Le flamenco (el baile flamenco en espagnol) est une danse qui est synonyme de soleil, mais aussi de passion. Elle est très appréciée des Français et, en particulier, de la gent féminine. Dès la prononciation du mot « flamenco », on entend les guitares sonner et résonner des castagnettes. On devine peu après des silhouettes dans des robes à pois et à volants qui tapent des pieds en agrémentant les déplacements de mouvements de mains gracieux. Pourtant, l’histoire du flamenco n’est peut-être pas si superficielle que cela, car elle est fortement ancrée dans l’histoire espagnole.
Au XIXe siècle, l’Andalousie, grande région du sud de l’Espagne, est le théâtre d’une certaine instabilité politique où misère et violence sont des thèmes récurrents. L’inégalité qui règne entre les riches propriétaires et les nombreux paysans modestes ne fait que croître. En parallèle, la communauté des gitans est mal aimée. C’est dans ce contexte que sont nées les mélodies du flamenco en tant que chant et musique et en particulier sur le côté atlantique de l’Andalousie dans les environs de Séville et Cadix. On doit les origines du chant flamenco aux gitans qui y exprimaient tout leur désarroi. La danse flamenca raconte donc une histoire. Cette manière de chanter va sortir du cercle familial et se diffuse petit à petit. Certains chanteurs s’en feront même une spécialité et seront recherchés et payés pour cela comme El Planeta et El Fillo. À la fin du XIXe siècle, cela marque le début de l’éloignement du flamenco de la sphère paysanne ainsi que l’intégration de cet art dans le contexte classique du spectacle grand public. En particulier, on crée des cafés cantantes (cafés théâtres) où le chant flamenco des origines rejoint les mélodies traditionnelles andalouses.
Au début, la danse n’était qu’une manière d’agrémenter visuellement le chant en fond de scène, voire même de faire patienter les spectateurs des cafés cantantes. Les représentations de l’époque montrent des danseuses bien en chair. Les mouvements sont alors peu élaborés et se limitent parfois aux palmas, l’accompagnement rythmique avec les mains. On ne peut donc pas réellement encore parler de chorégraphie comme celles qui viendront plus tard. La danseuse de cette époque est vêtue d’une robe longue (sans volants), elle peut porter un châle et une peineta (un peigne) achève sa coiffure.
Le flamenco a ensuite connu peu à peu une évolution vers quelque chose de plus spectaculaire. Les chants étaient donc accompagnés par la guitare flamenco (toque), les battements de mains (palmas), les battements de pieds (zapateado, action des talons) et la danse proprement dite (baile). Les castagnettes ne sont, semble-t-il, arrivées qu’ultérieurement. Dans le même temps, comme le flamenco est devenu plus physique, la danseuse type s’est amincie et sa tenue vestimentaire s’est transformée. On a aussi vu arriver les danseurs mâles, soit seuls, soit pour accompagner une danseuse. La danse masculine porte alors l’accent sur les claquements de pieds alors que celle des danseuses met l’accent sur les bras et les mains.
Il n’y a pas un seul et unique type de musique flamenco et il en est naturellement de même pour la danse. On peut ainsi compter jusqu’à 50 palos différents (types de chants flamenco), même si certains sont rarement joués. Certaines formes sont dansées tandis que d’autres ne sont pas. Parallèlement, certaines danses sont traditionnellement réservées aux hommes et d’autres sont pour les femmes. Mais c’est de moins en moins cloisonné de nos jours. Les danses de base comportent les suivantes : alegrias, soleares, bulerias, farruca. Pour commencer un spectacle de flamenco, la danseuse (ou le danseur) reste immobile pendant quelques instants pour s’imprégner du chant, de la musique et du rythme de celle-ci marqué par les claquements de mains. Puis arrivent les gestes et déplacements qui expriment des émotions et racontent l’histoire correspondant aux paroles du chant. Il est à noter l’importance de l’improvisation dans ce contexte. Les grands danseurs d’expression de flamenco sont connus pour leur duende, une qualité qui exprime à la fois leur âme et leur capacité à se traduire par des états d’émotion pure. En flamenco traditionnel (clasico), on ne considère pas que les jeunes puissent avoir la maturité émotionnelle pour bien transmettre le duende du genre.
Nous pouvons actuellement distinguer plusieurs catégories de flamenco : le flamenco puro (proche des origines gitanes), le flamenco clasico (troupes de danseurs pour ballets), le flamenco moderne (très technique) et le flamenco nuevo (visuellement dépouillé et influencé par d’autres styles de danses). Parmi des danseuses et danseurs célèbres pour leur flamenco, on peut citer Antonia Mercé y Luque (dite « La Argentina »), Vicente Escudero, Carmen Amaya, El Farruco, mais aussi Cristina Hoyos, Sara Baras, Mercedes Ruiz, Israel Galvan, etc. Au cinéma, Antonio Gades s’inscrit dans la continuation du duende dans « Carmen » et « Noces de Sang », deux films réalisés par Carlos Saura (qui a fait au total 3 films sur le flamenco).
Les non-spécialistes associent bien souvent le flamenco et le paso doble. Il est vrai que ces deux danses nous viennent d’Espagne. Cependant, les origines de ces danses sont différentes (le paso doble est issu de l’univers des corridas et se danse en couple exclusivement). Néanmoins, l’ambiance espagnole est souvent accentuée par certaines danseuses de paso doble (en particulier dans des démonstrations de danse sportive) par le biais de positions issues du flamenco.
Pour finir par une démonstration visuelle de flamenco, je vous propose une vidéo filmée lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Barcelone en 1992 où l’on voit Cristina Hoyos danser du flamenco clasico (à partir de la 24e minute de vidéo).