Bonjour monsieur Phelps. Cette position, si vous l’acceptez, vous mènera jusqu’aux confins du ridicule. Elle vous sera tellement difficile à tenir et elle vous compliquera tellement la danse que vous la considérerez bien vite comme une position impossible. Attention, ce message s’autodétruira dans 5 secondes. Pschiittt !
Si le principe « la technique ne doit pas se voir » est bien connu des danseurs de bon niveau (ce sont ceux qui parviennent à faire en sorte que l’on ait cette impression de facilité lorsqu’ils dansent), il en est une constatation que je ne peux m’empêcher de faire : « le manque de technique ne peut que se voir ». Avez-vous déjà essayé de vous poser lors d’une soirée dansante et d’en profiter pour observer la faune du coin ? On peut brosser le portrait du couple assorti dont les gestes complémentaires agrémentent une danse qui semble naturelle, autant que le portrait du couple un peu étrange où le danseur aux airs hautains de celui qui a un balai là où on pense ne regarde jamais sa danseuse qui, de son côté, gesticule dans tous les sens et donne des coups de pieds dans les chevilles de ceux de ses voisins qui n’ont pas encore compris qu’elle a deux pieds gauches. Bref, je vous conseille de regarder un peu autour de vous de temps en temps, il y a souvent du beau spectacle. Notez tout de même que si ces oiseaux-là s’amusent et vivent bien leur manière de danser sur la piste, ce n’est pas si mal que ça (sauf pour les chevilles pleines de bleus des voisins lents à la détente…).
En dehors de cela, l’image fixe raconte elle aussi beaucoup de choses. Pour les besoins de mon activité d’édition, j’ai ces jours-ci l’occasion de parcourir les catalogues d’agences de photo montrant des danseurs. Chaque situation prise sur le vif est particulièrement loquace. Si l’impression générale et immédiate est importante, le second regard l’est également si l’on souhaite comprendre ce qui se passe. Il est intéressant aussi de jouer à « Où est Charlie ? » avec des photos de soirées dansantes. Prenez par exemple, la photo qui suit.
On regarde plus facilement le couple central qui salue, mais en y regardant de plus près, on peut voir, juste derrière, une main qui est plutôt confortablement installée. Amusant, non ? Si vous avez d’autres photos comme cela, n’hésitez pas à me les faire parvenir.
Un autre point à noter est qu’une position arrêtée dénote aussi souvent très facilement la danse associée. Ira-t-on penser qu’une danseuse en robe longue à plumes et qu’un danseur en queue-de-pie sont en train de danser une valse ? Ira-t-on déduire qu’une danseuse en combinaison brillante rose fluo la tête en bas à trois mètres du sol au-dessus de son partenaire (lui aussi en combinaison moulante) sont en train de danser un paso doble ? D’accord, je caricature. Mais comme chaque danse a ses codes et sa technique, certaines positions sont tout à fait caractéristiques de certaines danses. La photo ci-contre, par exemple, montre une position tout à fait caractéristique de la rumba (ou à défaut, du cha-cha) de danse sportive. Et alors, que se passe-t-il si la bonne technique n’est pas appliquée par les danseurs ? Eh bien, c’est simple : une danse peut passer pour une autre ou alors on peut réellement mettre en doute que les partenaires soient en train de danser…
Je pends juste l’exemple des deux images ci-dessus. La première provient d’un catalogue d’une agence de photo alimentant généralement les magazines de tous vents. Si l’on examine un peu ces positions, on se rend compte que la première est réellement inconfortable pour la danseuse, alors que la seconde est tout aussi spectaculaire (et même beaucoup plus jolie à mon avis) mais plus logique : la danseuse est équilibrée, le danseur se tient droit, prêt à revenir dans la position fermée de base du tango. Bref un joli renversé. On en déduit donc que les deux personnes de la première photo ne sont que des mannequins et probablement pas de vrais danseurs. On retrouve ainsi de nombreuses photos qui illustrent des articles de presse faisant allusion à la danse en couple et qui feraient hérisser les cheveux sur la tête d’un professeur de danse atteint de calvitie avancée. Ces images ont au moins l’avantage de suggérer deux personnes en train de danser. J’aurais personnellement préféré que cela aille au-delà de la suggestion… Avis aux photographes !
Allez, pour finir, je vous donne en bonus encore une de ces photos à se tordre de rire où l’on montre une « position impossible ». Essayez donc de danser le tango comme cela. Encore heureux que ces deux personnes n’aient pas adopté la position des doigts entrelacés si souvent rencontrée chez les non-danseurs qui s’essayent au tango. Si vous vous y retrouvez, n’en faites pas des cauchemars ; il est toujours possible de se défaire des mauvaises habitudes avec de la bonne volonté…