fil des années 1980 et 1990, Jackie Chan a incorporé des éléments de danse dans ses films d’action de manière de plus en plus prononcée. Des séquences de combat chorégraphiées avec grâce et précision ont ajouté une dimension artistique à ses performances, distinguant ainsi ses films des autres productions d’action. Citons par exemple « City Hunter » (1993) mêlant chorégraphie et comédie.
Dans ce film, Jackie Chan offre au public une séquence de combat chorégraphié mémorable et hilarante. Déguisé en Sailor Moon, il entraîne les spectateurs dans une performance énergique sur le thème de « Street Fighter II », illustrant ainsi sa capacité à combiner danse, humour et action dans une seule séquence.

Dans la même période, on note des apparitions à la télévision où Jackie Chan danse. Par exemple, l’émission « Dance With Me » en 1982 où on le voit commencer par un saut acrobatique façon arts martiaux comme dans ses films, puis il continue en dansant en solo ou avec des danseuses comme le montre la vidéo ci-après.

Autre exemple, avec de la danse à part entière cette fois, dans le film Kung Fu Yoga réalisé par Stanley Tong et sorti en 2017, Jackie Chan joue le rôle de Jack, professeur d’archéologie chinois, qui fait équipe avec Ashmita, professeure de danse indienne, et son assistante Kyra pour retrouver le trésor perdu de Magadha. On y voit une scène de danse festive de style Bollywood où Jackie Chan démontre avec brio ses qualités de danseur. On retrouve la danse Bollywood principalement dans les films indiens (Bollywood est la contraction de Bombay et Hollywood) où l’industrie du cinéma regorge de scènes de danse de ce type. Pour faire la promotion de ce film, on a pu voir notre amateur d’arts martiaux exécuter des extraits de cette scène en direct sur plusieurs plateaux de télévision. D’ailleurs, ce style de mouvements rappelle une petite scène où Jackie Chan effectue une petite danse avec les mains dans « Drunken Master ».

Au-delà des mouvements de danse en solo mis en scène dans quelques films tels qu’évoqué précédemment, Jackie Chan a eu plusieurs fois l’occasion de danser en couple sur le grand et le petit écran. On peut citer, par exemple,des films comme « Shanghai Knights » (dans ce film de 2003, il reprend son rôle de Chon Wang aux côtés d’Owen Wilson. Bien que ce ne soit pas un film centré spécifiquement sur la danse, il y a des scènes où Jackie Chan danse en couple, notamment lors de certaines séquences comiques et de divertissement) ou encore

The Tuxedo, danse en couple
The Tuxedo, danse en couple

« The Tuxedo » (dans ce film d’action comique de 2002, Jackie Chan joue le rôle de Jimmy Tong, un chauffeur de limousine qui se retrouve impliqué dans une intrigue impliquant un smoking spécial doté de capacités surhumaines. Il y a plusieurs scènes où Jackie Chan danse en couple avec Jennifer Love Hewitt, qui joue le rôle de Del Blaine, un agent secret).

En fait, ce qui m’a donné l’idée de cet article est un extrait d’émission
de la télévision chinoise en ce début de 2024 où l’on voit Jackie Chan
faire quelques pas de danse improvisés. Ce n’est pas la première fois que Jackie Chan danse comme cela à la télévision, comme je vous l’ai précisé plus haut, mais l’occasion était trop belle pour ne pas aller dans le détail et vous montrer cela. Voici la vidéo :

 

On le voit bien, au fil des ans, Jackie Chan a étendu ses talents au-delà du cinéma pour inclure la réalisation, la production, le doublage vocal, la musique et même la philanthropie. Sa capacité de à fusionner habilement les arts martiaux, l’acrobatie et la danse a contribué à faire de lui une icône du cinéma d’action internationale.
Il a reçu de nombreux prix et distinctions tout au long de sa carrière, y compris un Oscar d’honneur en 2016 pour sa contribution exceptionnelle au cinéma. Comme quoi les qualités de danseurs peuvent mener très loin !

