S’il est un ballet qui est universellement connu, c’est bien « Le lac des Cygnes » (ou « Swan Lake » en anglais). Tout le monde en a entendu certains passages musicaux, ne serait-ce que dans des spots publicitaires, et tout le monde a en tête l’image du pas de quatre des « petits cygnes » exécuté par quatre danseuses en tutu blanc se tenant les mains. Pour les amateurs de ballet et pour ceux qui ne connaissent pas le spectacle, voici un petit dossier om figures évidemment des informations sur le film « Black Swan » dont le DVD vient de sortir dans le commerce.
« Le Lac des cygnes » est un ballet basé sur une musique de Piotr Tchaïkovski qui a été créé pour la première fois le 4 mars 1877 au Théâtre Impérial Bolchoï de Moscou. On en doit le livret (c’est là où l’intrigue/l’histoire est décrite, on appelle aussi cela l’argument) à Vladimir Begichev et Vassili Geltzer qui ont travaillé à partir de contes et légendes. L’ensemble se déroulait à l’origine sur 4 actes, mais des adaptations en 3 actes existent aussi. Le succès de ce ballet ne viendra que lorsque Marius Petita le reprend en 1895. Rudolf Noureev, quant à lui, en réalise une nouvelle version en 1984 pour l’Opéra de Paris, où l’histoire prend un tournant un peu plus psychologique.
L’histoire du Lac des cygnes est assez simple. Je vous la résume. Le premier acte débute par la fête d’anniversaire du prince Siegfried. Au cours du bal, sa mère lui apprend qu’il devra choisir une épouse et lui offre une arbalète qu’il va emmener à la chasse avec lui. Acte deux : la partie de chasse entraîne Siegfried près d’un lac où il s’apprête à tirer sur des cygnes. Soudain, l’un des cygnes blancs se transforme en jeune fille, Odette, qui explique qu’un sorcier lui a jeté un sort de telle manière qu’elle se retrouve transformée en cygne durant la journée. Seul le serment d’amour que lui porterait un homme pourra la sauver, elle et ses amies. Le prince tombe amoureux. C’est là où se fait le célèbre pas de quatre. Acte trois. Lors d’une fête au château, on présente Siegfried à des princesses pour le marier. Arrive Odile (copie maléfique d’Odette et fille du sorcier) que le prince prend pour sa bien aimée et avec qui ce dernier va danser (scène où l’on voit les 32 fouettés du cygne noir). Les efforts d’Odette pour attirer son attention n’y feront rien. Dernier acte. Le cygne blanc est en plein désespoir. Le prince réapparaît et lui réaffirme son amour, pensant s’adresser à la même personne qu’au bal. Faisant suite au mauvais sort, le tumulte des flots emporte Siegfried tandis que la jeune fille-cygne meurt de chagrin. Il est à noter qu’il existe aussi une fin alternative et heureuse…
Voici la scène du pas de quatre issu du Lac des cygnes, interprété à l’Opéra de Paris.
Le Lac des cygnes a été mis à l’honneur il y a quelques mois (début février 2011) dans le film « Black Swan » (« Le cygne noir ») de Darren Aronofsky. L’héroïne de l’action est Natalie Portman et l’on y retrouve aussi Vincent Cassel dans le rôle d’un directeur artistique assez spécial. Cédant à une nonchalance estivale, je reprends ici le synopsis du magazine « Première » : Nina est ballerine au sein du très prestigieux New York City Ballet. Sa vie, comme celle de toutes ses consoeurs, est entièrement vouée à la danse. Lorsque Thomas Leroy, le directeur artistique de la troupe, décide de remplacer la danseuse étoile Beth McIntyre pour son nouveau spectacle, « Le Lac des cygnes », son choix s’oriente vers Nina. Mais une nouvelle arrivante, Lily, l’impressionne également beaucoup. « Le Lac des cygnes » exige une danseuse capable de jouer le Cygne blanc dans toute son innocence et sa grâce, et le Cygne noir, qui symbolise la ruse et la sensualité. Nina est parfaite pour danser le Cygne blanc, Lily pour le Cygne noir. Alors que la rivalité de Nina et Lily se mue peu à peu en une amitié perverse, Nina découvre, de plus en plus fascinée, son côté sombre. Mais s’y abandonner pourrait bien la détruire… Le film a été présenté en ouverture de la compétition dans le cadre de la 67ème Mostra de Venise. Et j’ajoute que ce film a été plusieurs fois nominé aux Oscars. Le DVD de « Black Swan » est sorti cet été et je vous conseille même l’édition combo DVD+Blu-Ray qui a l’avantage, pour à peine plus cher, de contenir les deux supports.
Afin de vous donner un aperçu, voici la bande annonce du film.
J’ai trouvé de film intéressant dans la mesure où une danseuse matérialise le centre de l’intrigue. Natalie Portman est excellente et elle a dû travailler durant un an pour préparer les scènes de danse. Cependant, lorsqu’on la voit danser, on ne voit généralement que le haut de son corps, avec quelques faiblesses dans les postures que les néophytes ne remarqueront certainement pas. On imagine bien qu’on de devient pas danseuse étoile en une année et que la doublure (en réalité 2 doublures) a été nécessaire pour les plans larges. Cela dit, à mon avis, « Black Swan » est davantage un drame psychologique qu’un film de danse. La danse ne sert que d’environnement au déroulement du film. C’est le thème de l’opposition côté pur/côté sombre, blanc/noir, bien/mal qui prime dans les 110 minutes de ce film. Le personnage de Nina dégringole petit à petit de la lumière vers les ténèbres et la folie alors qu’elle s’approche de la perfection dans son rôle à deux faces Cygne blanc + Cygne noir dans « Le Lac des cygnes ». En revanche, le parti pris très « sexuel » du réalisateur est parfois dérangeant et on se demande en quoi cet aspect particulier dénote de la noirceur de l’âme du personnage. Bref, la fin du film est sujette à interprétation et cela n’a rien à voir avec de la danse… Si vous voulez un film qui porte réellement sur le ballet, je vous conseille plutôt « Les chaussons rouges » ou encore « Company ». La question soulevée qui, elle, a à voir avec de la danse concerne la manière d’approcher l’interprétation d’un rôle dans un ballet par une danseuse ou un danseur. Pour faire simple, « peut-on toucher à la perfection dans le fait de danser un personnage de ballet sans être atteint par ce rôle au plus profond de son être ? » Je relève d’ailleurs que la relation entre l’état d’esprit du danseur ou de la danseuse et l’émotion qu’il/elle fait passer au public est un thème également abordé dans le manga « Subaru, danse vers les étoiles » dont j’ai parlé dans ce blog il y a quelques jours (et on y parle aussi du Lac des cygnes dans les premiers tomes de la série). Pour conclure, je me permets d’annoncer que le Lac des cygnes est aussi présent dans un roman que je vais éditer en 2012 : « Les Sourieurs de l’Opéra », écrit par Aurore Rivals. Je vous en dirai davantage lorsque la sortie du livre sera imminente.