Il y a peu de temps, j’assistais au spectacle de Marc Barbiéri (Show Dance, que je conseille particulièrement aux amateurs de danses latines sportives), quand m’est revenue une constatation sur une particularité du public français. En effet, les danseurs se déchaînaient sur le célèbre titre « Sing, sing, sing » (il dansaient sur une base de jive et de mouvements divers en solo que les puristes chez les danseurs de swing n’auraient pas forcément reconnus) et entraînaient le public avec eux. Ce dernier, n’y pouvant plus, s’est mis à taper des mains en rythme. En rythme, oui, mais pas à l’unisson !
Il y avait toute une partie du public qui battait des mains sur le temps « 1 » de la musique et une autre qui le faisait sur le temps « 2 ». Chaque camp pouvait se demander qui avait raison et qui avait tort. Le première partie entendait particulièrement la grosse caisse tout comme on l’entendrait dans une marche militaire. Ils entendaient donc le temps « 1 » de la musique. Or, la musique en question est loin d’être une marche. Même si les percussions sont bien marquées, il s’agit d’un swing. Et qui dit swing, dit temps « 2 » (c’est aussi le cas du rock). C’est en effet sur ce temps que se trouve l’accent de la musique. C’est donc la seconde partie du public qui était dans le vrai et cela était confirmé par le fait que les danseurs battaient aussi des mains sur le temps « 2 ».
Dans le même contexte de spectacle, lorsque Marc Barbiéri et sa partenaire Agnès Morin ont dansé leur chorégraphie à succès sur Le Connemara de Michel Sardou, il y avait une section marche où le public battait naturellement des mains à l’unisson sur le temps « 1 » et il en faisait de même sur la section valse. En fait, sur la valse, le public tape des mains sur le « 1 » et sur le « 4 ». Cela montre bien la prédisposition des français à bien entendre les musiques dites « européennes » : valse, marche, paso, etc.
D’une manière générale, les personnes sensibles au jazz battent correctement la mesure. C’est d’ailleurs amusant, quand on assiste à un concert de swing, car il est facile de distinguer les aficionados de jazz (qui battent sur le « 2 ») des autres (qui battent souvent sur le « 1 »), moins habitués à ce genre de musique. Si l’on s’en tient strictement à la danse, entendre correctement la musique permet de mieux faire corps avec elle. En réalité, cela est nécessaire pour bien danser tout simplement. On rencontre souvent le même thème en salsa où l’on peut danser sur le « 1 » (break on 1) ou sur le « 2 » (break on 2), voire même sur le « 3 » ou le « 4 », disent certains enseignants. L’essentiel, en salsa, est que les partenaires se mettent d’accord une fois pour toutes dès le début de la danse. Pour le reste, c’est une affaire de ressenti musical. Certains sont plus à l’aise (avec leur style de danse) sur le « 1 », d’autres sur le « 2 ». Si l’on a le choix en salsa (car c’est une musique bâtie sur la clave qui n’induit pas une simple binarité), il n’en est pas de même dans le cas des autres danses où le « 1 » du pas de base doit correspondre à un temps impair de la musique et ou le « 2 » doit correspondre à un temps pair.
Ouh là là ! Je sens que les neurones chauffent avec tous ces chiffres. J’arrête donc là… pour cette fois !