Je ne saurais être complet sur le sujet en citant quelques autres acteurs connus pour les arts martiaux qui mêlent danse et combat comme Bruce Lee,  Jet Li, Sammo Hung, Jean-Claude Van Damme  ou encore Tony Jaa qui a reçu une formation en danse thaïlandaise par exemple.  À l’inverse, plusieurs artistes connus pour la danse et/ou le chant maîtrisent les arts martiaux, parmi lesquels on peut citer Michael Flatley, Kamel Ouali, Madonna et même Elvis Presley (et son fameux déhanché peut-être en rapport avec sa ceinture noire de karaté ?).

Partagez cet article :

Le bal populaire en France

Partagez cet article :
Bal 14 juillet dans les rues
Bal 14 juillet dans les rues

La danse et la musique ont évolué au fil du temps pour devenir des éléments essentiels de la vie sociale française tant du point de vue social que du point de vue culturel. Avant même de disposer de la radio pour écouter les chansons en vogue, chacun pouvait danser au son des instruments que les musiciens s’enorgueillissaient de faire sonner de belle manière pour leur audience.  Même si de nos jours les  soirées se passent souvent à la maison devant un écran, il ne faut pas oublier que le bal a été pendant longtemps une partie du lien social local dans chaque région et que bien des familles ont été créées suite à un rencontre dansante à cette occasion. Grand-parents, parents et enfants trouvaient eu sein du bal populaire, organisé à l’origine à l’occasion d’événements comme les moissons ou les mariages, un espace de liberté différent du cercle familial où l’on croisait des personnes de tous âges et de toutes origines.

Affiche 14 juillet 1880
Affiche 14 juillet 1880

Le 14 juillet symbolise le bal populaire par excellence, mêlant diversité sociale et citoyenneté. Mais les bals populaires ce sont aussi les festivités des moissons dans les campagnes, les fêtes familiales, les soirées dans les dancings, les bals des pompiers, etc. Pourtant ces manifestations de joie a priori anodines ont souvent été encadrées de manière stricte par les autorités.  Le premier bal du 14 juillet a été organisé en 1880 accompagné de fanions tricolores et de musique populaire jouée par un orchestre du haut d’une estrade. Cette fête a été créée par les autorités pour fédérer les citoyens français autour de le toute nouvelle Troisième république pas forcément acceptée de tous.

Estrade bal 14 juillet
Estrade bal 14 juillet

Les bals populaires ont lieu dans des endroits tels que les salles des fêtes, les places publiques et les terrains de sport, etc. Ils sont souvent organisés par des associations locales. Les danses traditionnelles y régnaient aux débuts, comme la bourrée auvergnate au son de la cabrette ou la gavotte bretonne au son du biniou, voire même diverses danses sur des mélodies a capella des chanteurs de villages. Les occasions de faire la fête et de danser offraient une soupape aux travailleurs harassés par le travail quotidien dans les champs, dans les mines ou à l’usine. Ils pouvaient ainsi se retrouver entre amis, faire des connaissance et danser dans une ambiance détendue, vêtus de leurs plus beaux habits. Et cela pouvait durer jusqu’au bout de la nuit. Ainsi, des couples de tous âges dansent sur une variété de musiques, des plus traditionnelles aux plus modernes. Les bals populaires sont aussi un moyen de rassembler les communautés locales et de renforcer les liens sociaux. C’est au bal populaire que se sont faites de nombreuses rencontres alors que dans la « vie de tous les jours » les gens se voyaient de loin. Mais cela ne se faisait pas toujours sans mal. Si les hommes étaient libres d’y participer sans restriction, les femmes de la fin du XIXe siècle avaient systématiquement un chaperon plus âgé, sans compter que certaines manifestations étaient organisées sous la houlette du clergé bien-pensant qui n’a pas apprécié l’arrivée des danses dites « modernes » comme la valse ou la polka avec leur position de couple rapprochée.

Bal parisien
Bal parisien

Revenons à ces fameux bals du 14 juillet du début du XXe siècle… Malgré les réticences du clergé, ce jour devient un jour férié dans tout le pays. Ce début de  XXe siècle est appelé « La belle époque »,
les lieux se créent autour de la fête à Paris et portent l’appellation de « bal » : bal du Moulin Rouge, bal du Moulin de la Galette, Bal Tabarin… L’entrée coûtait un franc à l’époque ! Les jambes se dévoilent petit à petit et offusquent les « Père Lapudeur » de l’époque à l’instar du clergé des années auparavant. À l’opposé, certains bals comme celui des Barrières est fréquenté par les Apaches avec leur foulard, leur casquette et leur manières pour le moins directes. On y danse la valse, la scottiche, la mazurka et, bien sûr, la danse des Apaches (voir l’article à ce sujet sur ce blog).

Bal Breton
Bal Breton

Dans certains quartiers parisiens, on retrouve différentes communautés venues chercher du travail à la Capitale : en premier lieu les Auvergnats avec leur cabrette, mais aussi les Italiens avec leur accordéon… Et voilà que naît le style de musique dit « musette » et la danse qui va avec, à l’opposé du tango fustigé par l’Église et réservé aux quartiers bourgeois. À l’orée de la 1ère Guerre mondiale, tout le monde danse à l’unisson dans les rues à l’occasion des bals organisés dans un état d’esprit insouciant.

Accordéoniste piano accordéon
Accordéoniste piano accordéon

Si la guerre désorganise les festivités dansantes, il n’en demeure pas moins que l’on danse toujours et parfois entre personnes du même sexe sans ambiguïté. Le Américains débarquent et apportent avec eux le jazz . Le 14 juillet 1919 est marqué par un défilé fêtant la fin de la guerre et accompagné par un bal populaire ouvert à tous. Il y a fort à parier que les personnes venues danser sont plutôt là pour décompresser que pour célébrer le pays. Dans la rue se côtoient la valse musette et le tango mondain au son de l’accordéon chromatique, instrument roi des bals populaires à partir de ce moment-là. À lui seul un accordéoniste est en mesure de transformer n’importe que lieu en bal musette et, par conséquent, les lieux à danser se multiplient.  Les Français se libèrent de toutes ces années noires grâce au bal afin de pouvoir renaître… d’autant plus que la journée de travail passe de 60 à 48 heures sur 6 jours cette année-là. La java s’ajoute peu à peu à la liste des danses avec le boléro et le paso doble, permettant à certains de s’encanailler au bal musette.  Pendant ce temps, pendant l’entre-deux-guerres, les classes mondaines préfèrent le jazz et dansent le foxtrot, le charleston, le black bottom ou le shimmy et investissent de nouveaux lieux appelés « dancings ». Les tenues féminines se raccourcissent encore pour permettre de mieux effectuer ces mouvements dynamiques venus d’Amérique. Dans ces années-là, la norme était qu’une jeune homme ou une jeune femme de 18 ou 19 ans sache danser pour pouvoir aller au bal.

Au début des années 1930, près d’un Français sur deux dispose d’une radio TSF. La musique pour danser devient donc accessible à toutes les classes sociales à domicile sans attendre une quelconque occasion. Cela n’empêche pas les Français de se rassembler dans les guinguettes des bords de Marne par exemple (Le Grand Cavana, chez Gégène, etc.), des lieux où se retrouvent des gens de toutes les origines. À Montmartre, le premier bal des pompiers est créé dans la caserne. Puis, les grèves ouvrières de 1936 servent de prétexte à l’organisation de bals quotidiens lors de l’occupation des usines qui conduira à la semaine de 40 heures et aux congés payés, avec par conséquent toujours plus de temps libre pour danser.

En 1939, la Seconde guerre mondiale éclate. Le Maréchal Pétain prône la « France d’avant » et ferme tous les bals et dancing par décret en mai 1940. Bien sûr, l’interdiction n’est pas suivie à la lettre dans les campagnes où des bals sont organisés dans les fermes isolées ou l’arrière salle des bistrots aux fenêtres calfeutrées. Le peuple a besoin de se changer les idées et de danser dans ces bals clandestins où l’accordéon fournit l’ambiance musicale. Dans les villes, occupées par l’armée allemande, c’est plus compliqué mais quelques irréductibles appelés les Zazous (voir l’article sur le sujet dans ce blog) continuent de danser en secret sur les musiques américaines en signe de rébellion.

Caves de Saint Germain
Caves de Saint Germain

Après le débarquement américain de juin 44 qui marque le retour de la paix en France, le général De Gaulle réinstaure le bal républicain du 14 juillet et les autres bals renaissent comme les bals des pompiers dans diverses villes ou le Balajo à Paris. En parallèle, certains suivent les traces des Zazous et vont danser le be-bop et le swing dans les caves de Saint-Germain-des-Prés. L’après-guerre marque la nouvelle tendance des bals « où l’on veut, quand on veut », sans avoir à attendre un événement particulier (moissons ou 14 juillet par exemple). Les danses latines s’y intègrent progressivement : mambo, cha-cha, etc. Le bal populaire devient mobile, parfois en intérieur, parfois en extérieur, parfois sous tente, organisé par des professionnels. Il restera la première occasion de rencontre jusque dans les années 1970 puisque les jeunes utilisaient le bal comme lieu de rendez-vous. À la fin des années 1950, le rock’n’roll et les danses des yéyés venues des USA (madison, twist, etc.) reportent un franc succès chez les jeunes, boostés par les jukeboxes et les 45 tours, alors que les plus anciens restent attachés aux danses pratiquées jusque là dans les bals. Les discothèques se créent peu à peu pour donner à la jeunesse amatrice de rock’n’roll, de slow et des nouvelles danses un lieu pour danser avec des lumières tamisées et propice aux rencontres.

Bal traditionnel
Bal traditionnel

Les années 1970 marquent l’envie d’un retour à la nature et le renouveau de la musique folklorique et traditionnelle avec les danses associées. Les bals trads fleurissent en parallèle des soirées pop rock psychédéliques en discothèque où l’on se laisse aller. Puis les soirées en discothèque connaissent l’essor de la musique disco et l’âge d’or de ces établissements (plus de 4000 en France à la fin des années 1970). Face à ce raz-de-marée les bals populaires déclinent malgré les efforts et les subventions du gouvernement pour construire des salles des fêtes dans tout le pays. Ceux qui sortent en boîte de nuit se préparent longuement au préalable et on y va de plus en plus pour être vu et éventuellement y faire des rencontres. Même s’il y a beaucoup moins de discothèques de nos jours qu’à l’époque, la tendance continue dans ce sens sachant que les Français sortent moins, au profit d’une soirée Netflix en famille ou entre amis .

Danseurs de rock'n'roll
Danseurs de rock’n’roll

On peut à ce point se poser la question suivante : « le bal populaire  ne se cantonne-t-il de nos jours qu’au bal du 14 juillet ? ». Il me semble que la réponse est non. On retrouve les marqueurs du bal populaire dans de nombreuses occasions allant des soirées en boîte de nuit aux bals trad en passant par les soirées et festivals rock’n’roll, latino, swing ou encore country. Les gens sont là, venant de tous horizons, pour partager un bon moment, décompresser, danser, se retrouver entre amis et éventuellement faire de nouvelles connaissances. Ainsi s’il ne s’appelle plus « bal populaire » l’événement dansant contemporain en a encore tous les atours.

Malgré les différents points d’arrêt et interdictions dus aux crises traversées par les Français (le choléra en 1883, la 1ère guerre mondiale, la grippe espagnole en 1918, le 2e guerre mondiale et même récemment le Covid en 2020), la danse et les bals populaires ont conservé leur rôle essentiel dans la vie sociale des Français. Le bal populaire contribue indéniablement à la préservation et au développement de la culture française avec un impact positif sur la cohésion sociale. La danse et les bals populaires sous toutes leurs formes sont bien plus qu’un simple divertissement, mais ils sont également un élément vital de la culture et de la vie sociale française.

Partagez cet article :